L’étreinte d’une mère protège-t-elle d’un missile?! (1/3)

Journal écrit sous les bombardements à Gaza

Par Issam Hajjaj, publié en arabe, en partie, sur le site Daraj le 19.10.2023

Issam Hajja nous envoie son journal écrit pendant le génocide(1) qui se déroule à Gaza depuis le 7 octobre 2023, traduit par FSD. 

(1) Craig Mokhiber, ancien directeur du bureau des Droits de l’Homme à New-York.


Tableau de Mahmoud Salameh, artist palestinien syrien

Partie 1/3

Nous ne voulons pas nous battre et nous n’aimons pas la mort ni l’odeur du sang, mais c’est ce que le monde nous a imposé. Nous laisserons derrière nous les pensées que nous confions à nos amis, ce que nous avons écrit et tous les voeux sortis de nos coeurs et restés pendants dans nos conversations.

Je m’appelle Issam Hani HAJJAJ, originaire de Palestine. Je suis né dans le quartier de al-Shuja’iya à Gaza. J’ai 27 ans. J’ai étudié la littérature anglaise et j’écris de la poésie depuis 2014. J’ai travaillé comme formateur en écriture créative pour les enfants de la bande de Gaza. et je travaille depuis 2020 en tant que coordinateur sur le projet « Voisinage », avec l’éducateur Munir Fasheh. Le projet est un moyen éducatif alternatif pour les universités et les écoles, ces institutions qui tentent de propager, en Palestine mais aussi ailleurs, des toxines par le biais de programmes scolaires traditionnels rigides. J’ai vécu 6 guerres dans la bande de Gaza. De nombreux amis et parents ont été tués par l’occupant israélien, parce que nous défendons notre droit à la vie, qui nous a été retiré par l’occupant.

J’écris pour que le monde apprenne la légitimité de la cause palestinienne, mais aussi les crimes et les massacres que l’occupant commet depuis 75 ans. J’écris pour que le monde sache que nous sommes privés de nos droits les plus fondamentaux à la vie et à la sécurité. J’écris aussi pour dire qu’il m’est impossible de voyager et donc d’informer le monde de ma juste cause sauf à travers mes mots. J’écris pour que le monde connaisse notre véritable histoire, pour raconter que l’occupation israélienne déforme notre image devant le monde tout entier et que nous avons le droit de nous défendre.

J’écris derrière les vitres qui surplombent notre jardin tapissé de dattes qui tombent du palmier. Ce palmier a été planté il y a de nombreuses années par mon grand-père, décédé il y a deux ans à l’âge de 80 ans, plus âgé que l’occupation israélienne. J’aurais aimé dire que ma matinée ressemble au jasmin qui couvre notre maison, mais les sons des bombardements vous arrachent le moindre sentiment de douceur et jettent la frayeur dans votre cœur. Les cris des enfants courant vers les bras de leurs mères, pensant que cette étreinte les protègera des avions de l’occupant, mais si même les pierres sont détruites, que pourra contre un missile l’étreinte d’une mère ?!

J’adore écrire et en écrivant j’ai l’impression de posséder le monde. J’ai une collection de poèmes qui n’a pas encore été publiée et j’écris actuellement un livret sur le récit palestinien et sur la manière d’exporter le récit palestinien dans le monde, sans distorsion. Si je devais me définir en un mot, ce serait « le méditant ». Je réfléchis au passé afin de construire une nouvelle compréhension du présent et d’être partenaire dans la création de sens. Mon ami Mounir Fasheh et moi-même travaillons avec plusieurs groupes à travers le monde pour introduire formellement le programme « Voisinage » (en arabe: Mujawara) dans les universités et les écoles. L’Université de Birzeit a accepté le principe d’intégrer le « Mujawara » comme partie officielle de ses méthodes. De par ce programme, nous travaillons à libérer la pensée, et non à la liberté de pensée, et à apprendre à connaître les êtres que nous sommes et à nous accorder la reconnaissance, ceci grâce à la sagesse.

Je rêve que mon histoire parvienne au monde. Je suis maintenant assiégé à Gaza dans le quartier al-Zaytoun avec ma famille et celle de ma tante, après avoir tous été déplacés de notre maison à al-Shuja’iya.

Photo de Issam Hajjaj

Samedi, le 07.10.2023

Une nouvelle menaçe Gaza toute entière, suivie par le début des bombardements israéliens. Bombardements aléatoires, sans pitié ni avertissement. L’occupant israélien prétend devant le monde qu’il met en garde les civils avant de bombarder leurs maisons, et que tout ce qui est bombardé est lié à la résistance! Mais ceux qui sont morts étaient en majorité des enfants et des femmes, et ils étaient dans leurs maisons. Leur seul défaut est qu’ils sont Palestiniens! Aujourd’hui, tu seras tué devant le monde tout entier, juste parce que tu te défends.

Pendant la journée, il y a un calme relatif, mais tout peut s’embraser d’un instant à l’autre. La nuit, lorsque les lumières de la ville s’éteignent, contre notre volonté, les routes prennent feu sous les explosions et des flammes s’en élèvent. Le délai entre deux explosions n’excède pas cinq à dix minutes, et on peut imaginer le bruit de l’explosion, cent fois plus fort la nuit que le jour, tandis que des êtres déjà pétrifiés sont frappés par la mort qui tombe de partout.

Dimanche, le 08.10.2023

Ceux qui ont survécu ont survécu, ceux qui sont morts sont partis mais leur souvenir reste. Un autre jour commence avec encore plus de brutalité. L’armée israélienne envoie des messages aux Palestiniens de Gaza leur disant de se rendre dans les abris connus; elle informe le monde entier qu’elle les traite avec humanité (en leur  indiquant les abris). Mais ce que le monde ne sait pas, c’est qu’il n’y a pas d’abris à Gaza! L’absence d’abris pousse la population à se réfugier dans les écoles de l’UNRWA, qui sont également ciblées. A quatre heures de l’après-midi, l’armée ordonne aux gens de se rendre au centre de la bande de Gaza, et la nuit venue, elle commence à bombarder le centre de la bande de Gaza. La nuit, elle leur ordonne de quitter leurs maisons, puis elle bombarde de nouveau le centre de la bande de Gaza! C’est quoi cette folie ? Quelle forme de terreur l’occupant tente-t-il de semer dans les cœurs des enfants et des mères ?

Lundi, le 09.10.2023

Je sens une odeur bizarre, j’ai l’impression que mes poumons vont exploser à tout moment, j’ai des douleurs étranges dans tout mon corps, cela signifie qu’on nous a frappés avec du phosphore, interdit au niveau international! L’armée israélienne demande une nouvelle fois aux habitants de la bande de Gaza de partir pour l’Égypte et, au même moment, elle bombarde le passage terrestre de Rafah (le passage avec l’Egypte). Il n’y a ni eau, ni électricité, ni internet, tandis que le centre de la ville, où convergent les flux de la population, a été complètement détruit, et toute aide a été interrompue, et le monde reste silencieux sur ce massacre. 

D’ici, nous disons au monde entier : vous ne savez peut-être pas que c’est notre droit de nous défendre, peu importe à quel point vous essayez de déformer l’image du Palestinien dans le monde. C’est notre droit, depuis que l’occupant sioniste a commencé à nous tuer et à nous imposer des déplacement forcés, en 1948, et à nous voler nos terres. Les dirigeants du monde le savent et ils ont également leur part de responsabilité dans cette occupation. Certaines personnes savent ce qui se passe, tandis que d’autres, la plupart, sont absentes et ne connaissent pas la vérité, mais cela ne peut en aucun cas annuler notre droit à nous défendre, quoi qu’il arrive!

Mon grand-père, qui a planté des palmiers devant notre maison avant sa mort, a refusé de quitter la maison lors de chaque agression contre la bande de Gaza, et nous ne partirons pas non plus par la force.

Mercredi, le 11.10.2023

Il est dix heures du soir, mon frère et moi sommes allongés parterre, vers les escaliers de la maison, et la porte devant nous est entrouverte pour que la brise puisse entrer et que nous puissions sentir un peu nos âmes. Il est dix heures, ce qui signifie que le rythme des bombardements a commencé à s’intensifier et que les bruits sont devenus plus forts qu’ils ne le sont pendant la journée. Nous entendons également des cris au loin, peut-être la voix d’un civil dont la maison a été bombardée ou le bruit de personnes fuyant leurs maisons vers la rue ou vers une autre maison qui pourrait être bombardée plus tard.

En pensant, j’ai marmonné à voix basse : Comment le monde peut-il comprendre le sens de cette agression sans en faire l’expérience? Je me souviens de mon amie, lors de l’agression de 2014, lorsqu’une délégation étrangère est venue à Gaza. Des amis leur parlaient de la brutalité des voix que nous entendions et de l’horreur des tueries et du sang qui coule, mais ils ne pouvaient pas l’imaginer. Ensuite, mon amie a mentionné sa peur d’aller aux toilettes pendant la guerre et sa peur de voir son chat mourir sous les bombardements. A ce moment, la délégation a commencé à ressentir un peu la cruauté de l’agression, parce que la mort et la douleur ont, eux aussi, des normes.

Depuis 8 mois, j’essaie d’économiser de l’argent pour voyager et terminer mon master afin de pouvoir construire un avenir meilleur pour moi et ma famille. Durant ces mois, j’ai pu économiser à peine 500 $, et en un jour tout a basculé, et mon rêve de voyager pour étudier a quitté ma poitrine et il est passé au stade de l’agonie. Ma seule préoccupation est devenue de sortir vivant de cette agression. J’ai commencé à dépenser ces économies, et c’était comme si le rêve s’effaçait peu à peu sous mes yeux.

Ce monde est brutal, avec toutes ses lois, parce que ressentir la douleur des autres obéit à des normes particulières, qu’il faut maîtriser avant de savoir accepter que, dans cette partie du monde, il y a de l’espoir, dont nous essayons de nous armer, mais vous tuez cet espoir! Si vous voulez redéfinir la douleur à votre convenance, alors vous vous dépouillez de votre humanité et vous vous alignez sur la civilisation moderne qui essaie, toujours, de mettre l’humanité dans un moule rigide.

Jeudi 12.10.2023

Après plusieurs tentatives pour dormir et surmonter les bruits des explosions, le froid glacial vient me réveiller pour me rappeler de ne manquer aucun bombardement. Aujourd’hui, un nouveau massacre dans les tours al-Karama à Gaza a lieu. Les gens appellent les ambulances, mais la zone est toujours sous les bombes. Les informations parlent de personnes brûlées sans qu’aucun secours ne puisse les atteindre, alors que les bombardements n’ont pas cessé et que le phosphore blanc et les missiles à secousses  nous détruisent.

En ce moment, à cause du froid et de brûlures dans la poitrine, en conjonction avec le bombardement de la rue al-Rashid, je me souviens de la mer. Chaque hiver, je ressens des douleurs dans la poitrine dont je ne connais pas la cause. Je n’ai jamais su pourquoi, malgré les nombreux examens que j’ai eu. La rue al-Rashid, surplombe la mer. On l’appelle la Corniche, qui est l’unique débouché pour la population de Gaza. Elle est violemment bombardée!

Avez-vous une mer ?

Le café au bord de la mer qui est notre lieu de rencontre entre amis depuis des années, et qui est témoin de nos voix, de nos cris, de nos rires, de nos pleurs et de nos plaintes, est en train d’être bombardé! L’endroit où les amoureux se rencontrent secrètement et où l’on apprend à tenir la main de notre bien-aimée est bombardé pour la première fois!

Entre chaque mot que j’écris, j’entends le bruit d’une explosion, et pendant que j’écris, je reçois un message de mon ami Muhammad de Nuseirat, me disant que quatre maisons autour de chez moi sont menacées par les bombardements et que les habitants de tout le quartier ont été forcés au déplacement. D’un instant à l’autre, il y a la mort et le déplacement forcé. Notre ami se demande qui a transformé les écoles en abris ?

Les écoles, bien que leur objectif soit éducatif, en particulier celles de l’UNRWA vers lesquelles se déplacent les résidents, sont un autre visage de l’occupation qui contrôle les esprits et de la discrimination. Ils injectent du poison dans les programmes scolaires et empêchent les étudiants de faire preuve de quelque manière que ce soit de leur solidarité avec la cause palestinienne. L’occupation ne se limite pas au contrôle militaire, mais elle tente également d’exercer un contrôle éducatif jusqu’à ce que la race palestinienne soit éradiquée à la racine.

1974 est une année marquée par ce type d’occupation! Je suis né en 1996 et je ne suis pas tombé dans le piège de l’occupation éducative.

Vendredi le 13.10.2023

Le 10 octobre, c’était l’anniversaire de ma mère. Depuis notre déplacement forcé de notre maison située dans le quartier al-Shuja’iya, ma mère reste assise sur une chaise. Le jour de son anniversaire, elle a dit : « Si chaque mère cache son fils, qui défendra la terre ? »

Cette question me rappelle d’autres paroles d’elle. Elle avait l’habitude de nous dire: « Faites vos ablutions avant de quitter la maison. Vous ne savez pas ce qui va vous arriver. » Ma mère a confié son destin à Dieu depuis longtemps, et cela explique ma force psychologique pour faire face à ce qui arrive. La situation est catastrophique. Je ne le nie pas. La mort est partout, les cris montent dans la ville. Ce sont des faits bien  réels que j’entends et que je vois. Il y a aussi une déclaration du ministère de la Santé qui dit :  » Il y a une pénurie de sacs pour les cadavres. ». Mais ça c’est simple, les pays arabes enverront davantage de sacs!

Ma cousine essaie de briser la morosité de la mort avec un gâteau d’anniversaire tout en respectant le caractère sacré de la mort. Ce que je crains, c’est que le gâteau soit réduit en cendres parce que l’occupant assassine la vie, alors que nous aimons la vie et résistons à la mort. Mais ma mère a remplacé le gâteau d’anniversaire par son testament : « Si chaque mère cache son fils, qui défendra la terre ? ».

Nous sommes soumis à un génocide à la vue de tous, et tout ce que j’ai envie de dire, c’est que le spectre de votre culpabilité vous hantera alors que nous serons entre les mains de Dieu.

Samedi 14.10.2023

Nous sommes maintenant dans la maison de ma tante, la maison dans laquelle nous avons été déplacés pour fuir l’agression contre Gaza. À chaque instant, nous entendons les cris des femmes et des enfants dans les rues, venant de loin, comme un monstre dévorant nos âmes.

A quatre heures de l’après-midi, l’armée a appelé la famille du voisin, lui ordonnant d’évacuer la maison, et après des heures de stress, elle n’a pas bombardé. C’est un piège, une guerre psychologique : ils poussent les familles dans la rue la nuit et sèment la terreur dans leurs cœurs pour qu’elles détestent cette terre et la quittent pour toujours.

Il est maintenant huit heures du soir. Nous faisons ensemble la prière du soir. Nous entendons le bruit des enfants et des femmes qui crient dans la rue. Mon cousin a ouvert la porte de la maison et il est entré rapidement. J’ai terminé ma prière et j’ai regardé à ma gauche, il y avait là dix enfants pleurant à briser le cœur. Une fille parmi eux pleurait amèrement, et quand nous lui avons naïvement demandé pourquoi, elle a répondu qu’elle avait perdu ses chaussures dans la rue alors qu’elle fuyait la mort, elle voulait retourner les chercher. Je me suis mis à pleurer. Oh mon Dieu, comment pouvons-nous dire à une enfant que ce qui arrive est plus gros que la perte d’une  paire de chaussures et que nous ne pouvons pas sortir les chercher ? Comment lui dire que nous pouvons acheter une nouvelle paire mais que nous ne pouvons pas acheter la même ? Comment lui expliquer comment le monde nous a laissé tomber et nous laisse mourir ?

Dimanche 15.10.2023

En l’an 2002, le hasard a voulu que mon chemin croise celui de l’un des combattants assiégés dans l’église de la Nativité. Cet homme comprenait bien la situation. J’ai rarement entendu quelqu’un parler comme lui. Il comprenait  ce qui se passait autour et il était bien conscient de la lâcheté des régimes arabes. Après le siège de l’église, Israël a trouvé une solution en déplaçant tous ceux qui étaient assiégés vers des pays européens, mais Abu Ammar (Yasser Arafat) a refusé cette solution. Ils étaient nombreux, 100 personnes parmi eux ont été forcées au déplacement, les scènes étaient sanglantes, les corps des martyrs couvraient la place de l’église, pendant des jours ils mangeaient des feuilles et sont restés sans boire .

Nous avons essayé de dormir un peu pour donner à notre corps une chance de se reposer au cas où nous serions obligés de bouger à nouveau. Nous nous sommes endormis au son des obus et nous nous sommes réveillés également avec eux. Quelques instants après la prière de l’aube, le jeune homme et sa famille ont quitté la maison et la petite fille a couru dans la rue pour chercher ses chaussures perdues hier en s’en fuyant.

L’armée israélienne, à travers des bulletins d’information, demande à la population du nord de la bande de Gaza, qui compte 1,01 millions de Palestiniens, de se diriger vers le sud. Ce qui est inquiétant dans cette affaire, c’est que les Nations Unies, par SMS, ont informé leurs employés et ceux du Croissant-Rouge de quitter le nord de la bande de Gaza vers le sud. Personne ne clarifie la réalité de cette affaire. Personne ne sait si cela est juste une guerre psychologique, mais il y a un délai de 24 heures pour partir.

Les gens ont peur, ils ne veulent pas croire que ce qui se passe n’est que de l’intimidation, mais nous avons déjà vécu ce désastre, et c’est ce qui provoque la peur. En 2014, lorsque le Front Interne nous avait demandé de ne pas quitter al-Shuja’iya, nous avons vécu les massacres les plus horribles. La douleur nous a donné une leçon.

Nous vivons la farce du déplacement forçé devant le monde tout entier depuis 1948. Le monde tout entier est complice et veut se venger de nous. Pourquoi ce déni de la réaction mondiale et arabe ?

Oh mon Dieu, Muzaffar al-Nawab(1) me manque, ses mots violemment dénonciateurs me manquent, parce qu’ils satisfont quelque chose en moi ou peut-être qu’ils apaisent ma colère.

Les régimes sont corrompus, les peuples sont nus maintenant, mais ils sont capables de changer la donne, et l’histoire n’est pas si importante face à la question que Dieu te posera, qu’as-tu fait ?!

(1) Poète arabe d’Irak connu pour ses poèmes critiques envers les régimes dictatoriaux dans le monde arabe. https://en.wikipedia.org/wiki/Muthaffar_al-Nawab (note de FSD)


A venir: La maison de la tante de Issam Hajjaj, où ils ont trouvé refuge, a été bombardée le 27 octobre et plusieurs parmi elleux ont été bléssé-es.

Publié le 04/11/2023, dans Gaza, et tagué , , . Bookmarquez ce permalien. Poster un commentaire.

Laisser un commentaire