Archives Mensuelles: octobre 2017

Naissance d’un Mouvement Politique Féminin Syrien de l’opposition

Depuis le 15 mars 2011, les femmes ont participé activement à la révolution syrienne à tous les niveaux et dans tous les domaines. Toutefois elles n’ont pas réussi à s’imposer au sein de l’opposition à la hauteur de cette participation, ceci malgré leur implication politique depuis 2011.
Pour forcer le passage et prendre une part active dans l’opposition aujourd’hui, mais également dans la période transitoire et dans l’avenir de la Syrie, une trentaine de femmes, activistes et politiciennes syriennes, opposantes au régime dictatorial Assad ont lancé le premier mouvement politique féminin syrien qui a conclu son assemblée constitutive à Paris le 24 octobre 2017. Un pas porteur d’espoir pour les femmes mais également pour la future Syrie, car le respect des droits des femmes est nécessaire pour une Syrie démocratique basée sur la citoyenneté. Bien entendu ce mouvement construit sa vision de l’avenir de la Syrie en se basant sur le respect des droits des femmes et en oeuvrant pour garantir leur participation sur la scène politique.

FSD publie ci-après une traduction des conclusions de l’assemblée constitutive du Mouvement Politique Féminin Syrien.

 

La Vision:

L’établissement d’un Etat démocratique pluraliste basé sur le principe de la citoyenneté égalitaire, sans aucune discrimination basée sur le genre, la race, la religion, la communauté, la région ou sur n’importe quelle autre appartenance. Un Etat de droit qui offre l’égalité entre les hommes et les femmes par une constitution garantissant les droits des femmes, pour l’élimination de la discrimination des femmes dans tous les domaines, politique, légal, économique, social et culturel, en conformité avec toutes les conventions et les traités internationaux des droits humains et en particulier la convention CEDAW.

Qui sommes-nous?

Nous sommes des femmes politiques et activistes syriennes qui s’opposent à la tyrannie et réclament la liberté, la justice et la dignité pour tous les citoyens en Syrie. Nous sommes des syriennes qui défendent les droits des femmes dans notre pays. Nous appartenons à différents milieux intellectuels et politiques et à tous les segments de la société syrienne. Nous sommes un mouvement inclusif des femmes syriennes, avec leurs diverses compétences et expériences, qui articule les revendications des Syrien.ne.s croyant aux mêmes principes pour le respect des droits des femmes, pour l’égalité et pour l’importance de l’engagement des femmes et leur participation active dans tous les aspects de la vie et dans toute structure décisionnelle pour la future Syrie.

Principes:

  1. L’engagement à une transformation radicale de la structure de l’Etat, d’un régime autoritaire à un Etat démocratique pluraliste.
  2. L’engagement à une solution politique et pacifique pour la Syrie.
  3. La représentation des femmes avec au moins 30% des sièges dans tous les centres de décisions.
  4. Les négociations doivent respecter le droit international humanitaire et les droits de l’homme; elles doivent se référer à la Déclaration de Genève de 2012, aux résolutions 2118 (2013), 2254 (2015) du Conseil de sécurité et à toutes les résolutions relatives à la Syrie, ainsi qu’à la résolution 1325 du Conseil de sécurité des Nations Unies ( 2000).
  5. Le jugement des responsables de crimes et la justice transitionnelle font partie intégrante de la transition politique. Tous ceux qui ont une responsabilité dans le bain de sang du peuple syrien doivent être traduits en justice afin que la Syrie puisse parvenir à une paix globale, juste et durable.
  6. L’articulation des priorités et des revendications du peuple syrien en donnant la priorité aux dossiers humanitaires et politiques suivants:
    – La protection des civils contre tous les actes de violence;
    – La libération des détenu.e.s et la divulgation du sort des disparu.e.s;
    – La levée de tous les sièges et la garantie d’un accès humanitaire continu et sans entrave à toutes les zones dans le besoin;
    – Le retour volontaire et digne des personnes déplacées et des réfugiés dans leurs régions.
  7. Le MPFS est conscient de l’importance de la question kurde en Syrie et il reconnaît qu’aucune solution globale ne peut être trouvée sans un arrangement garantissant les droits de tous.
  8. La période de transition sera régie par des principes constitutionnels respectant les droits des femmes, qui serviront de base pour l’établissement de la constitution permanente garantissant l’intégrité territoriale de la Syrie en tant que terre et peuple, sa souveraineté, son indépendance, l’Etat de droit, la passation régulière du pouvoir, la séparation des pouvoirs, les droits humains et l’égalité de tous les citoyens.
  9. L’assurance de la protection de la diversité dans la société et l’élimination de la discrimination sous toutes ses formes.
  10. Rien de tout cela ne peut être accompli tant qu’Assad et les symboles de son régime restent au pouvoir.

PLAN DE TRAVAIL

Le Mouvement Politique Féminin Syrien est un mouvement à long terme qui sera mis en oeuvre en trois phases:

PHASE 1: CONTEXTE ACTUEL

  1. Établir une présence réelle sur le terrain en Syrie, dans les pays de refuge voisins et dans la diaspora.
  2. Élaborer une stratégie pour renforcer et approfondir les liens du MPFS avec les femmes syriennes à l’intérieur et à l’extérieur de la Syrie, les organisations féminines syriennes, les organisations syriennes des droits de l’homme et les conseils locaux, afin d’intégrer leurs revendications dans les processus politiques et mettre en lumière leurs activités auprès de la communauté internationale.
  3. Des réunions régulières du MPFS (tous les trois ou quatre mois) visant à accroître le nombre de ses membres comprenant, en particulier, des jeunes femmes politiquement indépendantes, des membres de la société civile syrienne et des représentantes d’organisations féminines.
  4. Sensibiliser en particulier les personnes déplacées et les communautés de réfugiés à l’importance de la participation politique des femmes à tous les niveaux.
  5. Campagnes médiatiques et plaidoyer pour obtenir le soutien des Syrien.ne.s et de la communauté internationale.
  6. Fixer un quota minimal de 30% pour la représentation des femmes dans toutes les délégations et les négociations relatives à l’avenir de la Syrie.
  7. Fournir une perspective sensible au genre sur tous les dossiers importants pour la Syrie, y compris: la constitution, le gouvernement transitoire, la justice transitionnelle, les détenu.e.s / les disparu.e.s forcé.e.s, le retour volontaire et digne des réfugié.e.s, le rétablissement précoce et la reconstruction, l’éducation, les médias et la santé.

PHASE 2: TRANSITION

  1. Atteindre 30% de représentation des femmes dans le gouvernement transitoire, les institutions et les entités de prise de décisions.
  2. Appliquer la vision du MPFS à toutes les décisions relatives aux dossiers de la phase transitoire et à leur réalisation sur le terrain.
  3. Participer à l’organe constitutif qui rédigera la constitution permanente pour la future Syrie.
  4. Participer à la mise en œuvre de mécanismes de justice transitionnelle sensibles au genre.
  5. Travailler continuellement avec toutes les catégories de la société syrienne et s’engager avec eux afin de soutenir une constitution qui garantit les droits des femmes.

PHASE 3: FUTURE SYRIE

  1. Cette phase débute avec un référendum sur la constitution permanente du pays, le MPFS oeuvrera pour sa sensibilité au genre.
  2. Participer aux comités chargés d’harmoniser les lois avec la constitution.
  3. Assurer 30% de représentation des femmes à tous les postes de prise de décisions, dans le but d’atteindre la pleine égalité.
  4. Développer des stratégies systématiques pour transformer la culture dominante qui tolère la discrimination sociale, promouvoir la paix civile, répandre une culture de non-violence, et lutter contre le terrorisme.
  5. Inclure dans tous les plans et les stratégies nationaux des mécanismes garantissant la participation effective des femmes dans tous les aspects de la vie, y compris des actions positives conçues pour renforcer cette participation.

La révolution de la dignité, pour atteindre la liberté, la justice et l’égalité, continue!

 

Raqqa: Libération ou nouvelle occupation?

Avec la « libération » récente de Raqqa de l’organisation Daech, les Syriens qui ont porté la révolution syrienne savent que cette dite libération cache en fait une nouvelle occupation. Beaucoup de médias occidentaux précisent que cette libération a été effectuée par la coalition arabo-kurde appelée FDS (Force Démocratiques Syriennes) alors que cette coalition n’est qu’une manipulation de la réalité que personne ne souhaite reconnaître. FDS est une milice composée essentiellement par des forces kurdes du parti PYD, créée par Salih Muslim pour brouiller les cartes et étendre son pouvoir sur d’autres régions arabes en Syrie. Tout de suite après cette dite libération la place principale de Raqqa a été le lieu d’une célébration des nouveaux maîtres des lieux, les combattants kurdes portants les drapeaux des forces kurdes et un énorme portrait d’Ocalan, le chef du PKK, qui est Kurde de Turquie et qui n’a rien à voir avec la Syrie et encore moins avec Raqua dont la population est arabe! Donc le nom de cette milice est déjà une tromperie et sa présence à Raqqa est une nouvelle occupation.

L’importance de Raqqa vient de son emplacement sur l’Euphrate où se trouve le barrage le plus important en Syrie, et qui constitue une importante source pour l’alimentation en eau et en électricité.
Raqqa restera-t-elle sous occupation kurde ou bien sera-t-elle utilisée comme carte de négociation avec le régime fantoche de Damas en vue d’une future séparation des Kurdes syriens?
Dans tous les cas Raqqa est encore loin d’être vraiment libérée!
Il est important de noter que les habitants de Raqqa auront payé un prix très élevé pour cette dite libération qui aura fait au moins 1800 victimes parmi les civils et aura provoqué le déplacement forcé d’au moins 450’000 civils, selon Raqqa is being slaughtered.

FDS célébrant la dite-libération de Raqqa avec les drapeaux des forces kurdes et le grand portrait d’Ocalan, chef du PKK!

 

FSD a choisi de traduire de l’arabe un article relatif à l’avenir de Raqqa publié sur le site Jeroun le 18 octobre 2017.

 

Washington ne soutiendra pas le projet de FDS à Raqua: s’agit-il d’un abandon de ses alliés ou bien d’une manoeuvre?
Article publié le 18 octobre 2017 sur le site geroun.net

 

Un responsable américain a déclaré: « Washington ne peut soutenir un projet politique du Parti PYD et de son bras militaire FDS pour étendre leur pouvoir sur Raqqa et dans l’ensemble de cette région du pays ». Il a ajouté que son pays ne soutiendra pas les projets de FDS et de Salih Muslim pour une auto-gouvernance. », selon l’agence Reuters.

Les déclarations américaines sont arrivées quelques heures après la libération de la ville de Raqqa dans le nord-est du pays de l’organisation Daech, et suite à l’entrée des combattants des FDS, soutenus par les Etats-Unis, dans le centre-ville. Ceci a soulevé de nombreux questionnements sur l’avenir de la ville à majorité arabe et sur la forme de gouvernance à venir à court et à long terme, sous l’autorité incarnée de facto par les forces militaires qui s’y trouvent actuellement.

Le chef du département des médias de la coalition de l’opposition syrienne, Ahmad Ramadan, a déclaré à cet égard: « Tout au long de la dernière période, la communication n’a pas cessé entre la coalition, les Américains et les Européens pour discuter de l’avenir de Raqqa après Daech et une rencontre a été convenue fin octobre à ce sujet à Istanbul. Des délégués de Washington et de l’Union européenne se réuniront avec des représentants de la Coalition de l’opposition syrienne et du conseil local élu de la ville de Raqqa ».
Ramadan a ajouté que « FDS a formé un conseil sur mesure qui comprend certains représentants des tribus arabes. Nous avons proposé la formation d’une administration intérimaire, suivie par des élections locales dans un espace de temps de quelques mois, permettant à la population de Raqqa de choisir leurs dirigeants locaux eux-mêmes, et donc l’exclusion des FDS parce qu’il n’y a aucune raison pour qu’ils restent à Raqqa. D’ailleurs je pense que les Américains partagent aussi l’idée que Raqqa ne fait pas partie d’un projet ou des ambitions des FDS. ».

Le responsable américain a mentionné dans ses commentaires cités par Reuters que « Washington ne soutiendra pas de processus éducatif dans Raqqa, à moins qu’il n’adopte l’une des formes utilisées dans le programme de l’Etat syrien », soulignant que les Etats-Unis « ne soutiendront pas une entité sécessionniste, ceci est déjà décidé » a-t-il dit.
D’autres parties de l’opposition syrienne ont vu dans cette déclaration une dimension politique, qui indiquerait la possibilité que les Américains acceptent le retour du régime syrien à Raqqa, même si cela se fait conjointement avec FDS, dans le cadre d’un effort de réhabilitation du régime Assad.

Pour sa part, Ramadan a nié cette possibilité et a dit: « Je ne pense pas que la déclaration ait une dimension politique dans ce sens, mais elle porte un signal que Washington n’accepterait pas un pouvoir imposé par FDS sur Raqqa, surtout que les Américains affirment qu’ils soutiennent les institutions capables de former le noyau d’un Etat en Syrie, et FDS est assez loin de là; au contraire FDS recherche à former un état alternatif et complètement séparé de l’Etat syrien, tant au niveau de l’éducation et de la gestion que des services «
Il a ajouté que « la coalition et ses institutions ne permettront en aucun cas que FDS contrôle l’avenir de Raqqa », soulignant que de grands efforts sont en cours pour que Raqua soit sous l’autorité du gouvernement syrien provisoire de l’opposition » , précisant que « toute administration Imposée aux habitants de la ville ne sera pas reconnue. »

Une source spéciale a confié à Geroun: »Les déclarations du responsable américain ne sont rien de plus qu’une manœuvre, qui vise à rassurer les Arabes dans Raqqa et les exhorter à s’engager dans un projet commun de gouvernance locale avec FDS ». Elle a ajouté:  » Les Etats Unis sont le plus grand soutien à FDS qui représente l’un des pilier de la politique américaine dans la région. C’est une question stratégique pour les États-Unis, en particulier à la lumière de la concurrence avec Moscou, d’ailleurs les deux parties ont discuté des outils pour mettre en œuvre leurs projets sur le terrain. Je pense donc que les Américains essaient de pousser les tribus arabes à s’engager dans une opération conjointe avec FDS, qui aura tout le pouvoir et les Arabes ne seront que de simples outils de mise en œuvre. »
Notre source a souligné:  »Malgré l’escalade médiatique récente de la Russie contre Washington, en particulier dans le cas de Raqqa, Moscou ne jouera aucun rôle dans l’avenir de la ville car elle est déjà occupée par le partage du pouvoir à Deir-Ezzor. C’est pourquoi elle évitera tout problème concernant Raqqa, qui pourrait entraver les accords avec Washington sur la zone la plus importante, à savoir Deir-Ezzor et ses environs ».
Bassam Quwatli, membre du groupe de travail pour la Syrie, a déclaré à son tour, dans une interview donnée à Geroun: « Les déclarations américaines ne peuvent être interprétées qu’en termes d’une sorte de fuite en avant, vers la réalité qui a été créée par eux-même. Signification: pas besoin d’aller loin dans le soutien de Washington à un projet séparatiste de FDS, parce que ce sont les Etats Unis qui ont créé cette réalité, et FDS contrôle pratiquement de nombreuses régions où les Kurdes ne sont pas majoritaires ».

Il a exprimé sa conviction que « les Américains vont essayer de créer un projet de gestion conjointe entre FDS et les Arabes, où FDS aura le contrôle de sa politique, de sa sécurité et de son administration, mais il convient de mentionner ici que ce projet dépendra de l’acceptation des autres parties à s’engager dans un tel projet, et de la capacité des Américains à les convaincre de le faire. ».

Par M. Ch.

Syrian Day Of Rage… La Révolution Continue!

De nombreuses mobilisations ont été organisées  à travers le monde samedi 14 octobre pour exprimer la rage contre la violence et la tuerie qui continuent en Syrie. Des manifestations ont eu lieu dans une vingtaine de localités sous contrôle de l’opposition à l’intérieur de la Syrie et aussi à l’extérieur:

Allemagne (Berlin, Stuttgart, Dresde, Ravensburg), France (Paris, Lyon, Metz, Strasbourg, Angers, Rennes), Pays Bas (La Haye), Turquie (Ankara, Istanbul, Gaziantep), USA (Washington, New York), Suède (Stockholm), GB (Londres, Manchester), Irlande (Dublin), Autriche (Vienne), Roumanie (Bucharest), Pologne (Varsovie) et en Suisse à Genève.
Une centaine de photos de ces manifestations peuvent être visionnées en utilisant le lien:
 
Mobilisation à Genève, Syrian Day Of rage, 14.10.2017
FSD