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Quel avenir pour l’aide humanitaire à Idleb?

Une lettre ouverte a été adressée, le 2 février 2023, par plusieurs organisations syriennes ou amie du peuple syrien, à M. Ignazio Cassis, conseiller fédérale et chef du Département des Affaires Etrangères de la Confédération helvétique. C’est à l’occasion de l’entrée de la Suisse au Conseil de Sécurité que les Syrien.nes de Suisse ont pris l’initiative de rappeler à la Suisse qu’elle a un rôle important aujourd’hui pour sauver les civils dans le nord syrien d’un éventuel veto russe relatif à l’aide humanitaire, mais également pour empêcher une nouvelle attaque chimique en Syrie.

Femmes Syriennes pour la Démocratie a initié cette lettre qui a été co-signée par six organisations et des dizaines de Syrien.nes de Suisse.

Monsieur le Conseiller fédéral, chef du DFAE,

Nous vous demandons d’oeuvrer pour que la question de l’aide humanitaire et des passages d’acheminement vers la Syrie soient confiés à l’Assemblée Générale de l’ONU, loin du Conseil de Sécurité et de ses droits de veto pour donner à l’Assemblée Générale les moyens indispensables pour acheminer l’aide humanitaire. 

Nous avons suivi avec beaucoup d’intérêt le début des actions de la Suisse en tant que membre élu au sein du Conseil de Sécurité des Nations Unies. Comme vous pouvez l’imaginer, les Syrien.nes concerné.es par le sort des quatre millions de personnes piégées dans le nord-ouest du pays attendaient avec anxiété l’issue de la prolongation de la résolution relative à l’acheminement transfrontalier de l’aide humanitaire via le seul passage encore ouvert de Bab el-Haoua. Nous avons donc été soulagé.es d’apprendre que la résolution 2672 a été votée à l’unanimité le 9 janvier 2023. Toutefois, comment attendre avec sérénité le prochain vote de juillet 2023? Nous craignons en effet que le dernier des quatre passages (1), octroyés en 2014, ne soit à son tour fermé et que les quatre millions de personnes piégées dans la région d’Idlib ne soient abandonné.es comme l’ont été les déplacé.es du camp Rukban (2), dans le sud du pays, suite à la fermeture du passage Ramtha en janvier 2020, sous la pression de la Russie. 

Est-il normal que la survie de ces quatre millions de personnes, dont la moitié sont des enfants, ne dépende que des décisions des membres les plus puissants du Conseil de Sécurité qui possèdent un droit de veto sur leurs vies?

Dans tous les conflits armés le droit international coutumier reconnait le droit de tous les civils à toute l’aide nécessaire à leur survie, pourquoi alors laisser les civils Syriens à la merci d’un veto russe qui décide de leur survie, désormais deux fois par an (3)? Cette situation est insupportable pour tou.tes les Syrien.nes concerné.es par la catastrophe humanitaire en Syrie. Nos parents sont là-bas, et nous vivons tous dans la crainte d’un veto russe qui mettrait fin à l’acheminement de l’aide humanitaire pour quatre millions de nos compatriotes.

Il nous semble important de rappeler ici que la majorité de ces personnes, qui viennent de toutes les régions de Syrie, ont déjà subi plusieurs déplacements forcés pour fuir les sièges, les famines provoquées, les bombardements, les arrestations, la torture et les disparitions forcées avant de se retrouver pris en piège dans ces camps. Iels ont été forcé.es de quitter leurs maisons, leurs villes et villages parce qu’un jour iels ont trouvé le courage d’oser le rêve d’une future Syrie démocratique qui protège ses citoyens et garantit leurs droits, quelles que soient leurs appartenances ethniques ou religieuses. Ce rêve d’un Etat de droit en Syrie leur a valu une répression sanglante d’un régime tyrannique secondé par les milices shiites libanaise, irakienne et surtout iranienne, soutenues par l’aviation russe qui a détruit l’essentiel des infrastructures. Et vous n’êtes pas sans savoir que les Syrien.nes font face aujourd’hui au COVID, mais aussi au Choléra, maladies qui se propagent d’autant plus vite qu’il y a absence de vaccins et d’eau potable.

Cette catastrophe syrienne perdure depuis plus de 11 ans dans le silence le plus assourdissant de la communauté internationale, qui prend sa complexité pour excuse! 

L’OIAC de l’ONU vient de publier son 3e rapport (4) qui rend le régime Assad responsable de l’attaque chimique de 2018 sur Douma. Dans son communiqué du 27.01.2023 (5), le Directeur général de l’OIAC, Fernando Arias dit « Le monde connaît désormais les faits – il appartient à la communauté internationale d’agir, à l’OIAC et au-delà ». La communauté internationale va-t-elle prendre les mesures nécessaires pour empêcher d’autres attaques chimiques, qui pourraient cette fois cibler la population dans le nord-ouest de la Syrie, dont beaucoup sont des survivants des attaques chimiques à Douma (2018), à Khan Cheikhoun (2017) et à al-Ghouta (2013)?

Lausanne 2018, rassemblement de solidarité avec les assiégé.es à al-Ghouta juste avant l’attaque chimique de 2018 à Douma!

Monsieur le Conseiller fédéral, dans votre discours du 12 janvier 2023 au Conseil de Sécurité à New York vous avez mentionné le passage suivant:

Notre Constitution suisse dit que « La force de la communauté se mesure au bien-être du plus faible de ses membres ». L’état de droit nous protège toutes et tous, que nous soyons un Etat petit ou grand, un individu fort ou faible. 

Pourtant il est évident qu’au sein de la communauté internationale les membres les plus puissants écrasent les plus faibles, et même les populations déracinées et dans le besoin, en particulier en usant abusivement du droit de veto, directement ou comme moyen de chantage, au sein du Conseil de Sécurité!

Aujourd’hui, nous demandons à la Suisse une action concrète et rapide pour rendre à l’aide humanitaire son humanité et pour empêcher que le droit international ne soit davantage bafoué en Syrie. Une action qui mette fin aux blocages politiques de l’aide humanitaire par les membres les plus puissants du Conseil de Sécurité!

En vous remerciant d’avance pour l’attention que vous porterez à cette lettre, nous vous prions d’agréer, Monsieur le Conseiller fédéral, nos salutations distinguées.

Femmes Syriennes pour la Démocratie, le 02.02.2023.

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(1) En 2014, le Conseil de Sécurité a autorisé l’acheminement transfrontalier de l’aide humanitaire via quatre passages dont  Bab el-Haoua et Bab el-Salam au nord, Yaroubiyé au nord-est et Ramtha au sud de la Syrie (résolution 2165). En 2020 le nombre de passages autorisés a été réduit à un seul (résolutions 2504 et 2533).

(2) Le Camp Rukban a vu le jour en 2016 pour accueillir les 70’000 déplacé.es qui fuyaient la répression, ceci suite à la décision de la Jordanie de ne plus recevoir de réfugié.es syrien.nes. Depuis 2020, ils sont livré.es à elles/eux mêmes en l’absence de toute aide humanitaire transfrontalière. Aujourd’hui il n’en reste que 8’000 qui vivent dans des conditions inhumaines dans le désert!

https://euromedmonitor.org/en/article/5048/Syria:-8,000-IDPs-in-Rukban-camp-need-urgent-humanitarian-intervention

(3) https://snhr.org/blog/2023/01/09/russias-veto-blocking-un-cross-border-relief-aid-is-unlawful-and-its-only-aim-is-to-seize-un-relief-aid/

(4) https://www.opcw.org/sites/default/files/documents/2023/01/s-2125-2023%28e%29.pdf

(5) https://www.opcw.org/media-centre/news/2023/01/opcw-releases-third-report-investigation-and-identification-team

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Co-signataires:

Les organisations:

UOSSM, Union des Organisations de Soins et Secours Médicaux

Syrian Network for Human Rights 

Syrian Center for Legal Studies and Research

Revivre, association d’aide aux réfugiés syriens et aux détenus d’opinion en Syrie

Free Bar Association in Syrian Arab Republic

The Syrian Detainees Council

Les Syrien.nes de Suisse: 

La liste de 64 noms de syriens de Suisse co-signataires de cette lettre a fait partie de la présente lettre.

Situation Humanitaire et Politique en Syrie: Témoignages au Palais Fédéral (2/4 M. Darwish)

Quatre intervenant.es syrien·nes, engagé.es dans la défense des droits humains du peuple syrien, étaient présent·es au Palais fédéral jeudi 30 septembre 2021, à l’invitation du parlementaire Christian Dandrès, pour témoigner de la situation humanitaire et politique en Syrie, et parler des procès menés en Europe contre des responsables de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité en Syrie. Les conséquences terribles du COVID ont aussi été au centre de la discussion. Dix ans après le début du soulèvement populaire, les activistes de la société civile et la population civile résistent toujours face à un régime dictatorial et criminel. 

Les intervenant·es sont selon l’ordre d’intervention: 

Mariana KARKOUTLY, juriste syrienne exilée en Allemagne, enquêtrice pour la poursuite des crimes commis en Syrie depuis 2011

Mazen DARWISH, avocat syrien exilé en France, fondateur et président du Centre syrien pour les médias et la liberté d’expression

Tawfik CHAMAA, médecin suisse d’origine syrienne, membre fondateur de l’Union des Organisations de Secours et Soins Médicaux (UOSSM) 

Ibraheem MALKI, avocat et activiste syrien exilé en Suisse, membre de la Commission de défense des détenus d’opinion arrêtés à la suite de l’arrestation des membres de la déclaration de Damas en 2006 et membre du Centre syrien pour la justice et pour l’obligation de rendre des comptes.

Les interventions ont été traduites en français par FSD et sont publiées ci-après.

Intervention de Mazen Darwish, 2/4

Je remercie ma collègue Mariana de nous avoir rappelé quelques femmes syriennes d’exception, et je suis fier de connaître la plupart d’entre elles, dont ma collègue Razan Zaitouneh.

La source de ma fierté pour ces femmes n’est pas que nous partagions la même nationalité syrienne, mais le fait que malgré la diversité de nos affiliations sectaires et ethniques, et même de nos positions politiques, nous avons tou.tes pu participer ensemble au rejet du régime  tyrannique pour essayer d’atteindre la démocratie en Syrie.

Les efforts d’un groupe de femmes, en particulier les victimes, nous ont permis en tant que défenseurs des droits humains et en tant qu’organisations civiles syriennes et internationales, d’essayer d’obtenir justice par le biais des tribunaux européens en utilisant la compétence universelle. Ceci a été le cas pour les procédures lancées en France, en Allemagne et en Suède suite à l’utilisation d’armes chimiques.

Razan Zaitouneh était à Douma (ville de la Ghouta de Damas), avec l’équipe de travail du VDC (Centre de documentation des violations), lors de l’attaque chimique d’août 2013. La présence des victimes arrivées en Europe et leur courage nous ont permis de lancer la procédure.

L’utilisation d’armes chimiques, au 21e siècle, s’est malheureusement produite et s’est répétée des centaines de fois contre des civils.

Bern, 30.09.2021

L’une de mes connaissances, vivant dans les zones contrôlées par le régime à proximité des zones de la Ghouta, est une personne très éloignée de mes positions politiques et de celles en faveur des droits humains. Cette personne veut simplement vivre en paix. Mais cette personne m’a dit qu’elle était heureuse que notre centre se soit impliqué dans la procédure contre les responsables de l’utilisation d’armes chimiques dans la Ghouta. Ce fût une surprise pour moi et je lui en ai demandé la raison, surtout qu’elle n’avait jamais exprimé de prise de position contre le régime, ni aucune opposition. Sa réponse a été que si le vent avait tourné ce jour-là,  le gaz chimique aurait pu atteindre sa maison et tuer sa famille. Pour cette personne,  ce régime représentait simplement une menace pour l’humanité et pour tous les gens, quelles que soient leurs affiliations sectaires, ethniques et politiques. Les armes utilisées par le régime contre les civils, comme les armes chimiques et les barils d’explosifs ne faisant aucune distinction entre les loyalistes et les opposants au régime.

Lorsque nous utilisons les outils disponibles pour obtenir justice, notre motivation n’est pas la vengeance, ça n’est pas non plus parce que nous sommes des victimes de  la torture ou à cause de la perte de ceux que nous aimions. Au contraire, nous voulons la paix et nous voulons un avenir sûr pour nos enfants afin qu’ils ne vivent pas la même expérience que nous avons vécue. Mais comment parvenir à une paix durable ?

Tout accord politique entre les parties du conflit, sans tenir compte de la question de la justice, de la responsabilité et des droits des victimes, ne sera qu’un cessez-le-feu. Un tel accord ne fera pas la paix et ne sera pas durable. Sans justice, sans responsabilité, et sans parvenir à une véritable transition politique, un tel accord se résumerait à donner du temps aux parties en conflit, et au régime en particulier, pour recharger leurs armes et pour préparer  une nouvelle guerre motivée par la vengeance, et à cause de l’absence de justice.

Je fais partie des réfugiés en Europe et je suis reconnaissant d’être maintenant en sécurité, mais je souhaite sincèrement pouvoir retourner un jour dans mon pays pour reprendre ma profession, mon bureau, mon pays, la langue que je maîtrise et retrouver les régions que je connais. Mais aujourd’hui, nous sentons, nous les réfugiés, qu’on attend de nous de retourner dans une Syrie toujours dirigée par le même régime qui a causé notre fuite, avec la domination des mêmes services de sécurité qui nous ont arrêtés; et je souligne que ma dernière arrestation a duré environ quatre ans.

Si vous avez entendu parler des photos de César (images des corps des détenu.es mort.es sous la torture), elles sont bien réelles, et j’aurais pu faire partie de ces photos et j’ai été le témoin direct de ces exactions. C’est pourquoi, quand on envisage aujourd’hui de nous renvoyer sous le même régime, avec les mêmes appareils sécuritaires, avec les mêmes conditions… Pour moi, ce serait  donner à notre tueur une autre chance de nous tuer. Et comme malheureusement la première fois il n’a pas pu nous éliminer, on nous demande cette fois d’emmener nos enfants avec nous. Je ne pense pas que ce soit juste ou acceptable.

Si nous voulons vraiment que les réfugiés puissent rentrer en Syrie, nous devons nous assurer qu’il y ait une vraie transition politique et qu’il y ait justice et responsabilité en Syrie.

Nous voulons également la justice et la responsabilité afin d’éliminer le terrorisme, et nous avons souffert du terrorisme et de l’extrémisme, et nous sommes contre le terrorisme et l’extrémisme en Syrie. Mais je ne pense pas que l’utilisation des moyens militaires pour éliminer le terrorisme et l’extrémisme soit la bonne méthode. La même erreur a été faite en Irak en 2006 où les États-Unis et leurs alliés ont formé une coalition internationale et ont bombardé al-Qaïda et tué al-Zarqawi sans justice, sans  principe de responsabilité, sans garantir la démocratie et sans le développement du pays en parallèle. Ce n’était pas la bonne méthode, car en quelques années l’Etat islamique a émergé.

Si nous allons en Syrie pour combattre le terrorisme de la même manière, en utilisant uniquement des moyens militaires, tout en maintenant une dictature sectaire au pouvoir et sans obtenir justice et  satisfaction pour les victimes, alors nous instaurerions l’émergence d’un nouveau groupe terroriste avec un nouveau nom, non seulement en Syrie mais en Europe aussi. 

Ces organisations terroristes ont besoin d’un oxygène particulier pour survivre. Leur oxygène c’est les personnes et les jeunes qui ressentent l’injustice, la persécution, le manque d’intérêt et qui ressentent le désespoir de la justice et de la loi. Ces personnes là sont  les plus susceptibles de devenir des loups solitaires et d’aller vers l’extrémisme.

Je vais évoquer ici les « élections » présidentielles et la restauration de la légitimité en Syrie… 

Mon expérience des élections c’est celles de 2014 que j’ai vécu en Syrie. Nous étions environ 8000 personnes détenues dans une prison civile, et nous avons été traduits devant le tribunal du terrorisme pour des accusations de terrorisme, par le régime. Nous étions 8000 personnes absolument opposées au régime.

Le résultat des « élections démocratiques » de 2014 au sein de notre prison a conclu que 99,8% des opposants que nous étions « ont élu » Bachar al-Assad! C’est ça les élections sous le contrôle du régime Assad et c’est ça les élections qui se déroulent au Moyen-Orient sous les dictatures.

Les civils de l’intérieur de la Syrie, de Deraa à Idlib, ont largement démontré, par la poursuite des manifestations, que les élections de mai 2021 n’ont eu aucune forme démocratique et n’ apportent donc aucune légitimité à aucune autorité politique.

En effet, ces Syriens qui pour la plupart sont à l’intérieur du pays, s’accrochent toujours à nos revendications de justice et de démocratie. Et nous sommes surpris de voir qu’ils ne sont pas fatigués, eux qui sont à l’intérieur de la Syrie, alors que  nous  à l’extérieur le sommes.

J’ai un seul ami suisse. Mon ami est fier que la Suisse puisse accueillir la rencontre de Biden et Poutine, les présidents des deux pays les plus puissants du monde. Il est aussi fier de l’équipe nationale de football qui a fait des progrès remarquables récemment, et surtout, il est fier que la Suisse soutienne financièrement des organisations concernées par la justice en Syrie, comme la nôtre….

Nous espérons que vous préserverez la fierté de mon ami et que les positions politiques suisses et l’argent des impôts n’iront pas aux criminels de guerre ni aux mauvaises orientations.


Situation Humanitaire et Politique en Syrie: Témoignages au Palais Fédéral (1/4 M. Karkoutly)

Situation Humanitaire et Politique en Syrie: Témoignages au Palais Fédéral (3/4 T. Chamaa)

Situation Humanitaire et Politique en Syrie: Témoignages au Palais Fédéral (4/4 I. Malki)

STOP aux massacres en Syrie

« STOP aux massacres en Syrie! » était le thème du rassemblement de la diaspora syrienne, le 10.02.2018, devant l’ONU à Genève, qui a réuni une soixantaine de personnes. Une dizaine de rassemblements semblables ont eu lieu dans plusieurs villes en Europe et aux USA entre le 9 et le 11 février 2018. Plusieurs militants et militantes suisses et français se sont joints au rassemblement à Genève. Plusieurs personnalités syriennes sont venues de France pour y participer, Brita Hagi Hassan, ancien maire d’Alep-Est, Akram Al Ahmad, journaliste d’Idleb, de passage en France, et Bachar,  ancien détenu du régime Assad qui a passé quatre ans en détention et qui vient d’arriver en France.

Rassemblement devant l’ONU à Genève, le 10.02.2018

Les activistes qui ont pris la parole ont dénoncé l’intensification de l’offensive militaire des forces russes et de celles d’Assad dans les régions d’Idleb et de la Ghouta de Damas et ils ont appelé au boycott de la RussieIls ont dénoncé en particulier l’utilisation à répétition des armes chimiques, violant à maintes reprises les résolutions 2118, 2209 et 2235.

Ils ont rappelé qu’il n’y a pas d’avenir pour la Syrie avec le régime Assad, ni avec la Russie et l’Iran comme garants de la paix en Syrie alors qu’ils sont eux-deux des pays agresseurs et même envahisseurs;

– que toutes les interventions militaires étrangères sont condamnables y compris celle de la Turquie à Afrin et que les civils arabes et kurdes sont les principales victimes de ces interventions;

– qu’Il n’y a pas d’avenir pour la Syrie sans la justice et le jugement de tous les responsables des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité. 

 

Ils ont aussi appelé à l’arrêt de tous les bombardements en Syrie, à la libération des détenus, à la levée des sièges et au départ de toutes les forces étrangères en Syrie, pour rendre possible une solution politique réelle et sérieuse.

Akram Al Ahmad, a parlé de la situation catastrophique à Idleb et du déplacement interne des habitants de Mua’arat Al-Nu’man et de Saraqeb, cette dernière ville qui a subi un bombardement avec du chlore toxique il y a moins d’une semaine. Il a dénoncé le ciblage par l’aviation russe et celle d’Assad des infrastructures, des installations médicales et des quartiers résidentiels. Il a également exprimé les craintes de la population d’Idleb suite aux manoeuvres du régime syrien pour laisser Daesh s’infiltrer à l’intérieur d’Idleb, ce qui laisse présager une action militaire semblable à celle de Raqqa qui a laissé cette dernière en ruine. Il a expliqué cette offensive barbare de la Russie comme étant une réaction primaire à l’échec de la conférence de Sotchi  boycottée par l’opposition.

Brita Hagi Hassan a  insisté sur la violation des résolutions du conseil de sécurité relatives à l’utilisation des armes chimiques:

« Tout le monde sait que le régime criminel d’Assad avait commis le massacre chimique dans al-Ghouta de Damas qui a coûté la vie à 1400 personnes en dix minutes. La majorité des victimes étaient des femmes et des enfants. Les armes chimiques ont été utilisées à répétition depuis cette date. Plus de 100 civils ont trouvé la mort à Khan Sheikun suite à l’utilisation de gaz sarin en avril 2017. 

Il y a quelques jours, la ville de Saraqeb à Idleb a été bombardée avec du Chlore gazeux. Dans le même contexte, les armes chimiques ont été utilisées plus de 150 fois au cours des années précédentes (depuis 2013). ». Il a aussi dénoncé les manoeuvres de l’ONU en vue de contourner ses propres résolutions (2118, 2254) afin de réhabiliter le dictateur criminel pour le maintenir à la tête de la Syrie. 

Vous pouvez trouver ces deux interventions avec leur traduction dans la vidéo:

https://www.facebook.com/eljazayeri/videos/1780148892067438/

Une transmission en direct par internet de l’intervention d’Abu Shadi, un activiste de l’intérieur de la Ghouta assiégée, a été effectuée pendant le rassemblement. Il a exprimé les craintes des habitants d’al-Ghouta relatives à un futur massacre chimique semblable de celui d’août 2013. Cette crainte vient du silence de la communauté internationale face à l’utilisation répétitive des armes chimiques à plus petite échelle,  qui rappelle les circonstances qui ont précédé le massacre de 2013. Son intervention peut être écoutée dans la vidéo (min 13:22):

https://www.facebook.com/hamidikaiss/videos/1461942057265588/

Bachar, ancien détenu et ressortissant de la Ghouta de Damas a finalement pris la parole pour dire qu’il travaillait dans l’aide humanitaire lorsqu’il s’est fait arrêter avec ses amis activistes. Il a dit être le seul survivant du groupe. Il a finalement enlevé son bonnet pour montrer à la foule les séquelles des tortures subies en détention soit: l’arrachement complet du cuir chevelu sur le dessus de son crâne, une blessure monstrueuse!

Le rassemblement s’est terminé par les chants de la révolution.

Plusieurs médias suisses étaient présentes.

FSD et CAA

De la Ghouta à Raqqa

Il y a quatre ans, le régime syrien lançait une attaque chimique sur la Ghouta de Damas qui faisait plus de 1400 victimes. Comme ça, d’un coup, en une nuit, des familles entières, des villages entiers, anéantis, sans aucune trace de sang. A l’époque, beaucoup ont appelé à une intervention internationales, pour qu’enfin cesse le bain de sang. N’avait-on pas annoncé que l’utilisation des armes chimiques serait une ligne rouge? On en voyait enfin le bout! Mais 2013 n’a pas été que l’année du premier massacre chimique conséquent, elle a également été l’année où nous avons cessé de croire aux lignes rouges, aux droits de l’Homme et aux institutions internationales, pour ceux d’entre nous qui avaient la naïveté d’encore y croire.

Commémoration à Genève du massacre chimique à al-Ghouta de Damas le 21.08.2013

La réaction a tout d’abord été de rassurer Bachar, si frappes il y avait, elles seraient ciblées. Puis un compromis a été trouvé! Nous n’avons pas besoin d’intervenir, se dirent-ils, il suffit de lui faire livrer ses armes chimiques et le problème est résolu. Le message était claire, son tord n’était pas d’avoir massacré plus de 1400 personnes dans leur sommeil autant que de l’avoir fait avec des armes interdites. Continue seulement, disaient-ils, tout est permis sauf les armes chimiques! Les années se sont écoulées et avec elle les victimes, le plus souvent d’armes conventionnelles telles que par exemple les barils TNT ou les missiles guidés.

4 ans, 174 attaques aux armes chimiques et les déboires d’une coalition anti-terroriste plus tard, intervention il y a eu. Juste pas contre le régime . Alors que des bombes internationales pleuvent sur Raqua, faisant bien plus de victimes civiles que de victimes de Daesh, et que le boucher de Damas règne en maître absolu sur ce qu’il reste de son carnage, curieusement réhabilité dans son rôle de président, on ne peut s’empêcher de se poser la question, intervention, soit, mais pour qui?

C’est l’impunité des criminels de tout bords qui alimente le terrorisme et toutes les bombes du monde n’y changeront rien, bien au contraire. C’est avec beaucoup de retenue que l’on dénonce aujourd’hui les frappes  anti-terroristes, peut-être par peur d’être accusés de soutenir le terrorisme. Mais nos pensées vont aux victimes de l’intervention  internationale comme elles vont à celle de l’inaction internationale qui l’a précédée.

Genève, le 30.08.2017

FSD

Commémoration du 4e anniversaire du massacre chimique à al-Ghouta de Damas

Rassemblement pacifique devant l’ONU à Genève

en mémoire des 1477 victimes du massacre chimique à al-Ghouta

mercredi le 30 août de 17h30 à 18h30

Quatre ans déjà et le crime continue. Photo de LVDS

Le mois d’août marque la commémoration du massacre chimique commis par le régime syrien à al-Ghouta de Damas le 21.08.2013. Ce dernier a fait plus de 1477 victimes dont plus de 400 enfants, et plus de 6000 blessés en une seule nuit. Cette nuit-là, 16 missiles chargés de gaz sarin se sont abattus sur dix localités de la région al-Ghouta de Damas. Les secouristes et les responsables media de la région qui se sont rendus sur les lieux de l’attaque pour secourir la population et documenter les faits ont été eux-mêmes blessés ou ont trouvé la mort. Suite à cette attaque, les armes chimiques auraient été supposément retirées de Syrie ; le dictateur à sa tête est lui resté à son poste et il continue à exterminer sa population à l’aide d’un large éventail d’armes, chimiques ou conventionnelles, notamment ce même gaz sarin utilisé le 4 avril 2017 à Khan-Cheikhoun dans la banlieue de Idleb. Depuis le massacre de al-Ghouta en août 2013, l’utilisation d’armes chimiques par le régime a été documentée 174 fois sans réaction effective de la communauté internationale, ceci malgré les résolutions 2118 et 2235 du conseil de sécurité. Six ans de barbarie et la communauté internationale continue à s’étonner à chaque nouveau massacre. Plus de la moitié de la population est aujourd’hui déplacée, plus d’un million souffrent d’un handicap à la suite de blessures, plus de 500’000 personnes ont trouvé la mort, tandis que les centres de détention entretiennent l’abomination qu’est la torture, et la communauté internationale se contente de s’étonner !!! Pire encore, cette communauté semble aujourd’hui oeuvrer pour rendre sa légitimité au régime Assad afin de le maintenir à la tête de la Syrie.

A l’occasion de cette commémoration, nous Syriennes et Syriens, dénonçons les bombardements des forces d’Assad et ses alliés qui continuent à sévir à al-Ghouta de Damas et ailleurs en Syrie, ceci malgré la désescalade officielle, organisée et surveillée par la Russie. Nous réaffirmons également notre refus du maintien du régime Assad, responsable des massacres chimiques et de bien d’autres crimes, dans le cadre de toute transition ou toute solution politique pour l’avenir de la Syrie. Nous rappelons également les revendications du peuple syrien, celles d’une paix juste, fondée sur le jugement de tous les responsables de crimes contre l’humanité et de crimes de guerre, celles de liberté, de dignité et de démocratie, ceci dans le cadre d’un état de droit basé sur la citoyenneté.

Vive la révolution Syrienne et vive le peuple syrien qui fait face à une tyrannie hors norme et à toutes sortes d’interventions militaires étrangères sur le territoire syrien.

Organisé par: la diaspora syrienne avec l’initiative de FemmeS pour la Démocratie et Solidarity Organisation for Syria
Soutenu par: Mouvement pour le socialisme, http://www.alencontre.org, La Brèche et SolidaritéS

Venez habillés en jaune ou en noir si possible.

Pour plus d’information: https://www.facebook.com/events/1239222229540959/

SYRIE: Kerry et Lavrov chantres d’une politique internationale totalement immorale

Chronique de la Syrie

Le 14 septembre 2013 il y a tout juste trois ans, un accord a été conclu entre Kerry et Lavrov pour sauver le régime Assad suite à son utilisation d’ armes chimiques à al-Ghouta en Syrie le 21 août 2013; un massacre qui a fait plus de 1400 victimes, dont plus de 310 femmes et enfants, en une seule nuit.

Sauvez les enfants en Syrie!

Victimes des armes chimique le 21 août 2013!

Cet accord avait pour but de sauver le régime Assad, mais aussi et surtout d’arranger Israël en neutralisant l’arsenal chimique de la Syrie. L’accord ignorait totalement les victimes, qui n’ont même pas reçu d’aide de l’ONU pour les soins. Du coup, et sans aucun égard pour les victimes, les responsables de ce crime ont échappé à la justice et sont toujours en liberté, coup mortel donné à la justice internationale. Cet accord est le produit de soi-disant arrangements politiques des puissances mondiales qui ont encore une fois terni le visage de la politique internationale. Yassin Al Haj Saleh, écrivain syrien, écrit dans son article que ce jour du 14 septembre 2013, il y a eu trois cadavres de plus: ceux de la vérité, de la justice et de la politique et il n’a pas tort.

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Le 10 septembre 2016, trois ans plus tard, Kerry et Lavrov viennent à nouveau de conclure un accord sur la Syrie, pour donner le coup de grâce à la révolution syrienne. Un accord survenu après avoir laissé largement le temps à Assad, en lui accordant délai après délai, d’épuiser les régions assiégées par la famine et les bombardements, mais cette fois pas seulement par les forces du régime mais aussi par celles de la Russie, avec l’aide des milices sectaires chiites de l’Iran, du Hezbollah, de l’Irak et d’ailleurs. Cet épuisement a conduit à « l’évacuation » de la population dans plusieurs régions (comme Darayya, Moua’damiya, et bientôt à al-Waer), sous surveillance onusienne. Une évacuation qui signifie en réalité un changement démographique forcé de la population dans ces régions où l’on remplace les habitants actuels par des chiites importés d’ Irak, d’Iran et du Liban, avec la bénédiction de l’ONU! Les trois points divulgués de l’accord de Kerry et Lavrov sont: un cessez-le-feu à partir du 12 septembre, l’acheminement de l’aide humanitaire et surtout un combat commun contre le terrorisme. La révolution est oubliée totalement et le dictateur et ses crimes aussi. Cet accord nomme Daech et al-Nosra comme organisations terroristes à combattre en Syrie mais oublievolontairement les milices sectaires chiites pro-régime! Un accord dont se dégage la puanteur d’une politique internationale totalement immorale!

Il est bon de noter que dans l’intervalle entre la conclusion de l’accord et son entrée en vigueur, les civils en Syrie ont vécu l’enfer de l’intensification des raides aériens russes et syriens à Idleb, Alep assiégée et Douma. A Idleb on dénombre 62 victimes parmi les civils dont 13 enfants pour les seuls bombardements de samedi 10 septembre qui ont ciblé le marché la veille d’El-Eid.

Rappelons-nous que depuis 2013, les enfants et les civils syriens continuent à suffoquer sous des bombardements au chlore dans les régions sous contrôle de l’opposition… Le réseau syrien des droits humains a documenté 137 utilisations du chlore par les forces du régime  depuis septembre 2013, et les criminels restent libres, ne sont jamais qualifiés de terroristes, mais de gouvernement « légitime »!

Les massacres des civils continuent en Syrie

Deux ans après les massacres chimiques à al-Ghouta à Damas, le régime syrien continue à utiliser tous les moyens pour exterminer toute la population qui a osé un jour se soulever et revendiquer ses droits de liberté, dignité et démocratie. Le 16 août 2015 l’aviation du régime syrien a ciblé un marché à Douma à al-Ghouta, faisant plus de cent victimes. Quatre ans de barbarie du régime syrien et la communauté internationale continue à s’étonner à chaque nouveau massacre. La moitié de la population est aujourd’hui déplacée, un million de Syriens sont handicapés, plus de 250’000 syriens ont trouvé la mort, les centres de détention syriens cultivent l’horreur de la torture et la communauté internationale se contente de s’étonner !!!

A l’occasion du deuxième anniversaire du massacre par armes chimiques dans les banlieues de Damas, FSD diffuse la déclaration_ lancée par plusieurs organisations en France :


Association de solidarité avec les Femmes Syriennes, Souria Houria, 
Collectif urgence solidarité Syrie, Syrian Woman’s Network, Déclaration de Damas / France,  Syrian Democratic People’s Party

et signée par plusieurs organisations dont FemmeS pour la Démocratie.

Massacres de Douma en août 2013 et en août 2015

             Massacres de Douma en août 2013 et en août 2015

Empêchez les massacres chimiques en faisant chuter le régime assassin de Bachar El Assad

Le 21 août prochain marquera le deuxième anniversaire du massacre chimique commis par le régime syrien de Bachar El Assad en 2013 dans les deux Ghouta de Damas où des attaques ont été lancées avec des armes de destruction massive interdites depuis la première guerre mondiale. Ces attaques au gaz sarin toxique ont causé la mort de 1454 civils en majorité des femmes et des enfants, des milliers de personnes ont été gravement atteintes, sans parler des déformations apparues par la suite chez les embryons, et des effets désastreux causé à l’environnement.


Franchissant les lignes rouges que lui avaient fixées des puissances internationales, le régime n’a pourtant été désarmé que d’une partie de son arsenal chimique, celui près à l’emploi, répondant à des considérations régionales et internationales mais pas à la sécurité des civils syriens ni aux principes du droit humanitaire international, laissant intacts les capacités de ce régime criminel à produire et utiliser des armes sales tels que les gaz au chlore, moins compliqués et moins coûteux à confectionner, que ce régime ne cesse d’employer jusqu’à aujourd’hui contre les populations des zones en révolte.

Des ONG locales et internationales ont documenté des dizaines d’attaques de ce type dans de nombreuses régions de Syrie, ayant fait des centaines d’autres martyrs. En outre, ce régime continue d’utiliser des armes classiques ayant une grande capacité de destruction massive telles que des barils d’explosifs que larguent ses hélicoptères contre les zones résidentielles échappant à son contrôle et abritant les forces révolutionnaires syriennes. À cet arsenal de destruction, le régime a ajouté récemment des mines marines.


Les ONG indiquent que l’étendue des destructions, le nombre de morts, de blessés et de réfugiés restent en constante progression et que les syriens continuent d’être laissés seuls face à un régime criminel soutenu par des forces internationales et régionales non moins criminelles que lui, et aussi méprisantes du droit international.


Les organisations signataires de cette déclaration appellent toutes les forces politiques, les organisations de la société civile, les ONG, les démocrates, défenseurs de la liberté, des droits de l’homme et de la justice partout dans le monde à unir leurs efforts pour pousser le conseil de sécurité de l’ONU à :


1- Prendre des mesures efficaces pour empêcher définitivement le régime syrien d’utiliser l’aviation militaire et les armes de destruction massive contre la population civile.

2- Établir des zones de sécurité sur le sol syrien pour protéger les civils et faciliter le retour des réfugiés avec tout ce que cela implique légalement et pratiquement.


3- Retirer la légitimité internationale au régime d’Assad et exclure ses criminels de la solution politique, afin de créer un environnement propice à la lutte contre le terrorisme pour éradiquer ce dernier.

… et les bombardements chimiques d’Assad continuent!

Chronique de la Syrie

En septembre 2013, le conseil de sécurité a adopté la résolution 2118 suite à l’attaque chimique des forces d’ Assad contre al-Ghouta qui a causé la mort de plus de 1400 adultes et enfants en une seule nuit. Cette résolution implique «  qu’en cas de non-respect de la présente résolution, y compris de transfert non autorisé ou d’emploi d’armes chimiques par quiconque en République arabe syrienne, le conseil imposera des mesures en vertu du Chapitre VII de la Charte des Nations Unies ». Depuis cette date le régime Assad n’a jamais cessé d’utiliser le chlore contre les populations des régions qui ont échappé au contrôle du régime. Ceci a conduit à une nouvelle résolution 2209 le 6 mars 2015 qui cite clairement l’interdiction de l’utilisation du chlore et souligne « que les personnes responsables de l’utilisation comme arme de produits chimiques, y compris le chlore ou tout autre produit chimique toxique, doivent répondre de leurs actes ».
Dix jours plus tard, suite à la libération d’Idleb, Sermine a été ciblée avec des barils de chlore causant la mort d’ une famille de six personnes dont trois enfants en bas âge et des dizaines de cas d’étouffements. Depuis cette date, les barils de chlore lancés par les hélicoptères d’Assad (le seul a avoir le contrôle de l’aviation) sont régulièrement utilisés dans le silence absolu non seulement du conseil de sécurité mais du monde entier. Ce silence montre dans ce cas que ces résolutions ne vont pas au delà de la parole et restent des résolutions verbales sans aucun effet.
Le Réseau Syrien des Droits de l’Homme a publié le 20 avril un rapport documentant 87 violations de la résolution 2118 dont 15 violations depuis le 6 mars 2015 .
Actuellement, le nombre de ces attaques chimiques est en augmentation nette. Cette utilisation accrue du chlore est motivée par l’affaiblissement des forces du régime au sol, sa perte du contrôle de la région d’Idleb au nord du pays mais aussi et surtout par le silence continu de la communauté internationale vis-à-vis du non respect des résolutions de l’ONU. Aujourd’hui même deux villages du gouvernorat d’Idleb, Machmachane et Ein el-Souda, ont été ciblés par des barils de chlore provoquant des dizaines de blessés dont beaucoup de cas d’étouffements parmi les enfants (voir vidéo).

15.05.2015 Cas d'étouffements parmi les enfants (Machmachane - Idleb)

15.05.2015 – Des cas d’étouffements parmi les enfants (Machmachane – Idleb)

La grande crainte des Syriens est aujourd’hui de subir prochainement une deuxième attaque chimique de grande échelle, comme celle d’al-Ghouta !

FSD

UNE NOUVELLE « LEGITIMITE » POUR ASSAD?

Chronique de la Syrie

Fort de sa nouvelle pseudo-légitimité, Bachar Al-Assad innove pour le 4e anniversaire de la révolution: des barils chimiques pour les enfants de Sarmine (Idleb), après ceux d’al-Ghouta (Damas) en août 2013.

La nuit du 16 au 17 mars, à l’occasion du 4e anniversaire de la révolution syrienne, Assad a envoyé un cadeau spécial vers le nord de la Syrie, en territoire libéré de son contrôle: un bombardement par l’aviation militaire avec utilisation de barils d’explosifs avec des gaz mortels sur les régions d’Idleb (Sarmine et Salqine). Le nombre de blessés à Sarmine est d’environ cent personnes dont des enfants et une famille entière a déjà trouvé la mort (les parents avec trois enfants en bas âge et la grand-mère). Ce nombre est susceptible d’augmenter dans les heures qui suivent. A Salqine, on ne rapporte pas de blessés pour l’instant.

Attaques chimiques du régime syrien sur Sarmine le 17 mars 2015.

Attaques chimiques du régime syrien sur Sarmine le 17 mars 2015.

Suite à la déclaration de John Kerry le 15 mars, Assad s’est manifestement senti protégé et donc à l’abri de la justice. Pour tester cette protection nouvellement annoncée, il a utilisé une fois encore les armes chimiques à Idleb. Aujourd’hui, il est sans aucun doute prêt à exterminer toute la population des régions qui ont échappé à son contrôle pour étouffer la révolution et récupérer le pouvoir sur tout le territoire syrien.

Nous adressons donc ce message à tous les politiques, diplomates et parlementaires des pays occidentaux qui se disent partisans de la liberté et des droits de l’homme : « Si vous allez à Damas pour serrer la main du dictateur criminel qui a les mains souillées du sang syrien, sachez que vos mains en seront tâchées pour toujours. Vous deviendriez ainsi complices de crimes contre l’humanité ! ».

Témoignage de l’intérieur :

« J’espère que ces photos ne dérangent pas trop ceux qui œuvrent à l’élimination du peuple syrien en silence et sans scandale. Je vous jure que ces enfants ne sont pas des terroristes, ne sont pas contre “la résistance à Israël”, ne sont pas des partisans de Daech (ISIS). Je publie leurs photos ici en souvenir d’eux, car ils nous ont quitté pour toujours. Je ne sais pas si le fait de les tuer par gaz mortel apporte une solution ou si cela représente une victoire militaire définitive… si c’était le cas alors la paix soit sur leurs âmes, car leur mort serait justifiée pour mettre fin au « complot contre le régime »…

Je n’ai aucun espoir que la conscience humaine se réveille, je n’appelle pas non plus à la vengeance. Celui qui les a tués est lui aussi un être humain comme nous et il a des enfants comme ces enfants et je n’accepterais pas que ses enfants payent le prix de sa colère contre nous… nous n’avons que la patience et nous ne disons que ce qui satisfait Dieu.

Mais excusez-nous car nous avons perdu la raison et ne soyez pas surpris de voir une augmentation sensible du nombre de Syriens qui meurent des effets secondaires de cette oppression, parce que mourir d’une crise cardiaque est mille fois plus simple qu’une mort lente mille fois par jour.

J’adresse mes condoléances aux syriens du gouvernorat d’Idleb, à Sarmine, Qumeinas, Kafr-Takharim et Salqine et à chaque mère qui a perdu un fils ou un frère, un mari, un père ou qui a perdu toute sa famille d’un coup… Nous n’avons de soutien que Dieu. »

Autres liens :

Rapport détaillé du centre Insane pour la documentation

https://www.facebook.com/video.php?v=456660464486975

https://www.facebook.com/sarmeeen.cor

http://www.thesyriannetwork.net/2015/03/17/10155496031460732/

https://www.facebook.com/pages/%D8%AA%D9%86%D8%B3%D9%8A%D9%82%D9%8A%D8%A9-%D8%A7%D9%84%D8%AB%D9%88%D8%B1%D8%A9-%D8%A7%D9%84%D8%B3%D9%88%D8%B1%D9%8A%D8%A9-%D9%81%D9%8A-%D9%82%D9%85%D9%8A%D9%86%D8%A7%D8%B3-%D8%A7%D8%AF%D9%84%D8%A8/383670811698551

FSD

Le terrorisme de Daech tout le monde en parle, le terrorisme d’Assad plus personne n’en parle

Contribution de FSD lors d’un séminaire à Zürich, le 11 octobre 2014

Actuellement et depuis la formation de la coalition internationale, les médias nationaux et internationaux parlent beaucoup de l’Etat Islamique (Daech selon l’acronyme arabe), de sa terreur et des frappes de la «coalition internationale». On a l’impression qu’il ne se passe plus rien, ailleurs, en Syrie.

Résumé de la situation en Syrie d’Assad actuellement :

Le régime-clan de Bachar al-Assad continue de bombarder les différentes régions de Syrie (gouvernorats de Alep, Idleb, Hama, Homs, Damas-Campagne et Damas, Daraa, al-Quneitra,…) en utilisant toutes sortes d’armes :

  • Barils explosifs (TNT avec fragments de métaux) qui causent beaucoup de destruction, font de nombreux blessé·e·s graves et multiplient les morts parmi les civils (partout Alep, Hama, Idleb, Homs, Damas-campagne, Daraa, al-Quneitra, etc.…). Ces engins de mort sont moins chers et de fabrication locale!
  • Missiles sol-sol. Ces missiles ont été utilisés depuis 2012 pour cibler Alep (au nord) depuis Damas (au sud). Actuellement ils sont toujours utilisés. Citons deux cas récents:

Le 8 octobre 2014, sur Al-Waer (quartier de Homs toujours assiégé), deux missiles sol-sol ont été lancés, l’un d’eux a touché un bâtiment d’habitation et a tué une dizaine de civils dont des enfants et plus de 40 personnes ont été blessées.;

Le 10 octobre 2014 al-Harra, à Daraa, a été ciblé par un missile sol-sol qui a tué une dizaine de personnes parmi les civils, dont des enfants.

  • Bombes à fragmentation. Ce genre de bombes cause beaucoup de dégâts et de victimes sans compter les dangers à plus long terme, car dispersés sur le sol les micro-explosifs blessent ou tuent des enfants qui les touchent ou des personnes qui marchent dessus. Le 10 octobre 2014 une bombe à fragmentation a été lancée dans la région d’Idleb.
  • Gaz, donc une arme chimique, continue à être utilisé à petite échelle, entre autres de la chlorine qui, formellement n’est pas incluse dans les «armes chimique». Tout indique qu’il reste des armes chimiques. Le 24 septembre, le lendemain des frappes de la «coalition internationale» (de fait, les Etats-Unis) en Syrie, Aadra (aux environs de Damas) a été touchée par du gaz mortel. Le 10 octobre, Handarate, quartier d’Alep, a été touché par du gaz mortel.
  • Mortiers et roquettes sont toujours utilisés… «sans modération»

Autres armes utilisées 

  • Les snipers, sont toujours en fonction et ce sont des tueurs professionnels.
  • Les Milices sectaires d’Assad et autres groupes étrangers sectaires sèment la terreur, comme le groupe libanais du Hezbollah, le groupe irakien d’Abou Fadl al-Abbas et les combattants des Gardiens de révolution envoyés par le pouvoir iranien.
  • Les enlèvements restent d’actualité.
  • Le siège des villes et des quartiers, la famine et les coupures d’eau. Nous citons ici particulièrement le camp al-Yarmouk, dans Damas, qui est privé d’eau depuis un certain temps. Ce quartier de Damas est initialement un camp de réfugié·e·s palestiniens qui s’est transformé, au cours des ans, en un quartier «urbain».
  • Les arrestations sont plus fréquentes que jamais. Le régime vise les activistes, leurs familles, les humanitaires, les journalistes. Il n’est pas rare de trouver des familles entières dans les centres de détention d’Assad. Prenons, ici, le cas de Racha: Racha, la trentaine, voulait fuir la Syrie pour mettre ses enfants à l’abri. Le 22 mai 2014, elle s’est rendue au bureau des passeports à Damas avec ses trois enfants pour obtenir les documents adéquats. L’aîné de ses enfants est né en 2010 et elle était enceinte de 7 mois. Elle a été arrêtée avec ses trois enfants ce jour-là ; et elle a donné naissance à des jumeaux en détention !
  • Le viol… est une arme de dégradation et d’humiliation terrible et est utilisée contre les femmes ainsi que contre des hommes…
  • La torture qui peut aller jusqu’à la mort. Citons ici le cas de Abdel Rahman FATWA, 26 an, vétérinaire, de Homs, mort sous la torture le 9 octobre après 3 mois de détention à Tartous. Avant lui, son frère Jamal, pharmacien, a subi le même sort en 2011.

Nous voudrions préciser que depuis la prétendue «réélection» de Bachar Assad (début juin, avec 88,7% des suffrages!) et le décret présidentiel d’amnistie générale qui s’en est suivi, 679 détenus ont trouvé la mort sous la torture … Donc, une «moyenne» de 5 par jour.

Il faut souligner un constat depuis le début de la formation de la «coalition», la violence du régime de Bachar al-Assad s’est beaucoup intensifiée.

Que pensent les Syriens de la situation actuelle?

Un journaliste a demandé quelle était la position des Syriens (vivant en Suisse) par rapport à ces frappes, mais aussi par rapport à Daech et ses exactions. La position des Syriens de Suisse n’est pas différente de celle des Syriens de l’intérieur ou d’ailleurs dans le monde. En une formule: «nous partageons la même amertume»

Bien que nous soyons absolument contre Daech et ses exactions, que nous dénonçons avec force, d’ailleurs nous n’avons pas arrêté d’organiser des mobilisations contre Daech et contre Assad depuis l’été 2013, nous ressentons aujourd’hui beaucoup d’amertume par rapport à l’intervention de la coalition emmenée par les Etats-Unis. Les raisons de notre amertume sont les suivantes, parce que la terreur d’Assad dépasse largement celle de Daech et malgré cela «on le laisse tranquille».

Nous constatons que tous les crimes contre l’Humanité, perpétrés largement et systématiquement par le régime syrien contre «sa» population, ne comptent absolument pas dans cette décision de frapper la Syrie. Même pas les 1500 morts par les armes chimiques à al-Ghouta!

D’ailleurs, Assad a assassiné plusieurs étrangers en Syrie sans aucune réaction de la part de la « communauté internationale ». Nous citons en particulier le cas du médecin anglais Dr. Abbas KHAN, chirurgien qui aidait à soigner les blessés à Alep, qui a été arrêté en novembre 2012 et exécuté par le régime en décembre 2013 dans un centre de détention à Damas. Avant lui l’assassinat des journalistes à Homs, le français Gilles Jaquier en janvier 2012, l’américaine Marie Colvin et le français Rémi Ochlik en fév. 2012, n’ont entraîné aucune réaction de ladite communauté internationale non plus. Douze journalistes étrangers ont trouvé la mort par les soins du régime Assad.

Il a suffi par contre que deux Américains, James Foley et Steven Sotloff, soient tués (de manière certes de plus inacceptable) par Daech pour motiver cette intervention, mais contre Daech seulement!

Personne n’a bougé pour protéger les civils en Syrie pendant plus de trois ans de répression sanglante avec aujourd’hui plus de 200000 morts! Nous avons l’impression que la communauté internationale ne «protège» que les individus de certaines nationalités (occidentales surtout) et reste impassible face aux massacres que subit tout un peuple. Mais aussi, il faudrait que le ou les criminels visés soient les bons… or on ne s’attaque qu’à Daech, mais pas au dictateur-assassin Bachar al-Assad et à son clan rapproché !

Quelques données chiffrées pour mesurer la gravité de la terreur d’Assad:

1°. Au cours du seul mois de septembre 2014, il y a eu 2’375 morts en Syrie dont 1707 civils tués à cause suite à la répression du régime Assad, dont 294 enfants. Alors que Daech a tué 350 personnes en Syrie en septembre, dont 120 civils.

Ceci pour dire que le nombre de victimes du terrorisme d’Etat, toléré par la communauté internationale, reste bien plus grand que celui de Daech.

Néanmoins, il est certain qu’il n’y a pas de bon ou de mauvais terrorisme. Cette comparaison a pour seul objectif d’attirer l’attention sur le fait que le régime Assad est tout autant terroriste, et depuis fort longtemps, que Daech.

2°. Dans cette situation, on a l’impression que la stratégie de la coalition est d’affaiblir Daech et de maintenir la «crise» en Syrie avec une sorte d’alternative institutionnelle au sommet. Y –a-t-il un projet visant à affaiblir l’Armée Syrienne Libre (ASL) ou à la mettre dans une situation encore plus difficile tout en la «contrôlant» (avec deux bases dites d’entraînement au Qatar et en Arabie Saoudite…avec des délais mal définis ; et sous quelles conditions ?

L’intervention en Syrie a été présentée comme des frappes accompagnées d’aide aux combattants modérés sur le terrain. A Kobané (à la frontière avec la Turquie) les civils meurent aujourd’hui et les combattants kurdes manquent de balles ! Personne ne bouge pour leur venir en aide ! Les USA viennent de refuser d’appliquer une zone tampon sécurisée… Alors qu’il aurait fallu appliquer une zone d’exclusion aérienne sur la Syrie tout entière pour stopper la mort par les bombardements aériens !

4° «On» s’attaque à Daech et «on» laisse les autres groupes terroristes tranquilles… Combattre Daech seule et laisser tranquille tous les autres groupes terroristes chiites (Hezbollah, milices irakiennes et iraniennes) nous paraît très douteux! Si ce n’est parce que des relations avec le pouvoir iranien sont en marche du côté des Etats-Unis et de certains de leurs alliés.

En effet, l’effet de la présence de ces groupes chiites est de transformer la lutte des Syriens insurgés contre la dictature en une lutte sectaire, confessionnelle! Ceci risquerait fort de pousser certains Syriens et autres secteurs de la régions à se tourner vers l’extrémisme confessionnel… Ceci va certainement augmenter le déchirement au sein de la société syrienne et va aussi contribuer à ancrer l’extrémisme et à augmenter des actes de terrorisme, partout dans le monde, peut-être.

Le combat contre Daech augmente la souffrance de la population syrienne en premier lieu

Jusqu’à récemment, les civils syriens étaient les victimes du régime Assad et de ses alliés, mais aussi les victimes de Daech. Aujourd’hui, ils meurent aussi sous les missiles américains et leurs conséquences collatérales! Le premier jour des frappes, plusieurs cas de morts et de blessés ont été recensés parmi les civils (y compris des enfants), en Syrie.

Le 29 septembre 2014, la «coalition occidentale et arabe» a frappé une usine de Gaz et un stock de céréales à Deir Ezzor laissant les civils sans pain et sans combustible pour cuisiner! Nous n’avons pas entendu dire que des avions américains auraient parachuté de la nourriture pour les civils là-bas en Syrie comme ce fut le cas en Irak le 7 août 2014 – dans le Kurdistan, au nord de l’Irak.

Sans oublier que le fait d’oublier le terrorisme du régime Assad, encourage Assad à intensifier la violence et la répression contre sa population, ce qui est le cas aujourd’hui !

Bilan

Plus de morts, plus de blessés et plus de famine… sans espoir de voir enfin quelqu’un s’occuper de protéger les civils en Syrie contre un régime qui n’a jamais arrêté la terreur contre la population depuis plus de trois ans.

Cela ne peut qu’augmenter le ressentiment des Syriens contre les pouvoirs en place aux Etats-Unis et en Europe occidentale.

Craintes des Syriens

Nous ne savons pas ce qui se passe en coulisses. Après l’annonce par la coalition qu’elle ne collaborerait pas avec Assad, ce dernier a annoncé qu’il considérait ces frappes comme une agression.

Ensuite, Assad a tout soudainement déclaré qu’il soutenait les frappes occidentales. La «coalition» va-t-elle vraiment aider l’ASL («modérée») et les combattants kurdes syriens sur le terrain? On peut douter de cela quand on voit la politique du gouvernement de Turquie, plus soucieux de «contrôler les Kurdes» et de les frapper que de les aider (ne serait-ce qu’en laissant aller des forces kurdes aller se battre à Kobané). Obama a annoncé récemment que cette aide prendrait du temps (6 à 9 mois) dit-il, pour préparer l’ASL…Alors que l’ASL se bat sur deux fronts – contre Assad et contre Daech – depuis plus d’un an. Soit bien avant les frappes de la «coalition».

Que veulent les Syriens insurgés ?

Ce que nous souhaitons aujourd’hui c’est que la «communauté internationale» prenne enfin des mesures sérieuses pour mettre fin à toutes les formes de terrorisme en Syrie : celui du régime Assad, de Daech, d’Hezbollah, des milices iraniennes et irakiennes. Cela pour protéger les civils et mettre fin à ce bain de sang. Et ça commence par clouer l’aviation syrienne au sol et fournir un armement contre les avions, hélicoptère et les chars…

Terrorisme d’Assad et terrorisme de Daech, analogies et différences

Daech et le régime Assad, règnent par la terreur et la barbarie médiatisées. Tout le monde a vu ou entendu parler des vidéos de décapitation des journalistes occidentaux. Avant eux Daech a crucifié et décapité publiquement des Syriens qui s’opposaient à lui. Des vidéos ont circulé sur les réseaux sociaux dont le but était de terroriser la population.

Avant Daech, Assad a organisé des massacres collectifs à l’arme blanche dans plusieurs localités en Syrie. Nous rappelons ici le premier massacre collectif en mai 2012 à al-Houla à Homs où des familles entières ont trouvé la mort. Le but est également de terroriser la population.

Dans les deux systèmes, un seul maître existe et est «adoré» (ou soumis à une adoration contrainte) comme s’il était un Dieu (Bachar pour le régime syrien et Baghdadi pour Daech). La population ne compte pas dans ces systèmes sauf peut-être pour y être soumise.

Ciblage des activistes, journalistes, médecins, humanitaires… pour empêcher toute forme d’activités constructives de la société civile.

Se dessine un objectif analgue : étouffer une révolution et détenir un pouvoir absolu !

Une grosse différence cependant entre ces deux formes de terrorisme

1° Assad terrorise principalement sa propre population. Si nécessaire, il n’hésite pas à tuer ceux qui, parmi les Occidentaux, aident la population syrienne… Cette forme de terrorisme est de moindre importance pour la «communauté internationale», ça se passe ailleurs, à la limite tout le monde s’en fiche. Tant qu’il ne s’agit pas «des nôtres»… Même si la durée de cette terreur dépasse les trois ans et demi…et la précédait sous d’autres formes moins visibles et moins amples.

Daech terrorise des populations sous son emprise (villes occupées, population qui ne se soumette pas à ses ordres), mais il suscite une crainte dans les pays occidentaux, et cela d’une façon très médiatisée.

Cette forme de terrorisme est beaucoup plus grave pour la «communauté internationale», car ça touche aussi, potentiellement, l’Occident !

C’est dans cette différence qu’Assad a trouvé dès le début les moyens de manipuler les opinions.

Stratégie et propagande d’Assad :

Etant conscient de cette différence importante, Assad a orienté sa machine de propagande dès le début des manifestations pacifiques pour s’acheminer vers la situation dans laquelle on se trouve aujourd’hui!

Il a accusé les manifestants d’être des salafistes (courant fondamentaliste, renvoyant au terme arabe salaf ; «ancêtre», «prédécesseur») dès la première manifestation en mars 2011. Afin de défigurer la révolution et de lui donner une couleur d’islamisme extrémiste. Cette propagande a été maintenue sans faille tout au long, même si elle n’avait aucune base sur le terrain au moins jusqu’à fin 2012,

Il a opté pour une répression violente, pas seulement contre les activistes, mais aussi contre leurs familles pour les pousser à prendre les armes, sachant que la résistance armée peut être plus facilement manipulée…

Malgré la violence, les manifestations sont restées pacifiques pendant six mois. Ensuite, les armes ont été utilisées d’abord pour protéger les manifestations et les lieux de protestation. Ensuite et suite à l’échec de la mission spéciale de l’ONU, conduite par l’ex-secrétaire général, Kofi Annan, en été 2012, l’offensive du régime a beaucoup augmenté. Il n’ y avait plus aucun choix possible de résistance pacifique.

Assad a annoncé à plusieurs reprises une amnistie générale… ceci depuis 2011. A chaque fois, il a libéré surtout des détenus islamistes fondamentalistes…

Il a ciblé particulièrement les journalistes, les activistes laïques, les Syriens et Syriennes, éduqués, cultivés et patriotiques qui pourraient aider à rassembler la population (ils ont disparu, ont été tués, détenus, ou été poussés à fuir…).

Mais également la violence et les massacres collectifs ont été orientés afin d’ attiser le sectarisme. Ces tueries ont ciblé particulièrement les sunnites, le plus probablement pour stimuler des réactions des islamistes.

Quelques points d’interrogation à propos de rapports entre Assad et Daech?

Ceux et celles qui connaissaient le rôle joué par Assad dans la manipulation d’al-Qaïda en Irak suite à la guerre américaine de 2003, peuvent cogiter sur son possible rôle dans le lancement de Daech en Syrie au printemps 2013.

Nous rappelons, ici, le cas de James Folley le premier journaliste décapité par Daech, ce qui a motivé (du point de vue de déclarations publiques) les frappes de la coalition.

James Foley a été détenu par le régime Assad dès novembre 2012, bien avant la naissance même de Daech (au printemps 2013). En mai 2013 encore, l’AFP a publié qu’il avait été enlevé par des milices pro-régimes et qu’il était entre les mains du service de renseignement à Damas. Et soudainement il se trouve entre les mains de Daech qui le décapite au moment même où Assad se propose comme partenaire pour la lutte contre le terrorisme. Une coïncidence. Ce dossier est bien évidemment connu des services d’intelligence des Etats-Unis.

Daech décapite d’une façon très médiatisée des journalistes et des humanitaires qui ne pouvaient pas rester immobiles et silencieux face à la catastrophe qui se passe en Syrie. Daech n’a jamais décapité un individu pro-régime d’Assad, jusqu’à tout récemment.

Ce qui est certain est que le régime ne s’en est jamais pris à Daech, et Daech ne s’en est jamais pris aux forces du régime, ceci jusqu’à la formation de la «coalition internationale». Tous deux s’attaquent, par contre, aux activistes et à l’ASL.

Aujourd’hui il est évident que les décapitations des journalistes ont soudé le monde entier dans une guerre anti-terroriste. Ainsi Assad et ses exactions ont été complètement oubliés. Et pire encore, peut-être même que la coalition cherchera-t-elle à l’avenir à collaborer avec lui dans le rôle du pompier pyromane, comme garant contre le terrorisme.

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En conclusion, on ne peut pas s’attaquer aux symptômes du terrorisme seuls… j’entends par-là Daech, et mettre entre parenthèses, ignorer l’origine même du terrorisme dans la région – et particulièrement dans sa base syrienne, j’entends ici le régime mafieux et criminel d’Assad.

(11 octobre 2014, Zurich)