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« Assad reste allié à l’Etat Islamique »
Article publié, par La Liberté le 22 septembre 2014, à l’occasion de la conférence de Noura al-Ameer à Lausanne le 18 septembre 2014. Conférence organisée par FSD.
FRAPPES EN SYRIE: L’opposition réclame aux Occidentaux des frappes contre le régime et le contrôle de l’espace aérien, insiste Noura al-Ameer, vice-présidente de la Coalition nationale syrienne. Interview.
PROPOS RECUEILLIS PAR
THIERRY JACOLET
Deux gars costauds en costard montent la garde sur la terrasse du café lausannois. La procédure habituelle pour les invités de l’ONU. Noura al-Ameer, vice- présidente de la Coalition nationale syrienne (CNS) depuis le début de l’année, regarde le duo qui veille sur elle, un sourire en coin, sous son foulard: «Je me sens privée de liberté…» Rien en comparaison avec ce que cette jeune activiste de 26 ans a vécu dans les geôles syriennes durant six mois en 2012, entre sévices corporels et torture psychologique (voir ci-dessous). Noura al- Ameer était récemment de passage en Suisse pour une conférence en marge de la session du Conseil des droits de l’homme à l’ONU. Interview.
Quel danger représente l’Etat islamique pour la révolution syrienne?
Noura al-Ameer: Le plus grand danger est qu’il réduise à néant toutes les aspirations du peuple syrien insurgé: la liberté, la justice, la démocratie, la dignité et l’égalité. Cette organisation s’est introduite en Syrie en avril 2013 pour «assassiner» le mouvement populaire. La révolution syrienne s’est retrouvée coincée entre la répression du régime d’al-Assad et les exactions de l’Etat islamique.
Quelle est la responsabilité du président syrien dans l’essor de l’EI?
Al-Assad, mais aussi l’Iran et le premier ministre irakien Nouri Maliki en ont la plus grande responsabilité. Le régime syrien a favorisé l’implantation et l’essor de ce mouvement terroriste en Syrie. Il a soutenu l’action d’al- Qaïda en Irak, dont l’Etat isla- mique est une émanation. Par ailleurs, des rapports certifient qu’al-Assad partage les bénéfices du pétrole syrien avec l’EI qui a pris le contrôle de puits. Ce qui offre à cette organisation des ressources financières supplémentaires à son développement.
Al-Assad a pourtant déclaré qu’il s’attaquerait à l’EI…
Il ne l’a jamais fait. Il épargne par exemple ces terroristes qui font le siège de Raqqa, alors qu’il frappe les civils de la ville. Depuis le début de la révolution, sa stratégie a été de dire qu’il combattait les terroristes. Ce qui est faux. Il dit ceci pour que la communauté internationale le laisse en place. Depuis l’attaque à l’arme chimique de la Ghouta en août 2013, il essaie de récupérer auprès des Occidentaux la légitimité qu’il a perdue.
Al-Assad et l’EI sont-ils des alliés de circonstance?
Oui, ils sont toujours «alliés». Jusqu’à maintenant, l’EI ne combat que l’opposition syrienne. Prenez ce qui se passe actuellement autour d’Alep. Il y a une coordination entre les mouvements de l’armée et ceux des forces de l’EI. Al-Assad s’approche d’Alep par le sud et l’EI par le nord-est pour faire le siège de la ville en mains rebelles. Depuis qu’il y a une coalition internationale contre l’EI, al-Assad se présente comme le partenaire des Occidentaux. Le but d’al-Assad est d’abord d’aider l’EI à exterminer l’armée rebelle pour en finir avec la révolution. Et après ils se battront entre eux pour le pouvoir.
A moins que l’EI ou Bachar al-Assad ne tombe avant. Croyez- vous au plan de la coalition internationale?
Jusqu’à maintenant, elle semble sérieuse dans son entreprise. La décision du congrès américain d’armer l’Armée syrienne libre (ASL) et de l’entraîner est une bonne nouvelle. Ce qui rassure, c’est que la coalition internationale a refusé qu’al-Assad soit partenaire et que l’Iran participe aux attaques. Mais il ne faut pas seulement éliminer l’EI: c’est l’occasion d’en finir avec toutes les sources du terrorisme.
Quel est le message de la Coalition nationale syrienne?
Nous demandons des frappes contre l’EI mais aussi contre les positions des forces d’al-Assad. Le terrorisme, c’est comme un serpent: Assad est la tête et l’EI la queue. S’attaquer à la queue ne résoudra rien. Il faut aussi couper la tête. La CNS souhaite aussi que la communauté internationale procède d’urgence à un contrôle du ciel pour empêcher al-Assad de bombarder les positions de l’ASL.
Comment jugez-vous l’attitude occidentale?
Il n’y a pas eu de soutien des Occidentaux à la révolution. Ils n’ont jamais répondu aux revendications du peuple syrien. L’exemple le plus flagrant est le massacre à l’arme chimique de la Ghouta, près de Damas, en août 2013. Malgré cela, les Occidentaux se sont satisfaits d’enlever une partie de l’arsenal chimique d’al-Assad sans rien faire pour la population qui souffre. Depuis, le régime continue les frappes avec des gaz mortels dans beaucoup d’endroits.
Mais Bachar devait évacuer du pays tout son arsenal chimique…
Des rapports font état de plus de 75 frappes avec du gaz depuis le massacre, alors que c’est interdit. Al-Assad a caché d’autres sites. Il en resterait encore trois avec armes chimiques. Ce dictateur criminel est aussi un manipulateur. Il ne fait pas que stocker mais fabrique encore des armes chimiques. Va-t-on l’épargner de nouveau pour qu’il sorte ces armes du pays?
Il a des craintes que sa chute crée un vide administratif et sécuritaire. Mais la CNS a déjà un plan très clair pour la période de transition qui ne va pas être calme ni facile. C’est une étape nécessaire pour passer à autre chose. Ce serait encore pire si cette période n’était pas accompagnée par des plans de justice transitionnelle, afin de s’occuper des suites juridiques des souffrances de la population.
Que peut faire la Coalition nationale syrienne?
Notre conviction est que le combat militaire qui aura lieu n’est pas suffisant et qu’il faut un combat politique en parallèle. Nous revendiquons la mise en place d’un mouvement politique avec comme base les résultats de Genève 1 (la formation d’un gouvernement d’union nationale, ndlr). Il y a deux feuilles de route: politique pour la période transitoire et administrative pour les institutions de l’Etat.
De la prison au combat politique
«J’attendais la révolution. Il fallait voir la répression quotidienne et les exactions que su- bissaient les Syriens.» Noura al-Ameer s’est engagée dans la contestation dès le début du soulèvement. Elle s’activait à élargir le soutien populaire du mouvement. Jusqu’à son arrestation en mars 2012 dans un bus. Six mois de prison plus tard, elle se réfugie en Turquie d’où elle poursuit depuis mai 2013 son combat. Un combat politique au sein de la Coalition nationale syrienne (CNS) dont elle est vice-présidente. Cet organe de l’opposition est reconnu par de nombreux pays comme seul représentant légitime du peuple syrien. Noura al-Ameer est responsable du dossier des droits de l’homme et de la coordination avec les organisations internationales. «Je continuerai de lutter aussi longtemps que la Syrie sera gouvernée par un dictateur criminel ou un Etat de non-droit.»
« Daesh » contrôle la plupart des champs de pétrole en Syrie
الشبكة السورية لحقوق الإنسان: »داعش » يسيطر على أغلب حقول النفط في سورية
ركز التقرير الذي أصدرته الشبكة السورية لحقوق الإنسان وحمل عنوان »سلاح النفط في سوريا » على سيطرة تنظيم « داعش » على أغلب الحقول النفطية في سورية، الأمرالذي يسهل تمويل عمليات التنظيم العسكرية، من أجل بسط السيطرة على مزيد من الأراضي السورية وارتكاب المزيد من العمليات الإرهابية. وأشار التقرير في مقدمته إلى أن: » عدة مسؤولین منشقین أكدوا للشبكة السوریة لحقوق الإنسان أن القسم الأكبر من عائدات النفط في سورية لم تكن تدخل في الموازنة العامة للدولة، بل كانت تنھب من قبل نظام الأسد »٠
Réseau syrien pour les droits de l’homme: « Daesh » contrôle la plupart des champs de pétrole en Syrie
Le rapport de mise au point, publiée par le réseau syrien des droits de l’homme, intitulé «l’arme du pétrole en Syrie » souligne le contrôle de l’organisation de « Daesh« de la plupart des champs de pétrole en Syrie, ce qui facilite le financement de son…
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Pourquoi?
Cet article est probablement une dernière chance.
En général je dis que je suis suisse-syrienne, mais la vérité c’est que je n’ai que le passeport suisse. Je suis donc suisse, de mère syrienne naturalisée, j’ai vingt-et-un ans et j’étudie en Suisse. Mon cousin le plus proche en âge est syrien, il aura bientôt dix-neuf ans et étudie l’informatique en Syrie.
Aujourd’hui il est à l’université, après avoir passé son baccalauréat en 2013 avec d’excellents résultats. Nous lui avons proposé de venir étudier ici, à l’EPFL, ce que l’EPFL a accepté. Comme nous n’avions pas de réponse ni des autorités cantonales ni de l’ODM, ma mère les a appelés le 25 août, quatre mois après le dépôt du dossier, et tous deux ont prétendu ne rien savoir, et nous ont engagés à contacter l’autre. Les autorités cantonales ont peu après donné une réponse positive.
Le 9 septembre, nous sommes allées à l’ambassade pour retirer uneréponse, cette fois-ci de l’ODM. Elle est à priori négative, sans raison claire, mais nous laisse vingt jours pour défendre notre demande. Elle est datée du 15 août, il y a donc presque un mois. Qu’est-ce qui empêchait de nous la faire parvenir plus tôt ou de nous en informer par téléphone, lorsque ma mère a appelé ? L’EPFL a commencé, et il est encore en Syrie, quel que soit le résultat de notre démarche il aura pris du retard.
Ça peut paraître être un cas habituel, mais ça ne l’est pas. Car, avec ses résultats, si l’EPFL et le canton l’acceptent, qu’est-ce qui pourrait bien amener l’ODM à refuser si ce n’est sa nationalité ? Il est en âge de se faire recruter par l’armée, il est extrêmement dangereux qu’il reste dans son pays. Cette formation lui permettrait non seulement une bonne qualification, mais donnerait le temps nécessaire à la région pour se stabiliser, et qu’il puisse y retourner en toute sécurité et avec les capacités d’aider à la reconstruction.
J’en profite pour dire deux mots sur la partie de ma famille qui habite à Homs, dont il est issu. Ils ont tous perdu leurs emplois suite au soulèvement et à la répression qui lui a succédé, mais se sont engagés dans des associations humanitaires afin d’aider la population locale. Ils n’ont jusqu’à présent pas voulu partir, malgré la destruction presque totale de la ville, c’est là qu’ils avaient construit leur vie et ils étaient prêts à faire leur possible pour y rester. Mais la situation a empiré, les enfants ont vécu des événements traumatisants (le plus jeune n’a pas encore cinq ans) et ils considèrent maintenant la possibilité de sortir, afin de garantir un avenir sauf à leurs enfants. Nous avons donc lancé une procédure de visa humanitaire, pour un séjour en Suisse à nos frais. Mais là encore, un refus.
Je n’ai plus qu’une grand-mère, et elle est en Syrie. Mes seuls cousins sont en Syrie. Dois-je attendre qu’il leur arrive quelque chose avant de pouvoir les mettre en sécurité ? Mon oncle a failli mourir en avril dernier, et je ne suis pas prête à revivre une telle situation. La raison du refus était apparemment que la Suisse ne savait pas ce qu’ils feraient après les six mois de visa humanitaire demandés, mais aujourd’hui quel Syrien sait où il sera dans les prochaines semaines ? Leurs vies peuvent basculer d’un instant à l’autre, alors tout se décide au jour le jour.
Vous pouvez nous aider en partageant cet article et en parlant de la situation. Nous sommes simplement une famille suisse qui voudrait mettre les siens en sécurité, aidez-nous à les aider. Merci de tout coeur.
J.
Etudiante universitaire en Suisse