Archives Mensuelles: décembre 2017

Déclarations de Poutine à Hmeimim, de la poudre aux yeux!

Depuis lundi 11 décembre 2017, les négociations de Genève 8 ont repris même si un doute plane sur leur aboutissement. Ce même lundi, Poutine a fait une escale surprise dans la base militaire de Hmeimim en Syrie où il a rencontré Assad et annoncé le retrait des forces russes de Syrie. Il est bien évident qu’aucun retrait substantiel ne sera effectué par la Russie. Quel est alors le but de ces déclarations? Sans doute s’agit-il de se donner un visage de pacificateur pour justifier le déplacement des négociations à Sotchi, dont personne ne veut à part Assad. Comment en effet oublier la sombre image de l’occupation russe qui, depuis plus de deux ans, supporte militairement le dictateur Assad pour tenter d’étouffer la révolution populaire syrienne en s’attaquant à la population civile dans les régions de protestations libérées du pouvoir d’Assad? Rappelons que dans ces régions, les populations avaient instauré, dès leur libération et avant d’être écrasées par l’aviation russe, des mécanismes démocratiques pour la gestion administrative qui auraient parfaitement pu former le noyau d’une alternative au régime Assad.
FSD a choisi de traduire un article concernant l’annonce du retrait russe, publié sur le site d’information Geroun.

                                      Rassemblement à Genève pour « Syrian Day of Rage », 14 octobre 2017

 

Le retrait russe, des déclarations pour la consommation médiatique

Geroun, le 11.12.2017

L’agence de presse russe NOVOSTI a confirmé lundi que le président russe Vladimir Poutine a ordonné au chef d’état-major et au ministre de la Défense de préparer le début du retrait des troupes russes de Syrie, ceci après une rencontre avec le président syrien Bashar al-Assad dans la base militaire russe Hmeimim qui se trouve dans la campagne de Lattaquié (nord-ouest).

L’annonce de Poutine remet en question le sérieux des intentions de retrait de la Russie de la Syrie et on est en droit de se demander si ces déclarations médiatiques ne sont pas liées à des problèmes internes à la Russie, notamment les prochaines élections, et le désir du gouvernement russe d’absorber la colère nationale.

« Je ne pense pas que la Russie envisage sérieusement de se retirer de Syrie car elle l’avait déjà annoncé plus d’une fois précédemment. Il s’agit très probablement d’une politique médiatique liée à des questions internes à la Russie et aux élections prévues pour mars prochain », déclare le capitaine Said Narkash. Il ajoute: « Poutine a l’intention de se battre”, ajoutant que “le retrait de la Russie signifierait la défaite du régime fragile d’Assad, qui, sans l’intervention de Moscou, appartiendrait déjà au passé. »
Il s’explique:  « L’intervention de la Russie, il y a deux ans ou plus, a eu lieu principalement pour consolider le régime d’Assad, considéré le seul capable de protéger les intérêts russes. Ce but n’a toujours pas été atteint car les rebelles contrôlent toujours de vastes régions du pays. Il faudrait aussi prendre en compte le fait que la Russie cible une présence russe en Syrie pour le long terme, d’abord parce que c’est le seul accès pour elle vers les eaux chaudes de la Méditerranée. D’autre part, la Russie tente d’utiliser le conflit syrien comme une carte pour renforcer ses positions face aux Américains et aux Européens, dans d’autres régions comme la Géorgie et l’Ukraine ».
Cette annonce de Poutine pendant cette période de temps a suscité des questions concernant la possibilité que la Russie change de position et s’engage dans un véritable processus politique en Syrie, en particulier après la confirmation de la fin de la guerre sur Daech et la défaite de cette dernière en Syrie. Poutine a souligné cette défaite lors de sa visite à la base Hmeimim lundi en disant: « Nos soldats rentrent chez eux victorieux aujourd’hui, et cette victoire a été obtenue après un court laps de temps qui n’a pas dépassé deux ans.».

A ce sujet, M. Narkash dit: « Je ne pense pas qu’un changement affectera la politique de Moscou ou ses positions vis-à-vis de la Syrie. Même l’annonce de la défaite de Daech n’est pas vraie et ne représente pas plus qu’un exercice médiatique pour soutenir l’orientation de Moscou et sa propre vision concernant la solution en Syrie, qui est basée sur ce qu’on appelle les accords de « réconciliation » avec le régime syrien ».

Il ajoute:  « Depuis deux ans, la Russie essaie d’imposer des compromis et des accords de « réconciliation » en exerçant la pression (militaire) sur les zones assiégées, même les accords pour la désescalade dont Moscou était garante à la Ghouta de l’Est ou à Qalamoun, n’ont pas abouti. La Russie a dû annuler la conférence du dialogue national qu’elle avait planifiée à Hmeimim. Par la suite, cette même conférence a été déplacée à Sotchi et la date a dû être repoussée plus d’une fois. Moscou ne peut imposer aucun règlement politique, au moins maintenant, en attendant un consensus russo-américain sur une solution globale en Syrie. »

D’autre part, une source qui préférait ne pas être nommée, a déclaré à Geroun: « Toutes ces déclarations russes concernant les intentions de Moscou de retirer ses troupes de Syrie sont pour la consommation médiatique, et sont liées à deux questions principales: la première c’est la question des prochaines élections présidentielles russes, la deuxième c’est pour donner un peu de sérieux aux négociations de Genève qui piétinent, ceci dans le but de convaincre les parties qui rejettent toujours la Conférence de Sotchi que c’est la seule conférence capable de parvenir à un règlement du conflit syrien. Dans tous les cas, la Russie tient à son unique accès sur la Méditerranée».

« La Révolution Continue », Rassemblement à l’occasion de Genève 8

« Syrie: La Révolution Continue » était le thème du rassemblement de la diaspora syrienne, le 30.11.2017, devant l’ONU à Genève, qui a réuni une cinquantaine de personnes. Plusieurs militants et militantes suisses et des représentants de l’opposition iranienne se sont joints au rassemblement. Plusieurs membres de la délégation du nouveau comité de négociation de l’opposition syrienne, nouvellement constitué, étaient également présents. Le rassemblement  a débuté par une minute de silence à la mémoire des Martyrs de la révolution syrienne.

Les activistes qui ont pris la parole ont dénoncé les manipulations de la communauté internationale pour former une nouvelle opposition « unifiée » à Ryadh 2 en vue de Genève 8. Ce qu’il faut entendre par « unifiée » c’est que l’opposition a été modelée selon la volonté de la communauté internationale, Moscou en particulier. Au sein de cette nouvelle opposition, il y a aujourd’hui la dite opposition proche de Moscou qui oeuvre pour le maintien d’Assad et celle proche du Caire qui ne s’y oppose pas. 

Ces dites négociations se passent donc entre la délégation du régime illégitime d’Assad et la délégation illégitime de l’opposition syrienne, ce qui vide ces négociations de tout sens.

Alors que jusqu’ici la Russie jouait simultanément le rôle d’allié d’Assad ( et donc d’agresseur du peuple syrien) et d’ arbitre du conflit; aujourd’hui, elle intègre à elle seule trois rôles : allié d’Assad, arbitre et opposant au régime ( pour le succès des négociations!).

         Rassemblement devant l’ONU à Genève, le 30.11.2017, à l’occasion de Genève 8.

Les orateurs ont aussi rappelé: 

– qu’il n’y a pas d’avenir pour la Syrie avec le régime Assad;

– qu’il n’y a pas d’avenir pour la Syrie avec la Russie et l’Iran comme garants de la paix alors qu’ils sont complices d’Assad pour les crimes commis en Syrie; 

– qu’il n’y pas d’avenir pour la Syrie sans la justice et le jugement de tous les responsables de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité. 

– que seule la justice pourra aider les Syriens à guérir leur énorme souffrance, pour pouvoir vivre en paix dans une Syrie qui leur garantisse la liberté, la dignité et la démocratie, leurs aspirations depuis le début de la révolution;

– que l’avenir en Syrie se fera avec une transition politique, sans le régime Assad, sans les groupes extrémistes et dans le respect de la diversité de tous les Syriens. 

Ils ont aussi appelé à l’arrêt de tous les bombardements en Syrie, à la libération des détenus politiques et au départ de toutes les forces étrangères de Syrie. Ils ont également dénoncé toute négociation à Sotshi ou ailleurs sous l’égide de la Russie.

                      Rassemblement à l’occasion de Genève 8.

Ahmad Ramadan, membre de la coalition de l’opposition et membre du nouveau comité de négociation a pris la parole sans aborder les sujets qui fâchent! Malgré cela des discussions tendues ont suivi concernant le manque de confiance des Syriens à l’égard de la nouvelle coalition de l’opposition.

Les chants de la révolution ont accompagné la fin du rassemblement.

Plusieurs médias étaient présents. 

FSD

PS: Pour la première fois depuis 6 ans le rassemblement a été terni par la présence d’un vandale venu piétiner le drapeau de la révolution et par celle d’un drone d’origine inconnue venu la surveiller.