Archives du blog

Appel à l’aide des réfugié.es syriens à Arsal au Liban

Le 18 avril 2023, le Centre d’Accès pour les Droits de l’Homme (ACHR) au Liban a tiré la sonnette d’alarme pour attirer l’attention sur les déportations massives forcées récentes de 64 réfugié.es du Liban vers la Syrie. Il est à préciser que ces réfugié.es ont été transféré.es et livré.es directement aux forces du régime syrien. Dans la foulée,  plusieurs articles de presse dénoncent cette action. Récemment, Amnesty International a également appelé le Liban à stopper ces exactions qui mettent ces réfugié.es en danger d’arrestation et de torture.

Le 24 avril 2023, Campagne Populaire des Réfugié.es Syrien.nes à Arsal a diffusé un appel à l’aide, via les réseaux sociaux et la presse arabe, adressé à la communauté internationale, aux organisations de la société civile et à celles des droits humains. Dans cet appel, reproduit ci-dessous et traduit par FSD, on découvre aussi une sélection d’autres répressions dont sont victimes les Syrien.nes à Arsal, comme la fermeture de huit centres éducatifs pour enfants il y a un an et la fermeture récente de quatre centres de soins médicaux.

FSD

Lettre de nos compatriotes réfugiés syriens à Arsal adressée à la communauté internationale et aux organisations humanitaires:

Nos salutations chaleureuses à

  • Monsieur le secrétaire général des Nations Unis
  • Les gouvernements des états engagés dans l’aide aux réfugiés syriens au Liban
  • Le gouvernement des Etats Unis d’Amérique
  • Le gouvernement du Royaume-Uni
  • Le gouvernement de la France
  • Les organisations de la société civile et celles des Droits de l’Homme.

Les réfugiés syriens au Liban en général et ceux des camps de réfugiés de Arsal en particulier souffrent de très grandes pressions exercées par les autorités libanaises. Cette souffrance a empiré encore aujourd’hui depuis la démission de la mairie de la ville de Arsal, et la reprise du dossier des réfugiés syriens par le maire de Baalbek-Al-Harmel, Bachir Khader.

A Arsal il y a 100’000 réfugiés syriens dispersés dans des camps en bordure de la ville et des lotissements. Des camps de misère et de mort. Nous avons fui les barils de la mort lancés sur nous par le régime syrien, sur le Qalamun Ouest et la région de Homs, pour finalement nous retrouver au Liban où nous nous sommes construit des tentes avec des bâches en plastique et du bois et ceci malgré les prix excessifs et racistes pratiqués pour des emplacements de tentes sans accès à l’électricité ni aux rudiments de survie.

Dans la ville de Arsal qui nous accueille vivent environs 50’000 citoyen libanais. Cela fait avec les réfugiés environs 150 mille habitants. 8 centres éducatifs opéraient auprès des réfugiés. Ils ont été fermés il y a un an par le ministère de l’éducation du Liban sous des prétextes fallacieux. Aujourd’hui le maire de Baalbek-Al-Harmel a ordonné brutalement la fermeture de 4 centres médicaux. Il faut savoir que ces centres humanitaires fonctionnaient quasiment sans frais, les médecins et leurs équipes étant syriens et bénévoles.

Oui nous vivons une situation dramatique insupportable. Car en plus des conditions de vie difficiles qui menacent la vie de nombre d’entre nous avec l’arrêt de l’aide alimentaire pour beaucoup, de la part des Nations Unies, sous prétexte d’insuffisance financière, où est censé se rendre désormais un malade après la fermeture de ces 4 centres médicaux: Centre Medical de Arsal, Dispensaire Al Salam, Centre Medical Amal, Centre Medical New Arsal?

Nous demandons 

1- d’accorder protection et soin aux réfugiés syriens de Arsal suite aux menaces de déportation et de les livrer aux services du régime syrien.

2- ou de chercher un état de substitution pour une réinstallation dans un autre pays.

Avec nos remerciements

Campagne populaire des réfugiés syriens de Aras

Il y a 10 ans, le grand rassemblement pacifique de la place de l’Horloge à HOMS a été réprimé dans le sang!

Mémoire de la révolution

FSD re-publie ici un article d’avril 2014 relatif à ce rassemblement populaire en 2011. Pour que la mémoire de la révolution syrienne reste vivante.

————–

Homs subit ces jours une opération militaire effroyable sur la ville assiégée depuis deux ans. Après l’assassinat du père Francis qui avait choisi de rester avec la population affamée, le régime a entrepris de niveler Homs assiégée et d’exterminer jusqu’ aux derniers habitants. Leur tort aura été d’avoir demandé la liberté, la dignité, la démocratie et la justice sociale. Ces valeurs que vous prétendez les vôtres. Les syriens avaient cru un moment que l’occident est une terre de valeurs et que l’ONU en est le gardien, quelle erreur! L’ONU n’est que l’observateur paralysé des crimes mafieux perpétrés par ses propres membres sous son nez et glorifiés sur ses bancs sous le nom de lutte contre le terrorisme. Son rôle se limite aujourd’hui à préparer les excuses qu’elle présentera dans 20 ans, comme pour le Rwanda.

Pendant ce temps, aujourd’hui, même les quartiers de Homs qui sont restés sous contrôle du régime mais qui avaient participé aux protestations pacifiques subissent des bombardements de mortiers massifs et quotidiens. Les snipers du régime y ciblent tous ceux qui osent encore mettre un pied dehors. Une ambiance de guerre intense règne à Homs. Une guerre qui oppose le régime Assad et ses associés russe et iranien, et ses milices étrangères (du Liban, de l’Irak, de l’Iran, de l’Afganistan, de la Grèce, et bien d’autres) à la population de Homs. 

Homs assiégée, 13.04.2014

Homs assiégée, 13.04.2014

L’association FemmeS pour la Démocratie répond ici à l’appel des activistes de Homs et organise un rassemblement le 18 avril 2014 à 16h00 à la place du Port à Ouchy pour commémorer la journée de 18 avril comme journée internationale de Homs, mais aussi pour manifester notre solidarité avec Homs qui subit aujourd’hui une opération militaire sans précédent.

Cette journée commémore le sit-in du 18 avril 2011 où les habitants de Homs, de tous âge et de toutes appartenances, se sont rassemblés pacifiquement sur la place de l’Horloge. Malheureusement, ce rassemblement s’est terminé très tard la nuit par les tirs des forces de « sécurité » sur les manifestants. Cette nuit là, beaucoup ne sont pas rentrés chez eux, parce qu’on comptait les morts par dizaines, tout comme les détenus et les disparus.

Ce jour là la souffrance de Homs a commencé ; Homs est devenue une ville blessée, dont les blessures ne cessent d’augmenter. Ce jour là restera à jamais lié, dans la mémoire des Homsis, au massacre de la place de l’Horloge.

1655017_1431964413708398_497129712_o

 Nous avons choisi de partager avec vous un témoignage d’une Homsi sur ce sit-in et un témoignage d’un ancien officier dans l’armée du régime sur la répression meurtrière qui a sévi cette nuit là.

Témoignage d’une Homsi :

« J’étais au lit, malade, quand le téléphone a sonné. Mon père nous a appelés pour nous informer du rassemblement : « des milliers de gens sont rassemblés sur la place de l’Horloge… Dépêchez-vous pour vous joindre à nous. »

J’ai oublié ma maladie, je me suis habillée rapidement, nous avons préparé quelques panneaux et nous y sommes allés. Nous sommes arrivés au moment de la prière du coucher du soleil. La scène était si incroyable que nous avions les larmes aux yeux.

La place était pleine de citoyens de toutes les religions et de toutes les classes sociales. J’ai été étonnée de voir des gens que je ne pensais pas rencontrer à cette occasion. J’étais si heureuse et fière. Je ne peux pas oublier les moments où les gens nous ont ouvert des passages pour nous les femmes pour atteindre l’Horloge.

Soudainement, mon père a paru fatigué, avec un visage pâle. J’ai demandé de l’aide. Trois médecins l’examinaient sur la place quand mon frère est arrivé. Nous nous sommes inquiétés pour mon père, mais il nous a demandé de rester avec les gens au sit-in, tandis qu’il retournait à la maison avec ma mère, répondant aux instructions des médecins.

Malheureusement, notre bonheur a été troublé quand ma mère nous a appelé pour nous informer que mon père devrait être hospitalisé. Il avait un caillot. Ces émotions lui ont causé une crise cardiaque. Il a été choqué d’entendre les gens chantant d’une seule voix pour la liberté et pour la chute du régime: « Le Peuple veut renverser le régime ». Son coeur ne pouvait pas supporter un tel bonheur. Il a eu besoin de chirurgie.

À 2h00 du matin, les tirs des mitrailleuses ont commencé. C’était la première fois de ma vie que j’entendais des tirs… Je suis devenue folle. Inconsciemment je hurlais en pleurant: « ils sont morts… Ils sont tous morts… Ils les ont tués ». Les gens s’enfuyaient en courant dans les rues. Ce jour est devenu une tragédie dans les coeurs des citoyens de Homs.

Je suis restée éveillée toute la nuit, je priais pour que les Homsis soient saufs avant de recevoir la pire nouvelle : mon cousin Wassim a été tué. La meilleure personne de la famille est décédée.

Le choc de cette tragédie était très fort, mais il nous a rendus encore plus forts.

Et voilà, cette journée du 18 avril 2011 était la meilleure journée de ma vie et elle est devenue la pire!!! Que l’âme de mon cousin Wassim Tammam Kroma reste en paix. ».

Témoignage du Général Ahmad Tlass [extrait] :

« Il s’était produit exactement la même chose à Homs, provoquant la mort d’un grand nombre de citoyens pacifiques dans des conditions identiques.

Des jeunes s’étaient rassemblés, le 18 avril, pour un sit-in au centre de la ville, au pied de la vieille horloge. Tous les responsables concernés par la sécurité se trouvaient à la Direction de la Police, à proximité immédiate. Des émissaires sont allés négocier avec ceux qui occupaient les lieux pour les convaincre d’évacuer la place. Ils étaient quelques milliers, entre 5 000 et 10 000 peut-être. Ils ont refusé de partir. Vers le milieu de la nuit, nous avons tenu une réunion avec le général Mounir Adanov, qui était déjà là, pour décider de ce qu’il y avait lieu de faire. On a à nouveau demandé aux jeunes de quitter la place en empruntant les rues qu’ils voulaient. Mais, alors que les discussions se poursuivaient, des agents des moukhabarat jawiyeh – le Service de sécurité de l’Armée de l’Air – qui avaient été dépêchés depuis Damas pour « disperser des voyous », ont commencé à mitrailler la foule. Ils ont fait des dizaines de morts. Ils obéissaient à l’ordre de tirer à vue qui leur avait été donné par de hauts responsables de la sécurité. Il s’agit encore une fois de ces officiers invisibles aux regards, mais suffisamment puissants pour donner directement des instructions à des éléments à leur dévotion. Certains de ces éléments sont des agents des différents Services de renseignements. Mais ils peuvent être aussi des fonctionnaires d’autres ministères, comme celui de l’Education. Il s’agit ni plus ni moins que, comme je l’ai déjà dit, d’un état dans l’Etat. »

 FSD

 

« Raqa est égorgée en silence » – Forum l’Autre Genève

Forum L’Autre Genève

Dans le cadre de ce forum qui a eu lieu les 27 et 28 mai 2016, la parole a été donnée à des représentant.e.s de la société civile syrienne que le régime syrien s’efforce de rendre invisible. Nous publions ici certaines de ces contributions.

——————-

« Raqa est égorgée en silence »

Par Rima Alajaji

Rima ALAJAJI est une avocate et activiste de Raqa. Elle a participé aux manifestations contre le régime à Raqa, elle a été en outre active dans leur organisation. Suite à la brutale répression armée des forces de la dicature qui s’est abattue sur Homs, Alep et Deir -Ezzor, elle a contribué à l’aide humanitaire en faveur des déplacé·e·s (réfugiés internes).
Après l’arrivé de Daech à Raqa en été 2013, elle a de nouveau participé aux rassemblements contre les exactions de l’ »Etat islamique ». Elle a cependant dû fuir Raqa en janvier 2014 suite aux disparitions multiples d’activistes. Elle est aujourd’hui réfugiée en Suisse.

L'Autre Genève, 27 et 28 mai 2016

L’Autre Genève, 27 et 28 mai 2016

L’intervention en arabe

La société de Raqa

Raqa n’a jamais été la couveuse des baasistes comme on l’entendait souvent dire au début de la révolution. Cette conviction s’est installée suite au déplacement de Bachar Assad à Raqa pour assister à la prière de Eid al-Adha pendant la première année de la révolution. Raqa et ses habitants ne constituent pas plus une couveuse de Daech comme le font croire le régime et les médias occidentaux. Raqa n’est pas non plus un terrain fertile pour diffuser le chiisme comme se plait à l’affirmer l’ambassade d’Iran à travers la construction d’un complexe religieux chiite.

La ville de Raqqa, et sa campagne, forment un environnement fragile dont le visage n’est pas bien défini. Elle se montre ouverte aux nouveautés. Les habitants de Raqa pratiquent leur religion d’une façon populaire, simple, facile et aimable, sans aucune trace de règles strictes qui empêchent le mixage entre femmes et hommes. L’habillement varie des vêtements traditionnels aux vêtement modernes. Ses habitants sont accueillants et leurs maisons sont ouvertes aux visiteurs de la ville.

Raqa dans la révolution

Depuis le début de la révolution et malgré le black-out médiatique, Raqa s’est soulevée pour revendiquer la liberté et la chute du régime à travers des manifestations pacifiques et des sit-in. Le régime ne l’a pas épargnée et elle a subi la même répression que les autres villes : bombardements aveugles, arrestations et tirs à balles réelles sur les manifestants. J’ai moi-même participé au sit-in des avocats libres qui a eu lieu à l’intérieur de la cour de Raqa. Nos revendications comprenaient la libération des détenus, le retrait de l’armée de toutes les villes et l’arrêt des bombardements. Les forces de sécurité ont encerclé le palais de justice et ont arrêté tout le monde. Parmi les détenus, il y avait aussi une avocate nommée Rima qui était enceinte de sept mois qui a commencé à saigner à cause de la peur, ce qui ne lui a pas épargné la détention.

Manifestations à Raqa

Manifestations à Raqa (L’activiste bien visible à gauche « Firas Al-Haj Saleh » a été kidnappé par Daech en été 2013, on est sans nouvelle de lui)

Raqa a joué un rôle important dans l’hébergement d’un million de Syriens venus d’Alep, de Deir-Ezzor, de Homs et de Rastan pour échapper à la mort sous les bombardements intenses que ces villes subissaient.
Ce grand nombre de déplacés internes a été accueilli et géré par les habitants de cette ville, les riches comme les pauvres, pour offrir l’aide nécessaire à leurs frères et sœurs. Alors que beaucoup de pays ont considéré comme une crise majeure l’arrivée d’un même nombre de réfugiés dans l’ensemble de leurs régions et ont tenu nombre de réunions et conventions pour y faire face.

En août 2012, Tal- Abyad, ville de la province de Raqa, a été la première région libérée de Syrie. Tal-Abyad est alors devenue un joyau de liberté et de vie civique. Ses habitants ont formé un conseil local d’administration de la ville. La jeunesse de la ville a commencé à diffuser la culture de la société civile. Une opération militaire a également été lancée par l’armée syrienne libre (ASL) pour la libération de Raqa.

Libération et gestion locale de Raqa

La bataille pour la libération de Raqa a commencé le 4 mars 2013 et elle s’est terminée avec le départ des forces du régime de la ville et la chute de la statue de Hafez Assad. Ceci lui a valu la colère du régime qui s’est abattue sur cette ville avec les barils explosifs et les missiles Scud. Les écoles étaient ciblées et de nombreux étudiants y ont trouvé la mort, mais aussi les hôpitaux et les infrastructures ont été ciblés. Les deux ponts sur le fleuve de l’Euphrate, qui reliaient la ville à la campagne ont également été bombardés, coupant aussi la route vers d’autres villes.

Chute de la statue de Hafez Assad

Chute de la statue de Hafez Assad

Ce fut un grand défi pour les habitants de Raqa. Toutefois un sentiment de liberté et une joie indicible régnaient parmi nous. Nous avons mis en place un Conseil local d’administration du gouvernorat et j’y ai siégé moi-même. La jeunesse s’est activée pour la création des collectifs de la société civile.

Cette situation a duré plusieurs mois, et cette expérience aurait pu être le noyau de la nouvelle Syrie si l’opposition avait assumé ses responsabilités.

Raqa sous contrôle de Daech

Il semble que la statue de Hafez, tombée en mars 2013, soit revenue sous une autre forme avec l’entrée des groupes extrémistes dans la ville. L’un des plus éminents dirigeants de Daech arrivé à Raqa était Abu Luqman, qui avait été détenu dans la prison de Seidnaya pour son appartenance au Jihadisme Salafiste et qui était parmi les jihadistes libérés par le régime quelques mois après le début de la révolution.
Abu Luqman et son groupe ont installé leur siège dans le bâtiment de l’administration du gouvernorat. Progressivement, ils ont commencé à opprimer les habitants de la ville et à interférer dans les décisions du Conseil local. Ils ont ensuite bloqué les rassemblements des jeunes et arrêté beaucoup des jeunes militants les plus importants, et ils ont confisqué leur matériel. Le voile intégral a été imposé pour les femmes de la ville, les étudiantes ont été empêchées de poursuivre leur formation et finalement les écoles et les universités ont été fermées définitivement privant ainsi l’ensemble de la jeunesse de formation.

Protestations contre Daech

Protestations contre Daech

Ils ont ciblé aussi un certain nombre d’avocats, de médecins et de politiciens comme M. Abdullah Khalil et le Dr Ismail Hamedh, ainsi que le Père Paolo Dall’Oglio quand il est venu à Raqa. Ce dernier s’est rendu à leur QG pour négocier avec eux la libération de certains kidnappés, mais il n’est jamais revenu.
Ils ont également liquidé les dirigeants les plus éminents de l’ASL. Ils ont brûlé les églises.Ils ont aussi infiltré les rangs des militants, ainsi que l’ASL.
Ils ont ensuite été rejoints par de nombreux immigrants, venus de plusieurs pays arabes et étrangers, et aussi des femmes, de nationalité française et britannique et d’autres pays. La mission de ces femmes était l’arrestation et la torture des femmes de la ville qui ne suivaient pas les instructions de Daech.

Finalement il ne restait plus que l’option militaire pour se débarrasser de cette organisation hostile.
Durant le premier mois de 2014, les bataillons de l’ASL et le mouvement d’Ahrar al-Sham ont lancé la bataille contre Daech, dans la ville, bataille qui a duré trois jours d’affilée. Ce fut une guerre des rues terrifiante. Nous ne pouvions pas sortir de la maison et nous restions loin des fenêtres à cause de l’intensité des tirs. A la fin, les cadavres étaient éparpillés dans les rues et empêchaient parfois les ambulances de s’approcher.
Suite à cette bataille, Daech a pris le contrôle sur Raqa et le reste de l’ASL s’est retirée. Il était clair à la fin que l’ASL avait été infiltrée par des membres de Daech.

A partir de ce jour, Raqa est devenue aux yeux du monde la capitale de Daech. Mais il est nécessaire de préciser ici un point important:
Raqa est considérée par Daech comme étant sa base , ceci à cause de ses caractéristiques géographiques et de ses richesses naturelles. Raqa donne accès, en Syrie , à cinq gouvernorats, elle a des ressources de pétrole, de gaz et d’eau, sans oublier ses barrages. Ces caractéristiques deviennent dès lors la malédiction de ses habitants. Cette malédiction qui lui a valu d’être considérée désormais comme la capitale de Daech, et la capitale du terrorisme. Mais quelle est la responsabilité des habitants de Raqa dans tout ça? Quel est le pourcentage des jeunes de Raqa dans les rangs de Daech?

Selon les dernières statistiques menées par la campagne « Raqa est égorgée en silence », croisées avec les statistiques du journaliste allemand Juergen Todenhöfer (le seul journaliste qui a pu interroger les membres de l’organisation), le nombre des membres de Daech en Syrie a atteint les 40’000, y compris combattants et gestionnaires. Quant aux dirigeants de l’organisation, ils viennent exclusivement d’Irak.
Le nombre de Syriens qui ont rejoint Daech est d’environ 10’000 originaires de Hama, Homs, Idlib et Raqa, dont environ 4’000 de Raqa seule. Cependant 12’000 membres de Daech sont basés à Raqa dont seulement 4’000 de la ville même, ce qui veut dire que 66% des membres de Daech à Raqa sont des étrangers.

Parmi ceux qui ont rejoint l’organisation à Raqa, certains étaient pro-régime avant l’arrivée de Daech, d’autres étaient marginalisés dans la société, d’autres recherchaient le pouvoir et enfin d’autres fuyaient la pauvreté. Il est à noter que la classe moyenne à Raqa, avant la révolution, est tombée dans la pauvreté et doit lutter pour sa survie dans la ville depuis l’arrivée de Daech. Les civils sont retenus à Raqa. Ceux qui tentent d’en sortir sont accusés de quitter la terre des Musulmans pour rejoindre la terre des infidèles. Ils doivent subir un interrogatoire prolongé et abusif mené par un dispositif d’ interrogation de très mauvaise réputation. A l’issue de cet interrogatoire, il est rare d’obtenir un laisser passer, ce qui rend les habitants de Raqa prisonniers de fait dans leur propre ville où ils n’arrivent même pas à trouver de quoi se nourrir.

Opération de libération… vraiment?

Actuellement, les Etats Unis lancent une opération militaire pour la «libération» de Raqa, en collaboration avec des forces au sol appelées «forces de la Syrie démocratique» qui ne portent même pas le drapeau de la révolution et qui sont de fait des forces proche du régime et de la Russie. Est-ce que cette opération vise vraiment à libérer Raqa ? Est-ce qu’on va assister bientôt à un concert d’Obama à Raqa semblable à celui de son ami Poutine à Palmyre? Le titre qui conviendrait alors serait « Daech, la vache laitière » ! Une telle «libération» ferait de Raqa une ville pilote, destinée à tester toutes les sortes d’organisations semblables à Daech, avec et sans barbes, portant différentes couleurs et parlant différentes langues.

Les habitants de Raqa ont pourtant appelé à l’aide avec force mais le monde ne les entend pas…

Forum L’Autre Genève, programme et expositions

Forum L’Autre Genève

Syrie. Pour la liberté, la démocratie, la paix et la justice sociale

La parole à des représentant.e.s de la société civile de Syrie

Vendredi 27 mai dès 19h15 documentaires, à 20h15 Forum
Samedi 28 mai, workshops dès 10h45, séance de clôture à 19h15

Avec deux expositions samedi le 28 mai:

« Au coeur de la machine de mort syrienne » (Photos de César)

Tableaux du caricaturiste Hani Abbas « La souffrance des détenus »

Organisé par le site alencontre.org, Editions Page 2, FemmeS pour la Démocratie

UneAG

La «situation en Syrie», pour l’essentiel, est traitée sous l’éclairage de négociations internationales et régionales. A tel point que le dessein du clan Assad de «rendre invisible le peuple syrien» est souvent atteint.

L’Autre Genève se veut une contribution visant à contrecarrer à la fois l’ignorance et l’indifférence face aux combats d’une population asservie, depuis longtemps, par une dictature implacable. Ses multiples luttes traduisent une profonde aspiration à la liberté, à la dignité, à la justice sociale et à une paix consolidée par le jugement des responsables de crimes ayant peu de précédents.

Quelque 400’000 morts; plus de 325’000 de détenus et de disparus. Des millions de réfugié·e·s ont fui les bombardements du régime. Et, depuis octobre 2015, ceux de l’aviation russe. S’y ajoutent celles et ceux qui veulent échapper aux pires forfaits de Daech.

Le refus par les diverses forces de l’opposition démocratique d’une prétendue transition démocratique sous la présidence de Bachar el-Assad est validé par la pratique passée et présente du régime Assad, ainsi que de ses alliés régionaux et internationaux. Et pourtant c’est une «solution de ce genre» qui se dessine lors de prétendues négociations à Genève, placées sous l’égide de l’ONU et des Etats impliqués dans le conflit, sans prendre en compte la volonté du peuple syrien.

L’Autre Genève va permettre à des Syriennes et Syriens – de générations et de sensibilités politiques et culturelles différentes – d’exprimer les raisons de leur engagement à la fois contre la barbarie de Bachar el-Assad et contre celle du soi-disant Etat islamique.

Dès l’instauration d’une trêve relative, le 27 février 2016, dans de nombreuses villes et bourgades, la population, épuisée, est descendue dans la rue, avec des drapeaux de la révolution pour exiger la paix et le départ de Bachar, comme de l’EI et de forces analogues.

Devant ce peuple, tu n’as pas d’autres alternatives que le départ
« Devant ce peuple, tu n’as pas d’autres alternatives que le départ »
Le combat de la population syrienne retrouvait sa visibilité. La riposte du pouvoir fut immédiate: bombarder ces villes et bourgades, souvent assiégées et condamnées à la famine. La dictature voulait rendre inaudible et insaisissable cette fraction d’une population martyrisée qui clame, encore et toujours, des idéaux affirmés dès mars 2011, et même avant.

Les combattant·e·s de la révolution syrienne initiée en 2011 se sont vu refuser l’armement défensif nécessaire pour faire face à un régime dont la force militaire a pour fonction de mater et terroriser la population et d’assurer la perpétuation de sa mainmise sur le pays. L’impasse des affrontements militaires favorisa les interventions multiples de puissances internationales et régionales, visant chacune ses propres buts. Le désastre irakien, issu de l’intervention américaine en 2003, avait amorcé la redistribution des cartes dans la région. Il en résulta, en quelque sorte, une expropriation des buts essentiels – anti-dictatoriaux et démocratiques – de la majorité de la population de Syrie.

L’Autre Genève s’inscrit contre «l’indifférence qui œuvre puissamment dans l’histoire. Elle œuvre passivement, mais elle œuvre.» (Gramsci) L’Autre Genève doit faire écho à toutes les actions et toutes les voix de ceux et celles qui, en Syrie, dans les innombrables camps de réfugiés et en exil, perpétuent des idéaux devant bouleverser une situation que les dominants présentent comme une fatalité.

Les intervenants sont:

Intervenants

Ces voix et ces actions seront présentes le vendredi 27 mai et le samedi 28 mai à Genève. Le programme détaillé peut être téléchargé ici:

Programme détaillé.

Conférence: Deux femmes réfugiées témoignent

A l’occasion de la journée internationale de la femme et du 5e anniversaire de la révolution syrienne, FSD collabore avec Amnesty International, Section suisse, pour l’organisation d’une conférence qui aura lieu dans plusieurs villes suisses entre le 7 et le 12 mars 2016.

A Lausanne,

le 7 mars à 17h15, Université de Lausanne, Amphimax, salle 415

A Genève,

le 11 mars à 18h30, Université de Genève, Uni Mail, salle MS150

A Berne,

un rassemblement  le 12 mars de 16h00 à la place Münsterplatz

Il y aura également des conférences à Bâle, à Zürich et à Berne

————-

Avec Raneem Ma'touq et Amal Nasr

Avec Raneem Ma’touq et Amal Nasr

Plus de 250’000 mort·e·s, des milliers de personnes torturées, plus de quatre millions de réfugié·e·s contraint·e·s de prendre la fuite et 6,6 millions de personnes déplacées à l’intérieur du pays. Le conflit syrien a créé la plus grande crise humanitaire depuis la Seconde Guerre mondiale.

A l’occasion de la Journée internationale de la femme et cinq ans après le début du conflit en Syrie, Amnesty International donne la parole à deux femmes syriennes qui ont dû fuir les atrocités de la guerre. Raneem Ma’touq et Amal Nasr reviendront sur les causes de l’exil de millions de Syrien·ne·s et raconteront leurs combats pour les droits humains, notamment pour les droits des femmes.

Raneem Ma’touq est une jeune étudiante ayant participé aux manifestations pacifiques en 2011. Elle a été emprisonnée pendant plusieurs mois en raison de son engagement militant et a perdu toute trace de son père, célèbre avocat des droits humains kidnappé en 2013. Elle a trouvé refuge en Allemagne.

Amal Nasr est une militante féministe depuis les années 1990. Elle s’engageait pour les droits des femmes en Syrie avec différentes organisations avant d’être, elle aussi, incarcérée. Elle vit désormais en Suisse depuis un peu plus d’un an, d’où elle continue son engagement pour les droits des femmes syriennes.

ENTRÉE GRATUITE. TRADUCTION ARABE-FRANÇAIS ASSURÉE.

Evénement organisé avec le soutien de l’UNIL, FemmeS pour la Democratie, Terre des femmes, CODAP, Vivre Ensemble, ELISA et Solidarité sans frontières.

Au cœur de la machine de mort syrienne

Le 24 novembre 2015 à 18h30

Université de Genève – Uni Mail – Salle MR060

Le groupe Syrie d’Amnesty UNIGE organise une conférence en collaboration avec l’association FemmeS pour la démocratie, sur la machine de mort que sont les centres de détentions en Syrie. Nous aurons la présence exceptionnelle de:

– Garance Le Caisne: Journaliste française indépendante, elle est l’auteure de Opération César. Au coeur de la machine de mort syrienne (Stock, 2015). C’est le témoignage d’un photographe de la police militaire, dont le nom de code est César, qui a risqué sa vie pour exfiltrer, pendant deux ans, 45000 photos et documents de détenus torturés à mort par le régime syrien. Garance Le Caisne l’a rencontré et écrit son témoignage.

G-LeCaisne
– Un activiste syrien réfugié en Suisse: Opposant de longue date au régime et ayant passé plusieurs années dans les prisons, il a été contraint de fuir le pays pendant le soulèvement syrien.

AmnestyUnig20151124

Conférence-débat: Le point sur 4 ans de révolution en Syrie

Conférence-débat avec Françoi Burgat et Nahed Badawia

 François Burgat, politologue, directeur de recherche à l’Institut de Recherches et d’Etudes sur le Monde Arabe et Musulman (IREMAM) à Aix-en-Provence en France. Il consacre l’essentiel de ses travaux à l’étude des dynamiques politiques et des courants islamistes dans le monde arabe.

 Nahed Badawia, journaliste, militante de gauche, opposante de longue date au régime Assad et activiste pour la démocratie et les droits de l’homme.

 En introduction : « Jalila », la femme dans la révolution syrienne

Film documentaire de Adnan Jetto qui retrace la révolution à travers la femme syrienne qui représente la résistance de tout un peuple

 Lausanne, UNIL, jeudi 19 mars 2015, 17h15

Bâtiment Geopolis, salle 2227

Mieux vaut mourir debout que de vivre à genoux

Mieux vaut mourir debout que de vivre à genoux

Déjà quatre ans et le peuple syrien revendique toujours ses droits humains les plus basiques, à commencer par le droit à la vie, en passant par le droit à la liberté, la dignité et la démocratie. Dès les premières manifestations, restées pacifiques pendant six mois, le régime dictatorial et mafieux de Bachar al-Assad n’a pas hésité à user d’une répression féroce pour étouffer ce mouvement qui a pourtant rapidement gagné plusieurs régions de Syrie. Les arrestations et les tortures les plus atroces ont commencé dès les premiers jours de la révolution syrienne et n’ont même pas épargné les enfants, dont Hamza al-Khatib, 13 ans, rendu à sa famille en mai 2011, sans vie et mutilé jusqu’à être méconnaissable. Depuis 2011, le régime syrien continue de commettre ses crimes contre l’humanité sous le regard indifférent du monde tout entier. Une large partie de la Syrie et de ses infrastructures ont été détruites sous les bombardements quotidiens. Plus de la moitié du peuple syrien a dû se déplacer à l’intérieur du pays ou vers les pays limitrophes. Plus de 250’000 personnes ont perdu la vie dont une grande majorité de civils, dont au moins 15’000 sous la torture. Les femmes ont été ciblées également et la violence sexuelle à leur encontre est l’une des causes importantes du mouvement de migration vers les pays voisins et plus loin.

Hamza

Cette révolution tant attendue par le peuple syrien a vu le jour dans un contexte régional et international instable, qui a conduit au détournement de la révolution au profit des intérêts des puissances régionales et internationales. Les stratégies perverses du régime syrien conjuguées à une couverture sélective par la quasi-totalité des médias occidentaux ont conduit à donner injustement un visage islamiste à la révolution. Le peuple syrien a dès lors été abandonné seul dans sa lutte pourtant légitime. Ceci a abouti au prolongement de cette guerre d’Assad contre le peuple syrien, à la mainmise de l’Iran sur la Syrie, à l’émergence de groupes extrémistes comme “l’Etat Islamique” et aujourd’hui à la formation d’une coalition internationale contre ce dernier groupe seulement.

François Burgat et Nahed Badawia feront le point sur ces quatre ans de révolution en Syrie. Nahed Badawia abordera, en particulier, l’évolution du rôle de la femme syrienne dans la révolution. Tous deux répondront ensuite aux questions du public.

Organisée par : FemmeS pour la Démocratie

Soutenue par : Mouvement pour le Socialisme (MPS), SolidaritéS, www.alenconre.com, Groupe  Regards Critiques (UNIL), Cercle La Brèche, Réseau des Femmes Syriennes

Violences à l’égard des femmes en Syrie, 1ère partie

Genève, 25.11.2014
A l’occasion de la journée internationale de l’ONU pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes une conférence spéciale sur la violence contre la femme en Syrie devait avoir lieu à l’ONU  le 25 novembre à 10h00 du matin. Les intervenants prévus étaient Noura AL-AMEER, vice-présidente de la coalition nationale syrienne et responsable du dossier des droits humains, Tarek KURDI juriste syrien en droit international et trois anciennes détenues : Alaa, Kinda et Eman. La conférence devait dénoncer les violences que subit la femme syrienne de la part du régime Assad et de l’Etat Islamique (Daesh). Seule Noura Al-Ameer a pu se rendre à Genève, Alaa a été retenue à l’aéroport d’Istanbul et les trois autres intervenants n’ont pas pu obtenir de visa. Pour cette raison, la conférence à l’ONU a dû être annulée. FemmeS pour la Démocratie (FSD) a maintenu la conférence publique organisée le même soir, avec la présence de Noura Al-Ameer. Conférence soutenue par Amnesty International- Groupe Uni Genève, Mouvement pour le Socialisme (MPS), site alencontre.org, SolidaritéS Genève.
FSD publie ici les interventions de cette soirée en 5 parties:
1. Intervention de Noura Al-Ameer; 2. Intervention de Tarek Kurdi, par skype; 3. Témoignage de Alaa, lu ; 4. Témoignage de Eman, lu ; 5. Témoignage de Kinda, lu.

Genève, 25 novembre 2014

Genève, 25 novembre 2014

 
Partie 1/5
Noura Al-Ameer:

Nour rêvait de briser le présent amer et de construire dans son pays un avenir meilleur pour le bébé qu’elle portait en elle. Nour s’est fait arrêter à un barrage de sécurité à Damas. Personne ne sait si son bébé a vu le jour ou bien s’il a été tué. Un an et demi après sa disparition forcée, on a demandé à sa mère de se rendre à la police pour récupérer la carte d’identité de sa fille, tuée en détention par les services secrets. Personne n’a jamais su le sort de son fœtus.

Salma avait elle aussi un rêve, celui de se révolter contre la répression, la criminalité et la dictature. Etudiante à l’université d’Alep, elle écrivait les slogans contre le régime Assad et elle photographiait les soldats qui occupaient le campus de l’université en ignorant toutes les lois internationales. Elle a été enlevée du campus universitaire et ensuite torturée et violée dans les centres de détention des services secrets. Lorsqu’elle a été libérée elle portait en elle l’enfant du viol. Les services secrets continuaient à la persécuter. Elle n’a trouvé ni aide médicale, ni psychologique, ni un lieu qui lui offre un peu de sécurité. Pour mettre fin à sa souffrance, elle s’est jetée du haut de l’immeuble où elle habitait et son âme blessée a quitté ce monde. Un monde où l’humanité, la morale, la paix et la justice ne semblent pas exister.

Beaucoup d’autres femmes ont eu le même courage et les mêmes rêves que Nour et Salma, mais aussi la même punition et la même souffrance. Assad mène sa guerre contre sa population en passant sur le corps des civils et surtout celui des femmes.

Avec le début de la révolution syrienne, des voix se sont élevées dans les rues pour demander le départ du dictateur. Aux côtés des hommes, les femmes étaient présentes et contribuaient à l’élargissement des protestations. Avec l’évolution de la situation et l’augmentation de la violence et de la répression, il fallait être actif sur plusieurs tableaux pour garantir la continuité de la révolution. Les femmes étaient toujours là à chaque pas aux côtés des hommes dans cette révolution.

Comme toutes les dictatures qui se montrent créatives pour trouver toujours de nouvelles méthodes pour réprimer les populations, le régime Assad a décidé de réprimer sa population en se servant de la femme comme moyen de dissuasion et comme punition collective. On a vu dès ce moment les services secrets et les milices pro-Assad perpétrer leurs crimes à l’encontre des femmes syriennes. Le premier cas d’enlèvement, de torture et de viol qui a été documenté a eu lieu le 13 mai 2011, moins de deux mois après le début de la révolution.

Ceci n’était pas nouveau pour ce régime qui ignore toute loi de protection des femmes contre les abus et la violence sexuelle. Il a même laissé les mains libres aux responsables de l’Etat et aux chefs des services secrets pour faire usage de chantage à caractère sexuel sur les femmes au nom du pouvoir et ceci en toute impunité. Ce genre de chantage n’est pas très différent de la vente des femmes par l’Etat Islamique (Daech). Les Syriens ont des milliers de raisons pour se révolter contre la Dictature d’Assad et les femmes syriennes en ont deux fois plus. Ce qui redouble leur volonté et leur force pour continuer la révolution malgré tous les dangers.

Il est important de mentionner ici que, des années avant la révolution, les femmes syriennes ont exigé la modification de certains articles de la constitution relatifs aux droits de la femme. Car la constitution ne prévoyait pas de punition dissuasive pour les crimes dits d’honneur. Aucune loi ne protège la femme ni de la violence verbale, ni du viol, ni d’ autres exactions à caractère sexuel. Sans parler de l’impunité des membres des services secrets qui sont au-dessus des lois quels que soient les crimes commis; ceci les a d’ailleurs encouragés, depuis le régime du père Hafez Assad, à ne pas se priver d’en commettre. Je souhaite aussi souligner ici que la femme syrienne n’a toujours pas le droit de donner sa nationalité à ses enfants.

La persécution des femmes depuis le début de la révolution syrienne prend différentes formes :

  1. Arrestation, torture, violence verbale, abus sexuel et viol barbare.
  2. Enlèvement, effectué le plus souvent par les milices pro-Assad, accompagné de viol barbare dans la majorité des cas.
  3. Viol collectif et massacres lors de l’entrée de l’armée du régime dans les zones de protestation qui échappent au contrôle d’ Les atrocités dans ces cas dépassent toute description verbale: viol collectif, viol des femmes devant leurs familles ou alors sur les places publiques devant les hommes de la région qui sont menottés et amenés de force pour assister au viol des femmes.
  4. Utilisation des femmes pour mettre la pression sur les révolutionnaires hommes. Plusieurs stratégies ont été appliquées:
  5. les retenir pour mettre la pression sur les révolutionnaires de leurs familles, les forçant ainsi à se rendre aux services de sécurité,
  6. les arrêter et ensuite les violer devant les membres de leurs familles qui sont en détention afin de mettre la pression sur ces détenus pendant les interrogatoires,
  7. certains cas ont aussi été documentés où la femme a été violée devant un détenu sans aucun lien de parenté ou bien d’amitié entre les deux.
  8. Faire du chantage sexuel à l’encontre des femmes aux barrages de sécurité qui assiègent certaines régions de la Syrie depuis 2012. Ces régions sont privées de tout arrivage de nourriture, de médicaments et de lait pour les enfants. Plusieurs cas ont été enregistrés, spécialement dans al-Ghouta de l’Est, où des femmes ont été obligées à se soumettre au chantage sexuel pour obtenir une boîte de lait ou une galette de pain pour leurs enfants.
  9. Torture des femmes enceintes jusqu’à la perte de leurs fœ

 Les rapports du Secrétaire général de l’ONU et ceux de l’envoyé spécial Kofi Annan ont dénoncé et condamné ces crimes du régime Assad et de ses milices. Plusieurs organisations indépendantes de défense des droits de l’homme ont également documenté et condamné ces crimes.

Cette violence contre la femme constitue un facteur important motivant la fuite de la population de la Syrie pour trouver refuge dans les pays voisins. Ce qui a eu comme conséquence l’augmentation du niveau de danger pour les femmes en général et particulièrement pour les activistes parmi elles.

Les territoires libérés du contrôle d’Assad ont été pénétrés par Daech et al-Qaïda qui ont également persécuté les femmes activistes. Plusieurs parmi elles ont été enlevées et on ignore toujours leur sort. Daech a aussi lapidé certaines femmes jusqu’à la mort. Le réseau syrien des droits de l’homme a documenté cinq cas de lapidation. Beaucoup de femmes dans ces régions ont arrêté de sortir de chez elles par peur des exactions de Daech. Une brigade de femmes a également été formée par Daech pour surveiller les femmes et les persécuter. Plusieurs cas de violence corporelle contre les femmes à cause de leur tenue vestimentaire ont été constatés. Daech oblige les femmes dans ces régions à respecter une tenue obligatoire. Beaucoup de femmes ont préféré fuir la Syrie pour échapper à Daech. Ainsi Assad tout comme Daech ont été à l’origine des vagues de déplacements de la population syrienne qui a dû ainsi quitter son territoire et son pays.

Les femmes qui ont quitté la Syrie pour échapper à ces violences, se retrouvent à nouveau dans la spirale de la violence dans les pays d’accueil. Des jeunes filles de moins de 18 ans ont ainsi été obligées de se marier pour pouvoir survivre. Les mariages des syriennes dans les pays d’accueil ne peuvent pas être inscrits dans les registres de ces pays, ceci à cause de l’absence de tout document légal syrien certifiant leur état civil. Ceci fait partie d’une nouvelle catastrophe humanitaire avec la privation pour les réfugiés syriens de légaliser leurs mariages, divorces, décès, et naissance de leurs enfants.

Beaucoup de femmes ont subi le chantage prostitution contre survie, d’autres sont poussées à vendre leurs organes. Sans oublier que l’absence de lois qui réglemente les droits de ces réfugiés syriens dans les pays voisins conduit à l’exploitation et à l’injustice.

Finalement, je souhaite vous inviter à unir nos voix pour faire entendre la voix de la femme syrienne qui fait face à toutes sortes de persécutions et d’injustices pour revendiquer ses droits. Ensemble, nous devons exiger la fin de la cause principale de leur souffrance, le régime Assad. Nous devons aussi initier une réflexion pour trouver les moyens adéquats qui pourraient diminuer les conséquences de ces crimes pour que ces femmes puissent soigner leurs blessures, se reconstruire et avoir un rôle actif dans le futur.

Leur revendication essentielle aujourd’hui est d’obtenir justice de tous ceux qui ont commis des crimes en Syrie. Je vous invite à vous joindre à nous pour exiger la punition de ces criminels pour que justice soit faite. Une justice qui est primordiale pour aboutir à la paix dans le futur.

FSD

« Assad reste allié à l’Etat Islamique »

Article publié, par La Liberté le 22 septembre 2014, à l’occasion de la conférence de Noura al-Ameer à Lausanne le 18 septembre 2014. Conférence organisée par FSD.

FRAPPES EN SYRIE: L’opposition réclame aux Occidentaux des frappes contre le régime et le contrôle de l’espace aérien, insiste Noura al-Ameer, vice-présidente de la Coalition nationale syrienne. Interview.

PROPOS RECUEILLIS PAR

THIERRY JACOLET

Deux gars costauds en costard montent la garde sur la terrasse du café lausannois. La procédure habituelle pour les invités de l’ONU. Noura al-Ameer, vice- présidente de la Coalition nationale syrienne (CNS) depuis le début de l’année, regarde le duo qui veille sur elle, un sourire en coin, sous son foulard: «Je me sens privée de liberté…» Rien en comparaison avec ce que cette jeune activiste de 26 ans a vécu dans les geôles syriennes durant six mois en 2012, entre sévices corporels et torture psychologique (voir ci-dessous). Noura al- Ameer était récemment de passage en Suisse pour une conférence en marge de la session du Conseil des droits de l’homme à l’ONU. Interview.

Quel danger représente l’Etat islamique pour la révolution syrienne?

Noura al-Ameer: Le plus grand danger est qu’il réduise à néant toutes les aspirations du peuple syrien insurgé: la liberté, la justice, la démocratie, la dignité et l’égalité. Cette organisation s’est introduite en Syrie en avril 2013 pour «assassiner» le mouvement populaire. La révolution syrienne s’est retrouvée coincée entre la répression du régime d’al-Assad et les exactions de l’Etat islamique.

Quelle est la responsabilité du président syrien dans l’essor de l’EI?

Al-Assad, mais aussi l’Iran et le premier ministre irakien Nouri Maliki en ont la plus grande responsabilité. Le régime syrien a favorisé l’implantation et l’essor de ce mouvement terroriste en Syrie. Il a soutenu l’action d’al- Qaïda en Irak, dont l’Etat isla- mique est une émanation. Par ailleurs, des rapports certifient qu’al-Assad partage les bénéfices du pétrole syrien avec l’EI qui a pris le contrôle de puits. Ce qui offre à cette organisation des ressources financières supplémentaires à son développement.

Al-Assad a pourtant déclaré qu’il s’attaquerait à l’EI…

Il ne l’a jamais fait. Il épargne par exemple ces terroristes qui font le siège de Raqqa, alors qu’il frappe les civils de la ville. Depuis le début de la révolution, sa stratégie a été de dire qu’il combattait les terroristes. Ce qui est faux. Il dit ceci pour que la communauté internationale le laisse en place. Depuis l’attaque à l’arme chimique de la Ghouta en août 2013, il essaie de récupérer auprès des Occidentaux la légitimité qu’il a perdue.

Al-Assad et l’EI sont-ils des alliés de circonstance? 

Oui, ils sont toujours «alliés». Jusqu’à maintenant, l’EI ne combat que l’opposition syrienne. Prenez ce qui se passe actuellement autour d’Alep. Il y a une coordination entre les mouvements de l’armée et ceux des forces de l’EI. Al-Assad s’approche d’Alep par le sud et l’EI par le nord-est pour faire le siège de la ville en mains rebelles. Depuis qu’il y a une coalition internationale contre l’EI, al-Assad se présente comme le partenaire des Occidentaux. Le but d’al-Assad est d’abord d’aider l’EI à exterminer l’armée rebelle pour en finir avec la révolution. Et après ils se battront entre eux pour le pouvoir.

A moins que l’EI ou Bachar al-Assad ne tombe avant. Croyez- vous au plan de la coalition internationale?

Jusqu’à maintenant, elle semble sérieuse dans son entreprise. La décision du congrès américain d’armer l’Armée syrienne libre (ASL) et de l’entraîner est une bonne nouvelle. Ce qui rassure, c’est que la coalition internationale a refusé qu’al-Assad soit partenaire et que l’Iran participe aux attaques. Mais il ne faut pas seulement éliminer l’EI: c’est l’occasion d’en finir avec toutes les sources du terrorisme.

«Le but d’al-Assad est d’aider l’EI à exterminer l’armée rebelle pour en finir avec la révolution»

«Le but d’al-Assad est d’aider l’EI à exterminer l’armée rebelle pour en finir avec la révolution»

Quel est le message de la Coalition nationale syrienne? 

Nous demandons des frappes contre l’EI mais aussi contre les positions des forces d’al-Assad. Le terrorisme, c’est comme un serpent: Assad est la tête et l’EI la queue. S’attaquer à la queue ne résoudra rien. Il faut aussi couper la tête. La CNS souhaite aussi que la communauté internationale procède d’urgence à un contrôle du ciel pour empêcher al-Assad de bombarder les positions de l’ASL.

Comment jugez-vous l’attitude occidentale? 

Il n’y a pas eu de soutien des Occidentaux à la révolution. Ils n’ont jamais répondu aux revendications du peuple syrien. L’exemple le plus flagrant est le massacre à l’arme chimique de la Ghouta, près de Damas, en août 2013. Malgré cela, les Occidentaux se sont satisfaits d’enlever une partie de l’arsenal chimique d’al-Assad sans rien faire pour la population qui souffre. Depuis, le régime continue les frappes avec des gaz mortels dans beaucoup d’endroits.

Mais Bachar devait évacuer du pays tout son arsenal chimique…

Des rapports font état de plus de 75 frappes avec du gaz depuis le massacre, alors que c’est interdit. Al-Assad a caché d’autres sites. Il en resterait encore trois avec armes chimiques. Ce dictateur criminel est aussi un manipulateur. Il ne fait pas que stocker mais fabrique encore des armes chimiques. Va-t-on l’épargner de nouveau pour qu’il sorte ces armes du pays?

Barack Obama ne veut plus la chute du président… 

Il a des craintes que sa chute crée un vide administratif et sécuritaire. Mais la CNS a déjà un plan très clair pour la période de transition qui ne va pas être calme ni facile. C’est une étape nécessaire pour passer à autre chose. Ce serait encore pire si cette période n’était pas accompagnée par des plans de justice transitionnelle, afin de s’occuper des suites juridiques des souffrances de la population.

Que peut faire la Coalition nationale syrienne? 

Notre conviction est que le combat militaire qui aura lieu n’est pas suffisant et qu’il faut un combat politique en parallèle. Nous revendiquons la mise en place d’un mouvement politique avec comme base les résultats de Genève 1 (la formation d’un gouvernement d’union nationale, ndlr). Il y a deux feuilles de route: politique pour la période transitoire et administrative pour les institutions de l’Etat.

De la prison au combat politique

«J’attendais la révolution. Il fallait voir la répression quotidienne et les exactions que su- bissaient les Syriens.» Noura al-Ameer s’est engagée dans la contestation dès le début du soulèvement. Elle s’activait à élargir le soutien populaire du mouvement. Jusqu’à son arrestation en mars 2012 dans un bus. Six mois de prison plus tard, elle se réfugie en Turquie d’où elle poursuit depuis mai 2013 son combat. Un combat politique au sein de la Coalition nationale syrienne (CNS) dont elle est vice-présidente. Cet organe de l’opposition est reconnu par de nombreux pays comme seul représentant légitime du peuple syrien. Noura al-Ameer est responsable du dossier des droits de l’homme et de la coordination avec les organisations internationales. «Je continuerai de lutter aussi longtemps que la Syrie sera gouvernée par un dictateur criminel ou un Etat de non-droit.»

Café littéraire pro-Assad

Chronique de la Syrie

Une annonce nous est parvenue récemment d’un café littéraire organisé par la médiathèque de St-Maurice à l’occasion de ses 40 ans, le 14 juin 2014. L’invité est Houssam Khadour, un « écrivain » et traducteur syrien, ancien détenu qui aurait passé quinze ans dans la prison centrale de Damas et qui a écrit trois livres sur sa détention (solitude, torture, exécution, etc.). L’un d’eux, La charrette de l’infamie, a été traduit en français et édité en Suisse en 2013. Nous nous y sommes rendus.

 La salle se remplit d’environ 30 personnes, l’écrivain est présenté par la modératrice. On apprend alors avec étonnement qu’il vient tout droit de Syrie pour ce café littéraire et un autre à Genève. Il remercie ses hôtes pour l’accueil chaleureux et le Flamenco organisés pour son arrivée. Nouvelle surprise, il est lui- même éditeur en Syrie!

 La modératrice lit des extraits traduits en français. La traduction est excellente, toutefois vide de toute émotion si l’on compare à d’autres livres d’anciens détenus d’opinion syriens. L’écrivain nous annonce qu’il a écrit ses trois livres pendant ses années de détention, puis les a édités en arabe en 2012, en pleine révolution! C’est étonnant! La réponse semble être qu’à Damas on peut publier ce genre de textes sans problème, preuve en est la vente de ses livres dans les librairies de Damas. « Il ne faut pas croire tout ce qu’on raconte » dit-il.

 Viennent ensuite les questions. A la dernière, qui lui demande de lier ses écrits à ce qui se passe en Syrie actuellement, il prend son temps pour prêcher la politique d’Assad :

  • « En Syrie, il faut combattre le terrorisme! » Il invite les citoyens à demander à leurs gouvernements de s’unir pour lutter contre le terrorisme… Il oublie que c’est le régime lui-même qui a semé la terreur en Syrie, en libérant certains extrémistes qui sont devenus des leaders de groupes terroristes, épargnés depuis par Assad, qui préfère lui s’attaquer aux civils.
  • « Il faut aussi lever les sanctions économiques », car c’est barbare d’appliquer de telles sanctions qui sont contraires à la loi internationale… Mais oui! Bien sûr! Mais est-il humain et approuvé par cette même loi d’affamer son peuple, d’arrêter et de torturer des enfants, de violer les femmes et de détruire les habitations des civils ?
  • « Il faut aussi arrêter l’industrialisation des réfugiés » et leur permettre de rentrer en Syrie… Vraiment ? Et qui a détruit leurs maisons, violé leurs femmes et leurs filles, et massacré leurs enfants ?

Et là on annonce la fin de cette rencontre, sans possibilité de contradiction.

Nous avons mené quelques recherches pour découvrir que Houssam Khadour, originaire du village de al-Qirdaha, le même qu’Assad, a le poste de décideur de l’association de traduction de la fédération des écrivains arabes, entité liée au régime de Damas. Il a semble-t-il pu publier un livre traduit en arabe en 1992, pendant sa détention! S’il est possible d’écrire dans certaines prisons syriennes, il est à peu près impossible d’en sortir ses écrits et encore moins de les publier. Aujourd’hui H. Khadour écrit dans la presse officielle du régime Assad !

Quelle déception! La Suisse, pays défenseur des droits humains offre une tribune à un propagandiste du dictateur le plus sanguinaire de l’histoire récente. On lui obtient un visa (et là déjà il y aurait beaucoup à dire), on lui paie sans doute son billet d’avion et on lui réserve un accueil chaleureux en Suisse, mais avant ça on édite la traduction de son livre tout en sachant qu’il est lui-même éditeur au service du régime syrien ! La traductrice, binationale française et suisse, est l’épouse de l’ambassadeur suisse à Damas rappelé en août 2011.

Faut-il rappeler une fois de plus que c’est l’aviation du régime Assad qui a détruit 85% de la ville de Homs, que le pillage de Homs assiégé a été orchestré par le régime, que la population du vieil Homs a été assiégée et affamée pendant plus de deux ans, que 40% de la population syrienne est aujourd’hui déplacée à l’intérieur ou vers l’extérieur du pays. Et les mêmes destructions ont eu lieu à Deir-Ezzor, à Damas-campagne, Alep, Daraa et Idleb.

Faut-il rappeler aussi que la torture dans les centres de détention en Syrie est abominable et prouvée et qu’elle n’épargne ni les enfants, ni les femmes; que dix mille enfants sont détenus en Syrie et y risquent leurs vies et que quinze mille enfants ont déjà trouvé la mort depuis 2011, qu’un demi million de syriens ont été blessés par les obus, barils d’explosifs et autres armes des forces du régime.

A ceux qui ne veulent pas venir en aide au peuple syrien, qui se soulève contre un régime barbare, nous disons: respectez au moins notre souffrance et ayez la décence de ne pas offrir une tribune aux prêcheurs du boucher de Damas ! On a déjà vu défiler les figures chrétiennes pro-Assad, comme la mère Agnès, venue en Europe prêcher le message d’Assad. Aujourd’hui on a assisté à une manipulation sur le thème de l’« ancien détenu repenti», ce serait grotesque si la réalité syrienne n’était pas aussi inhumaine.

FSD