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Le Veto sur les Questions Humanitaires Doit Être Aboli

Lettre ouverte à I. Cassis, conseiller fédéral et chef du DFAE:

La Suisse, membre et co-porteplume humanitaire du dossier syrien au sein du Conseil de Sécurité, doit agir en toute urgence pour libérer la question humanitaire du chantage politique.

Dans le nord-ouest syrien lors d’une manifestation le 17.07.2023

Monsieur le Conseiller fédéral, chef du DFAE,

Le 02.02.2023, notre collectif vous a adressé une lettre co-signée par plusieurs organisations inquiètes de la situation humanitaire dans le nord-ouest syrien ainsi que par une soixantaine de membres de la diaspora syrienne en Suisse. Dans cette lettre nous vous demandions d’oeuvrer pour que la question de l’aide humanitaire et des passages d’acheminement transfrontaliers vers la Syrie soit confiée à l’Assemblée Générale de l’ONU, loin du Conseil de Sécurité et de ses droits de veto, ceci pour donner à l’Assemblée Générale les moyens indispensables pour acheminer l’aide humanitaire aux personnes dans le besoin qui y ont droit. Votre réponse du 24.03.2023 affirmait simplement le besoin d’une résolution du Conseil de Sécurité pour que ces passages transfrontaliers soient fonctionnels. 

Depuis le récent veto russe du 11 juillet, nos craintes exprimées dans notre dernière lettre concernant la continuité de l’aide humanitaire pour plus de quatre millions de civils sont devenues réalité et c’est insoutenable pour cette population prise au piège et pour tous les syrien.nes touché.es par cette catastrophe.

Pourtant les organisations des droits humains affirment que cette situation est contraire à la loi internationale humanitaire et considèrent qu’il est honteux que « la diplomatie internationale fasse passer la politique avant les intérêts humains », comme le déclare Marc Schakal, responsable des programmes de MSF au Proche et Moyen-Orient. 

Suite à ce veto, le régime syrien vient d’informer l’ONU de son intention de donner son autorisation pour que l’aide humanitaire passe par Bab al-Hawa pendant six mois! Il est évident que ce n’est qu’une ruse de plus de la part de ce régime criminel pour préparer son retour dans le monde international suite à sa réintégration récente et honteuse dans le monde arabe.

Il nous semble important de rappeler ici que la majorité de ces quatre millions de civils dans le nord-ouest syrien, qui viennent de toutes les régions de Syrie, ont déjà subi plusieurs déplacements forcés pour fuir les sièges, les famines provoquées, les bombardements, les arrestations, la torture et les disparitions forcées avant de se retrouver pris au piège dans ces camps. Iels ont été forcé.es de quitter leurs maisons, leurs villes et villages parce qu’un jour iels ont trouvé le courage d’oser le rêve d’une future Syrie démocratique qui protège ses citoyens et garantit leurs droits, quelles que soient leurs appartenances ethniques ou religieuses. Ce rêve d’un Etat de droit en Syrie leur a valu une répression sanglante de la part d’un régime tyrannique secondé par les milices shiites libanaise, irakienne et surtout iranienne, soutenues par l’aviation russe qui a détruit l’essentiel des infrastructures, tout en expérimentant une panoplie d’armes interdites. 

Il nous est très difficile de croire que le dictateur qui a affamé la population civile dans les régions assiégées par ses forces armées et ses alliés souhaite aujourd’hui aider cette même population qui avait dû fuir ces régions et qui se trouve actuellement dans le nord-ouest syrien! N’oublions pas que cette région dévastée par le séisme de février dernier a été continuellement bombardée par le régime Assad et ses alliés, même pendant les opérations de secours, entravant volontairement la recherche de survivants. Et suite à ce séïsme qui a touché aussi les territoires sous contrôle du régime Assad, ce dernier a dérobé une grande partie de l’aide destinée aux victimes!

Le camp Rukban est par ailleurs un exemple d’actualité de la cruauté du régime Assad qui l’assiège depuis 2016 et qui empêche les organisations onusiennes d’y distribuer l’aide humanitaire.

Aujourd’hui nous espérons que les organisations onusiennes ne tomberont pas dans le piège de ces manipulations russo-syriennes et nous vous adressons notre demande pour que la Suisse agisse rapidement pour empêcher que ce seul passage encore hors du contrôle d’Assad ne tombe sous l’autorité du régime comme ceux du nord et du sud de la Syrie. Nous réitérons également notre demande de sortir le dossier humanitaire du Conseil de Sécurité en le confiant à l’Assemblée Générale de l’ONU ou au Haut Commissariat des Droits de l’Homme, loin du chantage politique.

Dans le cas contraire, il nous paraît indispensable d’oeuvrer sans tarder pour une réelle réforme du Conseil de Sécurité afin d’abolir le droit de veto anti-démocratique qui donne actuellement le moyen aux Etats les plus puissants d’écraser les populations vulnérables comme la population du nord-ouest syrien.

Cette catastrophe syrienne, aggravée par le tremblement de terre de février 2023, perdure depuis plus de 12 ans dans le silence assourdissant de la communauté internationale qui prend sa complexité pour excuse! 

Il est utile de rappeler ici que de multiples procès relatifs aux crimes de guerre et aux crimes contre l’humanité commis en Syrie, par le régime Assad, ont vu le jour dans plusieurs pays occidentaux. Très récemment, les Pays-Bas et le Canada ont saisi la Cour Internationale de Justice qui commence ses audiences dans les jours à venir, pour des crimes de torture et de disparition forcée commis par le régime Assad.

En un mot, ce régime qui a provoqué le déracinement de plus de la moitié de la population syrienne est un régime illégitime!

Aujourd’hui, nous demandons à la Suisse une action concrète et rapide pour rendre à l’aide humanitaire son humanité et pour empêcher que le droit international ne soit davantage bafoué en Syrie. Une action qui empêche la mainmise totale de ce régime criminel sur le dernier point de passage fonctionnel pour l’aide humanitaire, Bab al-Hawa, et qui mette fin aux blocages politiques de l’aide humanitaire par l’un des membres les plus puissants du Conseil de Sécurité!

En vous remerciant d’avance pour l’attention que vous porterez à cette lettre, nous vous prions d’agréer, Monsieur le Conseiller fédéral, nos salutations distinguées.

FSD, 15.07.2023

Il y a 10 ans, le grand rassemblement pacifique de la place de l’Horloge à HOMS a été réprimé dans le sang!

Mémoire de la révolution

FSD re-publie ici un article d’avril 2014 relatif à ce rassemblement populaire en 2011. Pour que la mémoire de la révolution syrienne reste vivante.

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Homs subit ces jours une opération militaire effroyable sur la ville assiégée depuis deux ans. Après l’assassinat du père Francis qui avait choisi de rester avec la population affamée, le régime a entrepris de niveler Homs assiégée et d’exterminer jusqu’ aux derniers habitants. Leur tort aura été d’avoir demandé la liberté, la dignité, la démocratie et la justice sociale. Ces valeurs que vous prétendez les vôtres. Les syriens avaient cru un moment que l’occident est une terre de valeurs et que l’ONU en est le gardien, quelle erreur! L’ONU n’est que l’observateur paralysé des crimes mafieux perpétrés par ses propres membres sous son nez et glorifiés sur ses bancs sous le nom de lutte contre le terrorisme. Son rôle se limite aujourd’hui à préparer les excuses qu’elle présentera dans 20 ans, comme pour le Rwanda.

Pendant ce temps, aujourd’hui, même les quartiers de Homs qui sont restés sous contrôle du régime mais qui avaient participé aux protestations pacifiques subissent des bombardements de mortiers massifs et quotidiens. Les snipers du régime y ciblent tous ceux qui osent encore mettre un pied dehors. Une ambiance de guerre intense règne à Homs. Une guerre qui oppose le régime Assad et ses associés russe et iranien, et ses milices étrangères (du Liban, de l’Irak, de l’Iran, de l’Afganistan, de la Grèce, et bien d’autres) à la population de Homs. 

Homs assiégée, 13.04.2014

Homs assiégée, 13.04.2014

L’association FemmeS pour la Démocratie répond ici à l’appel des activistes de Homs et organise un rassemblement le 18 avril 2014 à 16h00 à la place du Port à Ouchy pour commémorer la journée de 18 avril comme journée internationale de Homs, mais aussi pour manifester notre solidarité avec Homs qui subit aujourd’hui une opération militaire sans précédent.

Cette journée commémore le sit-in du 18 avril 2011 où les habitants de Homs, de tous âge et de toutes appartenances, se sont rassemblés pacifiquement sur la place de l’Horloge. Malheureusement, ce rassemblement s’est terminé très tard la nuit par les tirs des forces de « sécurité » sur les manifestants. Cette nuit là, beaucoup ne sont pas rentrés chez eux, parce qu’on comptait les morts par dizaines, tout comme les détenus et les disparus.

Ce jour là la souffrance de Homs a commencé ; Homs est devenue une ville blessée, dont les blessures ne cessent d’augmenter. Ce jour là restera à jamais lié, dans la mémoire des Homsis, au massacre de la place de l’Horloge.

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 Nous avons choisi de partager avec vous un témoignage d’une Homsi sur ce sit-in et un témoignage d’un ancien officier dans l’armée du régime sur la répression meurtrière qui a sévi cette nuit là.

Témoignage d’une Homsi :

« J’étais au lit, malade, quand le téléphone a sonné. Mon père nous a appelés pour nous informer du rassemblement : « des milliers de gens sont rassemblés sur la place de l’Horloge… Dépêchez-vous pour vous joindre à nous. »

J’ai oublié ma maladie, je me suis habillée rapidement, nous avons préparé quelques panneaux et nous y sommes allés. Nous sommes arrivés au moment de la prière du coucher du soleil. La scène était si incroyable que nous avions les larmes aux yeux.

La place était pleine de citoyens de toutes les religions et de toutes les classes sociales. J’ai été étonnée de voir des gens que je ne pensais pas rencontrer à cette occasion. J’étais si heureuse et fière. Je ne peux pas oublier les moments où les gens nous ont ouvert des passages pour nous les femmes pour atteindre l’Horloge.

Soudainement, mon père a paru fatigué, avec un visage pâle. J’ai demandé de l’aide. Trois médecins l’examinaient sur la place quand mon frère est arrivé. Nous nous sommes inquiétés pour mon père, mais il nous a demandé de rester avec les gens au sit-in, tandis qu’il retournait à la maison avec ma mère, répondant aux instructions des médecins.

Malheureusement, notre bonheur a été troublé quand ma mère nous a appelé pour nous informer que mon père devrait être hospitalisé. Il avait un caillot. Ces émotions lui ont causé une crise cardiaque. Il a été choqué d’entendre les gens chantant d’une seule voix pour la liberté et pour la chute du régime: « Le Peuple veut renverser le régime ». Son coeur ne pouvait pas supporter un tel bonheur. Il a eu besoin de chirurgie.

À 2h00 du matin, les tirs des mitrailleuses ont commencé. C’était la première fois de ma vie que j’entendais des tirs… Je suis devenue folle. Inconsciemment je hurlais en pleurant: « ils sont morts… Ils sont tous morts… Ils les ont tués ». Les gens s’enfuyaient en courant dans les rues. Ce jour est devenu une tragédie dans les coeurs des citoyens de Homs.

Je suis restée éveillée toute la nuit, je priais pour que les Homsis soient saufs avant de recevoir la pire nouvelle : mon cousin Wassim a été tué. La meilleure personne de la famille est décédée.

Le choc de cette tragédie était très fort, mais il nous a rendus encore plus forts.

Et voilà, cette journée du 18 avril 2011 était la meilleure journée de ma vie et elle est devenue la pire!!! Que l’âme de mon cousin Wassim Tammam Kroma reste en paix. ».

Témoignage du Général Ahmad Tlass [extrait] :

« Il s’était produit exactement la même chose à Homs, provoquant la mort d’un grand nombre de citoyens pacifiques dans des conditions identiques.

Des jeunes s’étaient rassemblés, le 18 avril, pour un sit-in au centre de la ville, au pied de la vieille horloge. Tous les responsables concernés par la sécurité se trouvaient à la Direction de la Police, à proximité immédiate. Des émissaires sont allés négocier avec ceux qui occupaient les lieux pour les convaincre d’évacuer la place. Ils étaient quelques milliers, entre 5 000 et 10 000 peut-être. Ils ont refusé de partir. Vers le milieu de la nuit, nous avons tenu une réunion avec le général Mounir Adanov, qui était déjà là, pour décider de ce qu’il y avait lieu de faire. On a à nouveau demandé aux jeunes de quitter la place en empruntant les rues qu’ils voulaient. Mais, alors que les discussions se poursuivaient, des agents des moukhabarat jawiyeh – le Service de sécurité de l’Armée de l’Air – qui avaient été dépêchés depuis Damas pour « disperser des voyous », ont commencé à mitrailler la foule. Ils ont fait des dizaines de morts. Ils obéissaient à l’ordre de tirer à vue qui leur avait été donné par de hauts responsables de la sécurité. Il s’agit encore une fois de ces officiers invisibles aux regards, mais suffisamment puissants pour donner directement des instructions à des éléments à leur dévotion. Certains de ces éléments sont des agents des différents Services de renseignements. Mais ils peuvent être aussi des fonctionnaires d’autres ministères, comme celui de l’Education. Il s’agit ni plus ni moins que, comme je l’ai déjà dit, d’un état dans l’Etat. »

 FSD

 

Syrie: Changement du Régime, pas de la Constitution!

« Oui à une transition sans le régime Assad.

Non à un leurre de constitution avec Assad » 

Le 30 septembre, l’envoyé spécial de l’ONU sur la Syrie a annoncé le lancement de la commission constitutionnelle le 30 octobre à Genève sous l’égide de l’ONU. Cette annonce intervient alors qu’un silence international assourdissant continue de régner malgré l’intensification barbare des bombardements sur le nord-ouest de la Syrie (région d’Idlib) depuis fin avril 2019. Les Civils qui y avaient trouvé refuge sont venus de toute les régions révoltées de la Syrie et sont les premières cibles de l’aviation d’Assad et de son soutien Poutine.

La nomination de cette commission constituante est le fruit de manipulations de Poutine, qui cherche à gagner du temps pour exterminer les civils d’Idlib ou les chasser de Syrie; Poutine qui se présente comme  le soutien à la modification de la constitution en Syrie, comme premier pas vers la dite solution politique. Cette constitution n’a cependant pas d’autre but que de redonner une légitimité au régime criminel d’Assad. 

Vendredi 4 octobre, les manifestations du nord-ouest syrien (région d’Idlib) ont dénoncé ces manoeuvres,  rappelant que le peuple syrien s’est soulevé pour changer le régime mafieux d’Assad et non pas pour changer la constitution!Le but reste d’initier une période de transition sans le régime criminel Assad, qui doit être traduit en justice, pour acheminer la Syrie vers un Etat de droit démocratique, basé sur la citoyenneté pour tou.te.s les Syrien.ne.s.

Manifestation du peuple Syrien à Bannech au nord-ouest syrien le 4 octobre 2019, pour contester la commission constituante.

Pour faire entendre la voix de ces manifestants de l’intérieur auprès de la communauté internationale et de l’ONU qui parrainent la dite commission constituante, Femmes Syriennes pour la Démocratie organise un rassemblement pacifique devant l’ONU, le 30 octobre, jour de l’ouverture des réunions de cette commission à Genève, de 17h00 à 18h00.

Ami.e.s de la démocratie et de la liberté, venez nombreuses et nombreux vous joindre à nous pour dénoncer ces manoeuvres et exprimer notre solidarité avec les civils syriens, seule menace effective au régime Assad, civils qui avaient mis en place une gestion démocratique, rappelons le, dans tous les lieux qui avaient échappé au contrôle du régime.

Rassemblement organisé par:FemmeS pour la Démocratie avec la collaboration de Solidarity Convoy for Syria et de la diaspora syrienne en Suisse.

Soutenu par:Mouvement pour le socialisme ; le site alencontre.org; le Cercle La Brèche-Unil, Cercle Rosa Luxemburg

La vérité sur l’affaire Brita Hagi Hassan

Le 8.6.2019 Brita Hagi Hassan, écoeuré par le silence de la communauté internationale, de l’ONU et du HCDH sur les bombardements de civils à Idlib en Syrie, entame une grève de la faim en solidarité avec les plus de trois millions d’habitants d’Idlib, victimes des bombardements barbares des russes, des iraniens et du régime Assad sur les hôpitaux, les écoles, les marchés et les civils en général; civils qui sont piégés par la fermeture de la frontière turque et donc condamnés à l’extermination, en violation flagrante de la charte des droits de l’homme. Le mouvement de grève de la faim s’est élargi depuis et compte aujourd’hui une soixantaine de personnes à travers le monde.

Le 1.7.2019 alors qu’il poursuit sa grève de la faim depuis 24 jours, et depuis quatre jours sous la canicule  sur la place des Nations à Genève, où il vient de donner une interview à la Tribune de Genève, ses amis A. M. et M. H., en présence du journaliste, constatent l’extrême faiblesse et une chute importante de la pression sanguine de Brita Hagi Hassan et décident d’appeler une ambulance, qui l’emmène vers 15h00 heures vers les HUG (voir l’article de la TdG du 0107.2019).

Un peu plus tard, A. M. et M. H. se dirigent vers l’hôpital cantonal de Genève pour rejoindre leur ami et héros de la révolution syrienne.

Entre-temps, c’est un homme épuisé qui se présente aux urgences des HUG. Brita nous a raconté ce qui s’est passé à l’hôpital:

« A l’hôpital j’ai dû attendre environ une heure et demie sans que quiconque ne s’occupe de moi. J’ai alors appelé pour avoir un verre d’eau, sans qu’il y ait de réponse. Finalement un infirmier a eu pitié de moi et m’a amené un verre d’eau. J’étais tellement mal que je ne pouvais même pas me lever pour aller chercher de l’eau moi-même, j’étais incapable de faire deux pas. J’ai appelé encore une fois pour qu’on s’occupe de moi mais on m’a dit que je devais attendre mon tour, parce que, m’a-t-on dit, ll y a avait des cas plus graves que le mien. Nous étions deux à attendre aux urgences. Et pourtant mon dossier de transfert en ambulance mentionnait mon malaise et le fait que j’étais au 24e jour de ma grève de la faim. Alors j’ai demandé que l’on me ramène sur la place des Nations. Ils ont refusé. Mon état de santé physique et psychique était vraiment très mauvais. Alors j’ai élevé la voix pour qu’on me ramène là-bas ou bien chez l’ami qui me logeait. Ils ont alors appelé la sécurité de l’hôpital. Je leur ai demandé encore une fois, calmement, de me ramener en ambulance. Ils ont refusé et ils ont déchiré la fiche d’entrée établie à mon arrivée aux urgences. Ils m’ont ensuite traîné comme un criminel pour me sortir de l’hôpital. Je leur ai dit que leur manière de me traiter était contraire aux valeurs humaines et ressemblait davantage aux manières de criminels qu’à celles d’agents de sécurité d’un hôpital. J’avais dit cela également au médecin. Il y a une vidéo enregistrée qui montre comment j’ai été mis à terre par deux agents de la sécurité de l’hôpital, qui m’ont également donné des coups. J’ai eu tellement mal au bras qu’il m’a semblé s’être cassé. J’ai ensuite été menotté par la police et mis dans leur voiture. Un policier s’est assis à côté de moi. J’avais très soif, alors lorsque j’ai vu une bouteille d’eau dans la voiture j’ai demandé à boire. Le policier a refusé. Alors je l’ai traité d’inhumain et de criminel et j’ai reçu des coups en contre partie.»

En arrivant à l’hôpital A. M. et M. H. voient avec horreur Brita se faire molester par plusieurs individus en uniforme. A. M.: ”En voyant Brita se faire agresser, j’ai cru qu’il s’agissait de membres de la sécurité du régime Assad et je me suis précipité pour protéger Brita, j’ai vu ensuite la police arriver ce qui m’a rassuré….”.

M. H., lui, s’est lui mis à filmer. Les autres agents lui ont alors demandé s’il s’agissait d’une vidéo live et l’ont mis en garde contre une diffusion sur les réseaux sociaux.

La suite est connue, intervention musclée de la police et détention de Brita jusqu’à 4h du matin, ayant tenu à déposer plainte pour agression sur une personne déjà mal-en-point, plainte opportunément précédée par une plainte déposée par la sécurité de l’hôpital contre Brita….. Allons donc, un homme venu aux urgences pour cause d’épuisement, après 24 jours de grève de la faim, et 4 jours de sit-in sous la canicule, qui tient à peine debout, mettant à mal deux molosses de la sécurité? Quelle blague!

Interrogé après coup sur la suite à donner, Brita nous a dit: « N’oublions pas que notre cause c’est d’abord la protection des civils à Idlib et la justice pour le peuple syrien».

A. M. a lui été maintenu en garde à vue puis présenté au procureur général et condamné avec sursis, sans que la justice ne souhaite voir la vidéo pourtant connue lors de l’interrogatoire de Brita Hagi Hassan. A. M. n’a pas tout de suite demandé d’avocat, sûr, parce qu’innocent, qu’il allait être libéré sans suite, comme le lui répétait l’un des policiers du poste de la Servette. Il a finalement été libéré le 2 juillet vers17h00.

Voir les autres articles de la tdg à ce sujet:

L’ancien Maire d’Alep se fait expulser de force des HUG

Expulsion de l’ex-Maire d’Alep: les HUG assument

« La sécurité à l’hôpital, oui, mais pas avec des videurs! »

 

La vérité sur la Syrie, à Deraa

La situation humanitaire dans le sud de la Syrie devient de plus en plus insupportable depuis le 19 juin 2018, début de la campagne militaire barbare menée par les forces d’Assad et de ses alliés et appuyée par l’aviation russe de Poutine. Le rapport du RSDH du 01 juillet mentionnait que le nombre de déplacés internes fuyant les bombardements et l’entrée des forces d’Assad et ses alliés dans la région de Daraa était d’environ 200’000. Aujourd’hui le porte parole de l’UNHCR a annoncé que le nombre des déplacés internes a déjà atteint 270’000 en raison de l’intensification des bombardements. Des familles entières se retrouvent livrées à elles-mêmes sans aucune structure d’aide ni abri, dans un contexte très hostile, la région est désertique et l’été est brûlant. Ils s’orientent vers les frontières de la Syrie avec la Jordanie et avec le Golan occupé, et ces frontières sont fermées devant eux!… 

Etrangement. les organisations internationales d’aide humanitaire avaient déjà annoncé il y a quelques jours que tout est prêt pour venir en aide à cette population, mais en attente de l’autorisation du régime syrien, qui attaque cette même population!

Il est difficile de comprendre cette logique… l’aide humanitaire a toujours servi d’arme au régime Assad,  qui affame et cible les civils dans toutes les régions assiégés de Syrie. Il semble évident qu’il est inutile d’attendre une autorisation humanitaire d’un tel régime et de répéter encore et encore des approches qui ont toujours  failli depuis 2011 à Homs, au camps Yarmouk, à Mo’addamyeh, à la Ghouta orientale, à Alep-Est et dans les autres régions de la Syrie. Aujourd’hui on recommence à Daraa! Pourtant les organisations d’aide impliquées ont des centres en Jordanie et pourraient facilement suppléer aux besoins de ces familles par la Jordanie!

C’est d’ailleurs ce que tentent de faire, et ils sont les seuls, les civils jordaniens. Seuls à  s’organiser pour acheminer de l’eau et du pain et  pour lancer une campagne «Ouvrir la frontière », la leur (rassurons l’Europe), alors que le reste du monde continue à regarder les crimes contre l’Humanité en Syrie dans un silence assourdissant, voire compatissant avec le régime Assad.

La seule solution possible en Syrie exige  de mettre une réelle pression sur Poutine pour que la Syrie puisse enfin se débarrasser du régime mafieux d’Assad et s’acheminer vers une Syrie nouvelle, démocratique et basée sur la citoyenneté pour tous. Pour y parvenir, nous appelons au boycott de la Russie.

Nous partageons, ci-après, le communiqué de presse du 02 juillet 2018 du collectif Pour une Syrie Libre et Démocratique à Paris.

FSD

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« Les forces de Bachar Al Assad, soutenues par l’aviation russe, ont lancé le 19 juin 2018 une offensive sur la région de Dera’a. Cinq hôpitaux ont déjà été mis hors d’usage, et près de 200 civils ont été tués dans ces attaques.

Cette région de Dera’a, où vivent quelque 750 000 civils, fait pourtant l’objet depuis 2017 d’un cessez-le-feu négocié par la Russie et les États-Unis. Le « lâchage américain » face à l’offensive meurtrière dans une zone de « désescalade », est un véritable coup de poignard dans le dos des rebelles modérés et une complicité de fait avec V. Poutine.

N’oublions pas que Dera’a est un symbole : la révolte pacifique du peuple syrien est partie de cette ville du sud dont les habitants étaient descendus dans la rue pour dénoncer les tortures infligées à des enfants ayant écrit sur des murs des appels à la liberté.

Tandis que le dernier Conseil Européen nous a donné l’image pitoyable de dirigeants tétanisés par une prétendue « submersion migratoire », à Dera’a, avec l’offensive des forces de Bachar Al Assad appuyée par les bombardements des avions de V. Poutine, plus de 120 000 syriens en 72 heures ont été jetés sur les chemins de l’exode.

Par leur inaction vis-à-vis du régime de Bachar Al Assad et de ses alliés, les dirigeants européens sont ainsi dans l’hypocrisie la plus totale ; ils devront, si la situation perdure, prendre en charge des centaines de milliers de réfugiés que la Jordanie et la Turquie ne sont plus en capacité d’accueillir. L’Europe prendra-t-elle en charge les nouveaux réfugiés syriens de Dera’a, vu ses manœuvres actuelles pour ne pas appliquer la Convention de Genève ? En outre, la reprise de la région par Assad risque d’empêcher un grand nombre de réfugiés de rentrer chez eux.

Après Alep, Douma, et maintenant Dera’a, les dirigeants des puissances occidentales par leur inaction et leur renoncement, ont-ils conscience qu’ils sont en train de désespérer des millions de Syriens qui croyaient à la démocratie et à la liberté après 48 années de dictature du clan Assad ?

Daech en Syrie va peut-être finir par être vaincu. Mais sans une ultime prise de conscience de la part des puissances occidentales, sans leur volonté que soit appliquée la Résolution 2254 du Conseil de Sécurité de l’ONU organisant une transition politique, tout est malheureusement en germe pour que l’intolérance, la vengeance aveugle aillent de pair avec la barbarie du régime Assad pour des années encore. »

Contact : collectif.psld@gmail.com

“GO TO HELL”

“GO TO HELL”
C’est le message destiné à la communauté internationale que Firas Abdullah, activiste de la Ghouta,  a lancé hier soir sur sa page Facebook…

Photos de Firas Abdullah, Douma, al-Ghouta, le 19.03.2018

Mais que dire d’autre?
Après avoir entendu encore et encore les messages de détresse venant de familles terrées sans vivres dans les sous-sols de la Ghouta depuis un mois et assiégés et affamés depuis cinq ans…
Après avoir vu encore et encore M.M. Gutierres, De Mistura et d’ autres dignitaires des instances internationales distiller leur impuissance à différentes tribunes, au point de nous fatiguer…
Après avoir entendu encore et encore Nikki Haley, la représentante permanente des Etats Unis à l’ONU, s’interroger sur la conscience de la Russie, comme si les USA en avaient une…
Après avoir vu encore et encore les russes opposer leur veto à toutes les résolutions du conseil de sécurité, seul endroit il est vrai où on leur demande encore leur avis; un veto qui par contre bloque aussi toute action humanitaire.

Alors que la Charte des Nations Unies exclut la participation au vote du conseil de sécurité d’une nation elle-même impliquée dans le conflit sur lequel on vote (voir article 27 de la charte). ..Et que pourtant elle vote…

Cependant, les veto russes sont bien illégitimes (1) mais on préfère l’ignorer, parce qu’il faudrait alors agir…

Et agir, dans l’immédiat, ça veut dire assurer d’urgence la sécurité et les besoins de ceux qui sortiront de la Ghouta.

La révolution continue. Il n’y aura pas de paix en Syrie sans justice.

FSD

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(1) Ibrahim MALKI, avocat des droits de l’homme à Alep jusqu’ à fin 2014, aujourd’hui réfugié à Zurich, s’est exprimé à ce sujet: “… En fait, l’article 27 de la charte des Nations Unis exige des membres du conseil de sécurité directement impliqués dans un conflit de s’abstenir de voter, les vetos systématiques des russes sur la Syrie n’ont donc aucune base légale…”

STOP aux massacres en Syrie

« STOP aux massacres en Syrie! » était le thème du rassemblement de la diaspora syrienne, le 10.02.2018, devant l’ONU à Genève, qui a réuni une soixantaine de personnes. Une dizaine de rassemblements semblables ont eu lieu dans plusieurs villes en Europe et aux USA entre le 9 et le 11 février 2018. Plusieurs militants et militantes suisses et français se sont joints au rassemblement à Genève. Plusieurs personnalités syriennes sont venues de France pour y participer, Brita Hagi Hassan, ancien maire d’Alep-Est, Akram Al Ahmad, journaliste d’Idleb, de passage en France, et Bachar,  ancien détenu du régime Assad qui a passé quatre ans en détention et qui vient d’arriver en France.

Rassemblement devant l’ONU à Genève, le 10.02.2018

Les activistes qui ont pris la parole ont dénoncé l’intensification de l’offensive militaire des forces russes et de celles d’Assad dans les régions d’Idleb et de la Ghouta de Damas et ils ont appelé au boycott de la RussieIls ont dénoncé en particulier l’utilisation à répétition des armes chimiques, violant à maintes reprises les résolutions 2118, 2209 et 2235.

Ils ont rappelé qu’il n’y a pas d’avenir pour la Syrie avec le régime Assad, ni avec la Russie et l’Iran comme garants de la paix en Syrie alors qu’ils sont eux-deux des pays agresseurs et même envahisseurs;

– que toutes les interventions militaires étrangères sont condamnables y compris celle de la Turquie à Afrin et que les civils arabes et kurdes sont les principales victimes de ces interventions;

– qu’Il n’y a pas d’avenir pour la Syrie sans la justice et le jugement de tous les responsables des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité. 

 

Ils ont aussi appelé à l’arrêt de tous les bombardements en Syrie, à la libération des détenus, à la levée des sièges et au départ de toutes les forces étrangères en Syrie, pour rendre possible une solution politique réelle et sérieuse.

Akram Al Ahmad, a parlé de la situation catastrophique à Idleb et du déplacement interne des habitants de Mua’arat Al-Nu’man et de Saraqeb, cette dernière ville qui a subi un bombardement avec du chlore toxique il y a moins d’une semaine. Il a dénoncé le ciblage par l’aviation russe et celle d’Assad des infrastructures, des installations médicales et des quartiers résidentiels. Il a également exprimé les craintes de la population d’Idleb suite aux manoeuvres du régime syrien pour laisser Daesh s’infiltrer à l’intérieur d’Idleb, ce qui laisse présager une action militaire semblable à celle de Raqqa qui a laissé cette dernière en ruine. Il a expliqué cette offensive barbare de la Russie comme étant une réaction primaire à l’échec de la conférence de Sotchi  boycottée par l’opposition.

Brita Hagi Hassan a  insisté sur la violation des résolutions du conseil de sécurité relatives à l’utilisation des armes chimiques:

« Tout le monde sait que le régime criminel d’Assad avait commis le massacre chimique dans al-Ghouta de Damas qui a coûté la vie à 1400 personnes en dix minutes. La majorité des victimes étaient des femmes et des enfants. Les armes chimiques ont été utilisées à répétition depuis cette date. Plus de 100 civils ont trouvé la mort à Khan Sheikun suite à l’utilisation de gaz sarin en avril 2017. 

Il y a quelques jours, la ville de Saraqeb à Idleb a été bombardée avec du Chlore gazeux. Dans le même contexte, les armes chimiques ont été utilisées plus de 150 fois au cours des années précédentes (depuis 2013). ». Il a aussi dénoncé les manoeuvres de l’ONU en vue de contourner ses propres résolutions (2118, 2254) afin de réhabiliter le dictateur criminel pour le maintenir à la tête de la Syrie. 

Vous pouvez trouver ces deux interventions avec leur traduction dans la vidéo:

https://www.facebook.com/eljazayeri/videos/1780148892067438/

Une transmission en direct par internet de l’intervention d’Abu Shadi, un activiste de l’intérieur de la Ghouta assiégée, a été effectuée pendant le rassemblement. Il a exprimé les craintes des habitants d’al-Ghouta relatives à un futur massacre chimique semblable de celui d’août 2013. Cette crainte vient du silence de la communauté internationale face à l’utilisation répétitive des armes chimiques à plus petite échelle,  qui rappelle les circonstances qui ont précédé le massacre de 2013. Son intervention peut être écoutée dans la vidéo (min 13:22):

https://www.facebook.com/hamidikaiss/videos/1461942057265588/

Bachar, ancien détenu et ressortissant de la Ghouta de Damas a finalement pris la parole pour dire qu’il travaillait dans l’aide humanitaire lorsqu’il s’est fait arrêter avec ses amis activistes. Il a dit être le seul survivant du groupe. Il a finalement enlevé son bonnet pour montrer à la foule les séquelles des tortures subies en détention soit: l’arrachement complet du cuir chevelu sur le dessus de son crâne, une blessure monstrueuse!

Le rassemblement s’est terminé par les chants de la révolution.

Plusieurs médias suisses étaient présentes.

FSD et CAA

« La Révolution Continue », Rassemblement à l’occasion de Genève 8

« Syrie: La Révolution Continue » était le thème du rassemblement de la diaspora syrienne, le 30.11.2017, devant l’ONU à Genève, qui a réuni une cinquantaine de personnes. Plusieurs militants et militantes suisses et des représentants de l’opposition iranienne se sont joints au rassemblement. Plusieurs membres de la délégation du nouveau comité de négociation de l’opposition syrienne, nouvellement constitué, étaient également présents. Le rassemblement  a débuté par une minute de silence à la mémoire des Martyrs de la révolution syrienne.

Les activistes qui ont pris la parole ont dénoncé les manipulations de la communauté internationale pour former une nouvelle opposition « unifiée » à Ryadh 2 en vue de Genève 8. Ce qu’il faut entendre par « unifiée » c’est que l’opposition a été modelée selon la volonté de la communauté internationale, Moscou en particulier. Au sein de cette nouvelle opposition, il y a aujourd’hui la dite opposition proche de Moscou qui oeuvre pour le maintien d’Assad et celle proche du Caire qui ne s’y oppose pas. 

Ces dites négociations se passent donc entre la délégation du régime illégitime d’Assad et la délégation illégitime de l’opposition syrienne, ce qui vide ces négociations de tout sens.

Alors que jusqu’ici la Russie jouait simultanément le rôle d’allié d’Assad ( et donc d’agresseur du peuple syrien) et d’ arbitre du conflit; aujourd’hui, elle intègre à elle seule trois rôles : allié d’Assad, arbitre et opposant au régime ( pour le succès des négociations!).

         Rassemblement devant l’ONU à Genève, le 30.11.2017, à l’occasion de Genève 8.

Les orateurs ont aussi rappelé: 

– qu’il n’y a pas d’avenir pour la Syrie avec le régime Assad;

– qu’il n’y a pas d’avenir pour la Syrie avec la Russie et l’Iran comme garants de la paix alors qu’ils sont complices d’Assad pour les crimes commis en Syrie; 

– qu’il n’y pas d’avenir pour la Syrie sans la justice et le jugement de tous les responsables de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité. 

– que seule la justice pourra aider les Syriens à guérir leur énorme souffrance, pour pouvoir vivre en paix dans une Syrie qui leur garantisse la liberté, la dignité et la démocratie, leurs aspirations depuis le début de la révolution;

– que l’avenir en Syrie se fera avec une transition politique, sans le régime Assad, sans les groupes extrémistes et dans le respect de la diversité de tous les Syriens. 

Ils ont aussi appelé à l’arrêt de tous les bombardements en Syrie, à la libération des détenus politiques et au départ de toutes les forces étrangères de Syrie. Ils ont également dénoncé toute négociation à Sotshi ou ailleurs sous l’égide de la Russie.

                      Rassemblement à l’occasion de Genève 8.

Ahmad Ramadan, membre de la coalition de l’opposition et membre du nouveau comité de négociation a pris la parole sans aborder les sujets qui fâchent! Malgré cela des discussions tendues ont suivi concernant le manque de confiance des Syriens à l’égard de la nouvelle coalition de l’opposition.

Les chants de la révolution ont accompagné la fin du rassemblement.

Plusieurs médias étaient présents. 

FSD

PS: Pour la première fois depuis 6 ans le rassemblement a été terni par la présence d’un vandale venu piétiner le drapeau de la révolution et par celle d’un drone d’origine inconnue venu la surveiller.

Après Alep-Est, la Russie bombarde les hôpitaux d’Idlib

Depuis début avril, l’aviation russe intensifie les bombardements sur Idlib et cible en particulier les hôpitaux et les ambulances. Après Alep-Est, c’est le tour d’Idlib?

FSD traduit un article de l’arabe publié sur le site du Syrian Press Center.

                 

Hôpitaux et ambulances sont ciblés à Idlib, avril 2016

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La Russie multiplie les crimes de guerre en Syrie, quelle est la position de l’ONU face à ça?

Source: Syrian Press Center

Article de Samer ACHKAR, publié le 27.04.2017

Il n’y a pas que les armes chimiques qui tuent les civils dans les zones libérées, mais aussi les différents types d’ armes classiques.

La Russie, principal allié du régime syrien et sa complice dans la tuerie des Syriens, a annoncé après la frappe américaine de l’aéroport militaire syrien al-Choeirate qu’elle continuerait son soutien militaire au régime. Effectivement, les raids aériens se sont intensifiés dans les zones libérées du nord depuis le 6 avril 2017, ciblant en particulier des installations médicales vitales et les organisations d’aide d’urgence, ceci pour empêcher les habitants d’accéder aux soins médicaux après que l’ aviation ait commis les pires massacres contre eux.

Pour punir les civils des zones libérées suite à la frappe américaine, la Russie a complété sa politique de destruction de toutes les structures sanitaires dans ces zones, pour ensuite massacrer les civils qui se trouvent alors sans aucun moyen de sauver leurs blessés. Cette politique russe constitue ainsi l’une des plus graves violations du droit international et l’un des crimes de guerre les plus odieux. Apparemment ces crimes n’arrivent même pas à secouer la conscience ensommeillée de la communauté internationale!

Dans une déclaration spéciale pour le Syrian Press Center concernant les derniers développements dans les violations internationales de la Russie en Syrie, « Ahmed Aldbeis » Directeur du centre médical al-Salama de l’UOSSM, a déclaré:
« La situation médicale en Syrie se dirige vers une catastrophe humanitaire en raison du ciblage systématique des hôpitaux et des centres médicaux, ainsi que des réseaux d’ambulances. Plus de 500 milles personnes ont déjà été privées de services médicaux en raison du ciblage des hôpitaux et des points médicaux qui a conduit à l’arrêt complet des services de 8 hôpitaux à Hama et à Idlib au cours de ce seul mois d’Avril ». Ajoutant à cela « l’escalade militaire russe constitue un crime contre l’humanité, car les raids russes ciblent exactement les centres de santé qui fournissent des services médicaux aux citoyens en général. Ce genre de service constitue l’un des droits de l’homme les plus basiques dans les circonstances les plus difficiles. »

L’ intensification des bombardements russes dans les zones libérées a commencé au début de ce mois d’avril avec le ciblage de l’hôpital central de la ville de Maart-al-Nou’man qui a conduit à l’arrêt des services de cet hôpital qui traitait plus de 8000 cas médicaux par mois. Ensuite c’est l’hôpital al-Rahma dans la ville de Khan Shaikhoun qui a été ciblé juste après le massacre chimique qui a eu lieu dans cette ville le 4 avril. Ce même hôpital a été la cible des bombardements russes une nouvelle fois le 16 avril, ce qui a conduit à l’arrêt complet de ses services. Le 17 avril c’est l’hôpital al-Ikhlass dans le village Shannan au Mont al-Zaouia qui a également été la cible des avions russes. Le 23 avril c’est le centre hospitalier de Hama, près du village Abdeen dans la région sud d’Idlib-campagne, qui a été ciblé avec des bombes anti-bunker. Ensuite ce fût le tour de l’hôpital Walid Hassino pour la chirurgie, à Kafr Takharim, près de la frontière turque. Le ciblage de ce dernier hôpital a eu lieu une heure après le massacre d’ al-Doeila, localité située à proximité de cet hôpital, dans le but de priver les blessés d’accès aux soins.

Le jeudi 27 avril, l’aviation russe a visé l’hôpital Al-Lataminah dans la campagne nord de Hama, ainsi que l’hôpital universitaire situé à l’est de la ville de Maart-al-Nou’man conduisant ainsi à l’ arrêt définitif de leurs services. Trois des blessés en cours de traitement à l’hôpital universitaire ont trouvé la mort, dont une petite fille.

Le ciblage des hôpitaux et des civils n’a pas semblé suffisant à l’aviation russe qui a visé, jeudi 27 avril, les ambulances de plusieurs organisations médicales « SAMS », « SEMA » et « CHAM » lorsqu’elles étaient en mission de sauvetage dans la ville de Maar-Zita pour évacuer les victimes du massacre commis par des avions russes, le matin même, contre les camps de la ville. Plusieurs ambulanciers paramédicaux et conducteurs ont trouvé la mort ou ont été blessés, dont on connaît à ce jour: Yusuf SUTL, Saleh RAHMOUN de “SAMS”, Majid Al-«Omar, Abou Omar SULEIMAN de « CHAM ».

Aldbeis ajoute:
« Nous, en tant qu’organisations humanitaires dans le domaine médical actives à l’intérieur de la Syrie, nous veillons à documenter les violations commises et nous transmettons nos rapports aux Nations Unies et aux organisations internationales concernées, qui, à leur tour les transmettent aux organes décisionnels au sein de la communauté internationale, mais malheureusement sans aucun résultat. Car il n’y a toujours aucune décision, de la part de la communauté internationale, qui est en mesure de stopper les exactions de la Russie et ses violations des droits de l’homme en Syrie ».

Ainsi, tous les massacres commis par l’aviation russe contre les Syriens depuis le début de son intervention militaire en Septembre 2015 échappent à de toutes les résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU grâce au droit de veto de la Russie. Aujourd’hui, le monde tout entier reste les bras croisés devant la politique d’exactions russe dans les provinces d’Idlib et de Hama, qui vise à supprimer toutes les installations vitales au service des habitants, tout comme elle l’avait fait auparavant à Alep-Est, région voisine d’Idlib, à la fin de l’année 2016!

Alep ne se rendra pas!

Chronique de la Syrie

L’intensification barbare des bombardements à Alep, menés par les forces du régime et par l’aviation russe, est sans précédent. En cinq jours seulement (du 15 au 20 novembre), Assad et ses alliés russes ont ciblé:

8 hôpitaux, 3 centres des casques blancs, 6 écoles, deux boulangeries, 3 centres de services, 3 associations d’aide humanitaire, ainsi que 500 immeubles résidentiels. En cinq jours plus de 300 civils sont morts, plus de 1’000 personnes ont été blessées. En cinq jours, les habitants d’Alep ont subi, entre autres, 1’180 raides aériens, 70 missiles sol-sol, 8 barils chargés de gaz mortel. Les gens à Alep assiégée attendent leur tour pour mourir et ceux qui échapperont à la mort sous les bombes attendront de mourir affamés ou bien de manque de soins médicaux.

 

Leningrade 1941

 Leningrad 1941 (Photo: http://peterswalk.com/wwii.html)

Le 20 novembre le conseil local d’Alep libre et assiégée a lancé un appel à la communauté internationale, à l’ONU et aux organisations pour les droits humains pour demander:

  • l’arrêt immédiat des bombardements sur Alep et la protection des civils,
  • la création des corridors humanitaires sous la direction de l’ONU pour acheminer des médicaments, de la nourriture et des combustibles,
  • l’organisation immédiate du lancement de l’aide humanitaire depuis le ciel en attendant l’instauration des corridors humanitaires,
  • des sanctions contre le régime syrien pour avoir bombardé les convois humanitaires à Alep assiégée et pour avoir empêché tout acheminement d’aide humanitaire.

Mais l’intensification des bombardements aériens ne se limite pas à Alep, elle touche également Idleb, les faubourgs de Homs et al-Ghouta de Damas.

Honte à la dite communauté internationale toute entière de regarder ces crimes et ce génocide en Syrie dans un silence assourdissant! « Never again »? Ce n’est que de l’hypocrisie et l’ONU devrait fermer boutique pour avoir failli à ses responsabilités en Syrie!

 FSD