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Il y a 10 ans, le grand rassemblement pacifique de la place de l’Horloge à HOMS a été réprimé dans le sang!

Mémoire de la révolution

FSD re-publie ici un article d’avril 2014 relatif à ce rassemblement populaire en 2011. Pour que la mémoire de la révolution syrienne reste vivante.

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Homs subit ces jours une opération militaire effroyable sur la ville assiégée depuis deux ans. Après l’assassinat du père Francis qui avait choisi de rester avec la population affamée, le régime a entrepris de niveler Homs assiégée et d’exterminer jusqu’ aux derniers habitants. Leur tort aura été d’avoir demandé la liberté, la dignité, la démocratie et la justice sociale. Ces valeurs que vous prétendez les vôtres. Les syriens avaient cru un moment que l’occident est une terre de valeurs et que l’ONU en est le gardien, quelle erreur! L’ONU n’est que l’observateur paralysé des crimes mafieux perpétrés par ses propres membres sous son nez et glorifiés sur ses bancs sous le nom de lutte contre le terrorisme. Son rôle se limite aujourd’hui à préparer les excuses qu’elle présentera dans 20 ans, comme pour le Rwanda.

Pendant ce temps, aujourd’hui, même les quartiers de Homs qui sont restés sous contrôle du régime mais qui avaient participé aux protestations pacifiques subissent des bombardements de mortiers massifs et quotidiens. Les snipers du régime y ciblent tous ceux qui osent encore mettre un pied dehors. Une ambiance de guerre intense règne à Homs. Une guerre qui oppose le régime Assad et ses associés russe et iranien, et ses milices étrangères (du Liban, de l’Irak, de l’Iran, de l’Afganistan, de la Grèce, et bien d’autres) à la population de Homs. 

Homs assiégée, 13.04.2014

Homs assiégée, 13.04.2014

L’association FemmeS pour la Démocratie répond ici à l’appel des activistes de Homs et organise un rassemblement le 18 avril 2014 à 16h00 à la place du Port à Ouchy pour commémorer la journée de 18 avril comme journée internationale de Homs, mais aussi pour manifester notre solidarité avec Homs qui subit aujourd’hui une opération militaire sans précédent.

Cette journée commémore le sit-in du 18 avril 2011 où les habitants de Homs, de tous âge et de toutes appartenances, se sont rassemblés pacifiquement sur la place de l’Horloge. Malheureusement, ce rassemblement s’est terminé très tard la nuit par les tirs des forces de « sécurité » sur les manifestants. Cette nuit là, beaucoup ne sont pas rentrés chez eux, parce qu’on comptait les morts par dizaines, tout comme les détenus et les disparus.

Ce jour là la souffrance de Homs a commencé ; Homs est devenue une ville blessée, dont les blessures ne cessent d’augmenter. Ce jour là restera à jamais lié, dans la mémoire des Homsis, au massacre de la place de l’Horloge.

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 Nous avons choisi de partager avec vous un témoignage d’une Homsi sur ce sit-in et un témoignage d’un ancien officier dans l’armée du régime sur la répression meurtrière qui a sévi cette nuit là.

Témoignage d’une Homsi :

« J’étais au lit, malade, quand le téléphone a sonné. Mon père nous a appelés pour nous informer du rassemblement : « des milliers de gens sont rassemblés sur la place de l’Horloge… Dépêchez-vous pour vous joindre à nous. »

J’ai oublié ma maladie, je me suis habillée rapidement, nous avons préparé quelques panneaux et nous y sommes allés. Nous sommes arrivés au moment de la prière du coucher du soleil. La scène était si incroyable que nous avions les larmes aux yeux.

La place était pleine de citoyens de toutes les religions et de toutes les classes sociales. J’ai été étonnée de voir des gens que je ne pensais pas rencontrer à cette occasion. J’étais si heureuse et fière. Je ne peux pas oublier les moments où les gens nous ont ouvert des passages pour nous les femmes pour atteindre l’Horloge.

Soudainement, mon père a paru fatigué, avec un visage pâle. J’ai demandé de l’aide. Trois médecins l’examinaient sur la place quand mon frère est arrivé. Nous nous sommes inquiétés pour mon père, mais il nous a demandé de rester avec les gens au sit-in, tandis qu’il retournait à la maison avec ma mère, répondant aux instructions des médecins.

Malheureusement, notre bonheur a été troublé quand ma mère nous a appelé pour nous informer que mon père devrait être hospitalisé. Il avait un caillot. Ces émotions lui ont causé une crise cardiaque. Il a été choqué d’entendre les gens chantant d’une seule voix pour la liberté et pour la chute du régime: « Le Peuple veut renverser le régime ». Son coeur ne pouvait pas supporter un tel bonheur. Il a eu besoin de chirurgie.

À 2h00 du matin, les tirs des mitrailleuses ont commencé. C’était la première fois de ma vie que j’entendais des tirs… Je suis devenue folle. Inconsciemment je hurlais en pleurant: « ils sont morts… Ils sont tous morts… Ils les ont tués ». Les gens s’enfuyaient en courant dans les rues. Ce jour est devenu une tragédie dans les coeurs des citoyens de Homs.

Je suis restée éveillée toute la nuit, je priais pour que les Homsis soient saufs avant de recevoir la pire nouvelle : mon cousin Wassim a été tué. La meilleure personne de la famille est décédée.

Le choc de cette tragédie était très fort, mais il nous a rendus encore plus forts.

Et voilà, cette journée du 18 avril 2011 était la meilleure journée de ma vie et elle est devenue la pire!!! Que l’âme de mon cousin Wassim Tammam Kroma reste en paix. ».

Témoignage du Général Ahmad Tlass [extrait] :

« Il s’était produit exactement la même chose à Homs, provoquant la mort d’un grand nombre de citoyens pacifiques dans des conditions identiques.

Des jeunes s’étaient rassemblés, le 18 avril, pour un sit-in au centre de la ville, au pied de la vieille horloge. Tous les responsables concernés par la sécurité se trouvaient à la Direction de la Police, à proximité immédiate. Des émissaires sont allés négocier avec ceux qui occupaient les lieux pour les convaincre d’évacuer la place. Ils étaient quelques milliers, entre 5 000 et 10 000 peut-être. Ils ont refusé de partir. Vers le milieu de la nuit, nous avons tenu une réunion avec le général Mounir Adanov, qui était déjà là, pour décider de ce qu’il y avait lieu de faire. On a à nouveau demandé aux jeunes de quitter la place en empruntant les rues qu’ils voulaient. Mais, alors que les discussions se poursuivaient, des agents des moukhabarat jawiyeh – le Service de sécurité de l’Armée de l’Air – qui avaient été dépêchés depuis Damas pour « disperser des voyous », ont commencé à mitrailler la foule. Ils ont fait des dizaines de morts. Ils obéissaient à l’ordre de tirer à vue qui leur avait été donné par de hauts responsables de la sécurité. Il s’agit encore une fois de ces officiers invisibles aux regards, mais suffisamment puissants pour donner directement des instructions à des éléments à leur dévotion. Certains de ces éléments sont des agents des différents Services de renseignements. Mais ils peuvent être aussi des fonctionnaires d’autres ministères, comme celui de l’Education. Il s’agit ni plus ni moins que, comme je l’ai déjà dit, d’un état dans l’Etat. »

 FSD

 

Le Régime Assad c’est ça: 5

15.01.2013: massacre sectaire à al-Haswiya commis par les forces du régime syrien

Résumé et témoignages traduits par FSD d’après le rapport complet* publié en anglais et en arabe par le Réseau Syrien des Droits de l’Homme RSDH en mai 2018, pages 4-9 :

 

Résumé

Le village d’al-Haswiya, situé à 5 km au nord de Homs, comptait 5’000 habitants au début de la révolution. Suite à la répression armée du soulèvement populaire à Homs, le village a accueilli des centaines de personnes déplacées internes de la vieille ville de Homs et du quartier al-Waer. Bien que ce village fasse partie des régions de Homs sympathisantes du soulèvement, il était resté à l’écart de l’opposition armée et des combats. Al-Haswiya a pourtant été le théâtre d’un massacre collectif à caractère sectaire perpétré par les forces du régime syrien et ses milices, entraînant la mort d’au moins 108 civils de la communauté musulmane sunnite, dont 25 enfants et 17 femmes (108 cas sont documentés).

Témoignages

Samira, une institutrice du village, dit: « Le jour du massacre, nous avons entendu parler d’activités militaires dans les environs. Craignant d’être arrêtés, mon père et mes frères se sont dirigés vers les champs, car ils étaient connus pour leur opposition au régime syrien depuis le début de la révolution. En dépit des activités militaires, j’ai décidé de me rendre à l’école du village où je travaille et j’ai vu des chars, des véhicules militaires et des combattants. Certains combattants portaient des drapeaux sur lesquels était écrit: «O Hussein**» et d’autres étaient affiliés à la Garde Nationale. Je pouvais distinguer certains de leurs dialectes. Certains d’entre eux parlaient en persan. ».

Elle ajoute: « Les soldats sont entrés dans l’école et l’ont inspectée. Ensuite, ils nous ont encerclés. Nous avons alors entendu des tirs intermittents et nous avons remarqué des incendies et de la fumée qui montait. C’était vers 11h00. Après, j’ai appelé mes frères. J’ai pu entendre le son des balles et c’était proche d’eux. ».

«Vers 14 heures, nous avons été autorisés à quitter l’école. Je suis rentrée chez moi. Sur le chemin, j’ai entendu des gens crier et pleurer. J’ai vu le cadavre d’une femme enceinte avec son fils. Son fils était l’un de mes élèves à l’école. Les deux cadavres étaient défigurés et avaient été jetés au milieu de la rue. Le cadavre de l’enfant n’avait plus d’yeux. Cette femme était venue dans notre école et elle avait insisté pour ramener son fils à la maison. Elle l’a mené à la mort». Samira a déclaré avoir vu des cadavres suspendus à des arbres et avoir vu des têtes décapitées, des enfants de moins de 20 ans. Elle a ajouté avoir vu plusieurs maisons dont les bosquets avaient été brûlés: «Je suis arrivée à notre ferme. Tout avait brûlé. Les cadavres de ma mère, de mes soeurs et de mon neveu étaient là. J’ai vu les bouteilles qu’ils avaient utilisées pour brûler les cadavres et les maisons. Je me souviens encore de l’odeur de la chair en train de brûler. Ils s’étaient vengés contre ma mère et mes sœurs, simplement parce que mes frères et mon père s’opposaient au régime. ».

« Certains des survivants qui ont pu se cacher dans les bosquets et qui ont survécu au massacre m’ont raconté les détails du meurtre de ma famille et comment leurs cadavres ont été brûlés. Ils m’ont dit que ma mère avait essayé de défendre mes sœurs et avait insulté un policier et l’avait agressé. C’est pourquoi ils ont riposté plus sévèrement contre ma famille ».

Abu al-Baraa, qui a pu fuir vers la périphérie du village alors que le régime syrien y pénétrait de force, raconte: «Je me suis caché dans un conduit d’eau toute la journée. Je suis rentré au village à la nuit tombée et j’ai vu ce qui s’était passé. J’ai vu des dizaines de femmes qui s’étaient rassemblées près de l’abattoir, près de la rivière Oronte. Elles essayaient de fuir car elles craignaient un autre massacre. Je me suis faufilé dans les maisons qui sont près de la mienne. Je suis entré dans une maison de la famille Khazzam où se trouvaient 18 cadavres. Tous étaient des femmes et des enfants. L’une des victimes était un bébé que j’ai trouvé à l’intérieur du poêle dans une chambre. Parmi les victimes, il y avait une femme enceinte dont le cadavre était criblé de balles ».

« La plupart de mes voisins ont été exécutés. La famille Za’rour, à elle seule, a eu 72 victimes, tandis que la famille Ghaloul a perdu 22 de ses membres, sans compter les victimes des familles al-Sahou, al-Mahbani, Dyab, Roumiya, Arafat, al-Tayyar et al-Qabouni. Tous les meurtres visaient des familles sunnites, tandis que les familles chiites et chrétiennes étaient épargnées. Certaines des personnes qui ont pris part au massacre et à cet abattage appartenaient à la famille chiite: al-Halabi, qui vit avec nous dans le même village. ».

Selon Abu al-Bara, la plupart des personnes arrêtées étaient des hommes qui sont restés dans le village: « Environ 200 personnes ont été arrêtées. Certains d’entre eux ont été libérés, tandis que d’autres se trouvent toujours dans des centres de détention. Il y a eu des pillages. Ils ont saisi des maisons et des voitures et j’ai appris que des viols avaient eu lieu dans la rue al-Basatin et à proximité de l’abattoir. ».

« Certains des survivants m’ont dit que le village avait été envahi par les Shabiha du régime, y compris les Alaouites et les Chiites, et que des combattants parlaient une langue inconnue ».

Mohammad est un combattant de l’opposition armée dans la banlieue nord de Homs et sa famille vit dans le village d’al-Haswiya. Mohammad déclare: «Notre village était complètement entouré de points militaires du régime. Il n’y avait qu’une sortie vers la banlieue nord de Homs. Nous avons essayé de faire de ce village un refuge sûr pour les personnes qui ont subi le déplacement interne. Et nous n’étions pas présents dans le village ».

Mohammad a raconté que sa femme et ses enfants avaient assisté au massacre alors que sa maison était pillée par des milices chiites qui ont battu sa femme et ses enfants et volé les bijoux: « Ma femme et mes enfants ont survécu, mais ils ont abattu mon neveu et mon cousin, ils ont perquisitionné chez ma sœur et l’ont violée devant ses enfants ».

Mohammad a déclaré avoir trouvé des cadavres jetés dans l’Oronte pendant un mois après le massacre. Ces cadavres ont été enterrés dans les villages de la banlieue nord de Homs: « Pas moins de 23 cadavres, dont trois femmes, ont été emportés par la rivière Oronte dans les régions d’al-Dar al-Kabra et de Ter-Ma’la. La plupart des cadavres ont été abattus d’une balle dans la tête, semble-t-il. J’ai pu identifier l’un des cadavres. Il s’appelait Abu Ryad et sa tête avait été brisée à l’aide d’un outil tranchant ».

Um Omar, une résidente du village d’al-Haswiya, a déclaré avoir vu un grand nombre d’hommes armés. Certains d’entre eux portaient un uniforme militaire, d’autres portaient des vêtements noirs et avaient un bandeau sur lequel était écrit «O Zaynab**». Um Omar a ajouté qu’ils transportaient des couperets et des fusils de chasse. De plus, Um Omar a confirmé que la majorité d’entre eux étaient des «Shabiha» (milices recrutées par le régime syrien).

Abu Ammar a déclaré avoir vu un certain nombre de cadavres après le départ de l’armée et des milices chiites du village. Certains des cadavres ont été brûlés, tels que ceux de la famille Ghaloul, qui a subi 17 morts, selon Abu Ammar. Ce dernier a réussi à survivre après avoir fui vers l’un des villages voisins quand il a appris que le village était encerclé: «Ils ont utilisé des fusils de chasse, des mitraillettes et des couperets pour tuer les familles, puis ils ont brûlé les cadavres. Les traces de violence haineuse étaient visibles sur les cadavres. Qui pourrait tuer de cette manière barbare? ».

……..

* Le RSDH a recensé au moins 57 massacres à connotation sectaire depuis mars 2011, dont 50 massacres perpétrés par les forces du régime syrien (voir le rapport complet en anglais).

** Hussein et Zaynab sont des figures de l’Islam Chiite.

Depuis 4 ans, les enfants sont une cible privilégiée du régime Assad

Mémoire de la Révolution

Il y a tout juste quatre ans, le 25 mai 2011, le corps mutilé de Hamza Al Khatib, 13 ans, a été rendu à ses parents.

Il y a tout juste trois ans, le 25 mai 2012, des dizaines d’enfants ont été égorgés à Al-Houla à Homs, les mains attachées.

Les enfants syriens continuent à être la cible du régime Assad dans le silence assourdissant de la communauté internationale, grâce aux délais successifs accordés à ce régime pour continuer ses massacres!!!

Aujourd’hui, plus de 17’000 enfants sont morts en Syrie depuis le début de la révolution, plus de 9’500 sont en détention et risquent de subir le même sort que Hamza al-Khatib (SN4HR)!

En ce mois de mai 2015, deux jeunes de 15 ans, Mahmoud et Mohamad To’emeh, deux cousins originaires de Baba Amr, ont été kidnappés à Homs et ensuite égorgés. Leurs corps ont été retrouvés dans une région pro-régime… Les témoignages laissent penser que les Chabbihas seraient les auteurs de cet acte barbare (Zaman al-Wassel).

Hamza al-Khatibe 13 ans, torturé à mort en mai 2011

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Massacre d’al-Houla, il y a tout juste trois ans, le 25 mai 2012:

Nous avons choisi de reproduire ici le témoignage de l’activiste Hadi Abdullah sur Al-Jazeera du 25 mai 2012. Hadi racontait son désarroi devant l’inertie des observateurs de l’ONU sous la direction de Kofi Annan pendant que les massacres se déroulaient à al-Houla. Nous rappelons ici que des familles entières ont trouvé la mort ce jour là de la façon la plus barbare (bilan : 130 morts dont 49 enfants). Vous trouverez également ici l’article paru dans Le Monde le 30 mai 2012 avec des témoignages des enfants rescapés:

Témoignage de Hadi Abdullah:

“Three massacres were committed in Hawla City, and more are being committed now 76 martyrs are confirmed in Hawla alone, and more than 300 wounded.
Hawla city has been under shelling for more than 12 hours.

Shooting started at a demonstration with bullets and artillery, and the shelling has not stopped for more than 12 hours.
Hundreds of missiles hit the civilian homes, causing hundreds of them to burn.

Assad thugs (Shabeeha) supported by the security gangs attacked the houses located at the edges of Hawla city, and committed field execution against the civilians, they slaughtered them with knives… most of the killed are children.

I called up to the UN monitors and begged them to come to Hawla , they promised to come tomorrow morning.
I asked the UN monitors to stop the shelling for only half an hour.

The UN monitors are sleeping now, while the massacres are being committed.

We used to count the number of martyrs, but now, we are counting the number of families slaughtered.
The whole world helps in killing the Syrians, not just the Syrian regime.

We have many martyrs and wounded that we could not reach because of the continuous shelling and the cut-off of electricity.

We are still discovering more massacres in the city.
The Syrian regime is now killing under the nose of the whole world and in the name of the UN monitors.”

The Source:

https://www.youtube.com/watch?v=qUGbdaZi8O0&feature=youtu.be

Depuis un an, Homs est une grande blessure dans le coeur des Syriens insurgés

Mémoire de la Révolution

FSD re-publie ici un article sur Homs en mémoire de cette ville martyre qui a été évacuée il y a tout juste un an… Homs a été reprise par le régime Assad suite à deux ans de famine et de siège imposés par ce régime barbare…Homs est aujourd’hui une grande blessure dans le coeur des Syriens insurgés!

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Depuis plus de deux ans, Homs, qui résistait au siège, aux bombardements, à la faim et au manque atroce de soins médicaux, est devenue le symbole de tout un peuple en révolte.

Homs centre des protestations

Homs centre des protestations

Aujourd’hui, l’évacuation des révolutionnaires de Homs assiégée, suite à l’accord signé entre ces derniers et le régime, supervisé par l’ONU, avec la présence de l’Iran et de la Russie, signifie la fin du siège et la mainmise du régime sur le centre de Homs et des quartiers adjacents. La présence de l’Iran et de la Russie dans ces pourparlers montre toutefois que cette résistance des Homsis, avec leurs moyens très modestes, face à l’armée d’un « Etat » , qui a duré plus de deux ans, était de taille pour le régime. En effet, ce dernier n’a jamais pu mettre fin au siège militairement et il a dû finalement accepter de laisser sortir les révolutionnaires armés, ainsi que les blessés.

Depuis le début du cessez-le-feu à Homs le 1er mai 2014, les Homsis vivent dans un calme apparent, lourd, étouffant, oppressant… Eux qui n’en pouvaient plus de l’ambiance de guerre et du bruit insoutenable des raids aériens, des scuds, des mortiers et des tirs de mitraillettes, se retrouvent soudainement écrasés par ce calme tant attendu, mais qui signifie pour eux la fin provisoire de la légende de Homs, ville symbole de la résistance absolue. Ils ont l’impression d’avoir momentanément perdu leur ville, cédée au régime soutenu par l’Iran et la Russie. Et ce sentiment est d’autant plus pénible que le régime et ses alliés tentent de mettre en place un changement démographique en important des chiites étrangers pour repeupler les quartiers de Homs.

Aujourd’hui, les Homsis sont tristes. Où qu’ils soient ils ont les larmes aux yeux et cette souffrance est encore plus dure pour ceux qui n’ont jamais quitté la Homs assiégée. C’est pourquoi nous avons choisi de traduire deux postes publiés sur la page facebook de Wiam Bedirxan Simav, une caméra-woman de Homs assiégée :

« Depuis le matin je me fragmente sur les pierres des rues et des quartiers de Homs…

Je ramasse les larmes de mon objectif, qui était devenu mes yeux, en la peignant comme un enfant qui a vieilli trop tôt.

La batterie est épuisée mais la douleur n’a pas pris fin.

La braise de l’attente n’a pas pris fin.

La peur, les incertitudes, le regard tourné vers le début d’un chemin inconnu jusqu’à cet instant.

Personne ne sait vers quel destin on se dirige, ni quand.

Les interrogations nous dévorent et ne laissent rien de ce qui restait de nous… Rien ! »

De Homs assiégée, mortifiée par les braises de l’attente de l’univers et par sa lâcheté amère, le 5 mai 2014.

« Adieu mes chers, adieu à vos âmes.

Pardonnez-nous Martyrs de Homs.

Nous n’avons pas le droit d’emporter des anges avec nous.

Que vos os puissent nous pardonner lorsque les chiens du régime ouvriront vos tombes »

De Homs assiégée, marquée par les adieux de l’univers et les fouets de la lâcheté amère de cet univers, le 6 mai 2014.

FSD

Noura Al-Ameer entre en grève de la faim pour dénoncer le déni de justice dont est victime le peuple syrien

Chronique de la Syrie

Depuis le 29.12.2014 Noura Al-Ameer, vice présidente de la coalition nationale syrienne, fait la grève de la faim en solidarité avec les centaines de prisonniers de conscience de la prison centrale de Homs. Ces derniers ont commencé leur grève de la faim le samedi 27 décembre 2014 pour dénoncer les injustices dans le traitement légal de leurs dossiers d’une part mais surtout pour revendiquer leur libération. Certains ont été condamnés sans même être présentés devant un juge, d’autres ont reçu des condamnations démesurées par rapport aux accusations qui se limitaient à la participation aux protestations pacifiques à Homs.

Noura Al-Ameer, responsable du dossier des droits humains et vice présidente de la coalition nationale syrienne.

Noura Al-Ameer, responsable du dossier des droits humains et vice présidente de la coalition nationale syrienne.

"Nous ne voulons pas de médicaments, nous voulons être avec nos familles et c'est notre droit", prisonniers de la prison centrale de Homs.

« Nous ne voulons pas de médicaments, nous voulons être avec nos familles et c’est notre droit », prisonniers de la prison centrale de Homs.

Noura Al-Ameer a elle-même vécu la détention en Syrie, dont une partie dans la prison centrale de Homs, elle a à cette époque participé à deux grèves de la faim dans cette même prison. Elle rappelle que plusieurs actions semblables ont eu lieu dans cette prison, suite auxquelles certains prisonniers sont morts et d’autres ont été privés de leur droit aux soins médicaux. Elle dit : « Il est très regrettable et même honteux que les organisations internationales des droits de l’homme comme les organisations politiques ignorent l’appel des détenus revendiquant leur droits les plus basiques et la justice face aux crimes qu’ils subissent de la part le régime syrien. ». Al-Ameer ajoute « Ma décision de faire une grève de la faim est motivée tout d’abord par ma solidarité avec les détenus de la prison de Homs, mais aussi pour passer un message à tous les détenus en Syrie leur disant qu’ils ne sont pas seuls dans cette souffrance. Mon action est également un message à la communauté internationale disant qu’il est inacceptable de garder le silence sur les conditions de détention inhumaines en Syrie. Elle est aussi motivée par l’injustice que subissent tous les Syriens qui vivent dorénavant dans une grande prison où qu’ils soient. Notre situation à nous autres n’est pas meilleure que celle des détenus à Homs, car tout le peuple syrien vit actuellement dans un monde devenu pour lui une grande prison obscure, où seule la loi du plus fort règne à cause de l’absence totale du soleil de la loi internationale et des droits humains ».

Al-Ameer dénonce l’inaction de la communauté internationale: « Il est nécessaire d’instaurer dès aujourd’hui une surveillance médicale dans les centres de détention et les prisons en Syrie qui sont utilisés comme moyens de pression pour mettre un terme à la volonté du peuple syrien d’exiger le changement du régime dictatorial. Il est urgent de mettre un terme aux crimes du régime Assad à l’encontre des détenus syriens et d’œuvrer pour que l’impunité cesse.»

Elle lance un appel urgent :

  • au CICR: pour qu’il supervise la situation médicale et légale des détenus en Syrie,
  • à tous les pays qui se proclament défenseurs de la liberté et des droits humains: de prendre une position morale face à la catastrophe syrienne,
  • à tous les syriens et à tous les amoureux de la liberté: de se joindre au mouvement de grève de la faim afin d’aboutir à la libération de tous les détenus d’opinion en Syrie.

FSD

Violences à l’égard des femmes en Syrie, 4e partie, Témoignage d’Eman

Genève, 25.11.2014
A l’occasion de la journée internationale de l’ONU pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes une conférence spéciale sur la violence contre la femme en Syrie devait avoir lieu à l’ONU le 25 novembre à 10h00 du matin. Les intervenants prévus étaient Noura AL-AMEER, vice-présidente de la coalition nationale syrienne et responsable du dossier des droits humains, Tarek KURDI juriste syrien en droit international et trois anciennes détenues : Alaa, Kenda  et Eman. La conférence devait dénoncer les violences que subit la femme syrienne de la part du régime Assad et de l’Etat Islamique (Daesh). Seule Noura Al-Ameer a pu se rendre à Genève, Alaa a elle été retenue à l’aéroport d’Istanbul et les trois autres intervenants n’ont pas pu obtenir de visa. Pour cette raison, la conférence à l’ONU a dû être annulée. FemmeS pour la Démocratie (FSD) a maintenu la conférence publique organisée le même soir, avec la présence de Noura Al-Ameer. Conférence soutenue par Amnesty International- Groupe Uni Genève, Mouvement pour le Socialisme (MPS), site alencontre.org, SolidaritéS Genève.
FSD publie ici les interventions de cette soirée en 5 parties:
1. Intervention de Noura Al-Ameer; 2. Intervention de Tarek Kurdi, par skype; 3. Témoignage de Alaa, lu ; 4. Témoignage de Eman, lu ; 5. Témoignage de Kenda, lu.

Partie 4/5

Eman, ancienne détenue, de Homs, 30 ans,
“Je me suis impliquée dans la révolution syrienne depuis son début, dans l’action civile et dans les manifestations pacifiques qui ont eu lieu dans le quartier d’al-Khaldia à Homs.
J’ai travaillé dans le domaine des soins médicaux et j’ai participé aux efforts d’aide à la population. J’ai participé à la distribution d’habits, de nourriture et d’argent aux déplacés, aux familles pauvres et aux familles de détenus et de martyrs.
J’ai été arrêtée une première fois le 24 juin 2012 pour une période de 3mois par les Chabbiha (connus actuellement comme “armée de défense nationale”), qui sont en fait des groupes de mercenaires dont le rôle est de réprimer les manifestations civiles pacifiques.
On nous a emmenées vers des destinations et des maisons dédiées spécifiquement à l’emprisonnement des femmes, on ne nous a pas emprisonnées dans les prisons du régime ou dans les centres de détention des services secrets. Les buts de notre détention étaient, comme les gardiens nous l’ont dit, de nous échanger contre rançon, de nous échanger contre d’autres kidnappées, ou de nous violer.
Pendant notre détention nous avons été torturées physiquement et psychologiquement d’une manière inimaginable, que je n’avais jamais pensé pouvoir exister.
Les gardiens utilisaient l’électricité, le harcèlement sexuel, ils nous brulaient le corps avec des cigarettes et de l’eau bouillante. On nous frappait aussi avec des câbles électriques et des tuyaux. Ils ont coupé nos cheveux, ils nous ont violées collectivement et à répétition. Ils ont aussi tenté plusieurs fois de nous noyer dans l’eau. Par deux fois j’ai eu de forts saignements vaginaux. J’étais très effrayée par les voix et les cris des autres détenues qui étaient continuellement et violemment torturées.

Violences atroces dans les centres de détention pour les femmes enlevées par les Chabbiha.

Violences atroces dans les centres de détention pour les femmes enlevées par les Chabbiha.

Ils ont tué notre humanité, nous avons perdu la volonté de vivre, nous appelions la mort chaque jour. J’ai vu des femmes brutalement déshabillées et violées. Les gardiens les violaient devant nous et les battaient violemment, pour certaines jusqu’à la mort. On laissait alors leur corps dans la même cellule pendant un jour, avec pour conséquence que beaucoup d’entre nous ont tenté de se suicider.
Les gardiens étaient de vrais monstres assoiffés de sang, de revanche et de volonté de tuer. Ils nous donnaient juste assez de nourriture pour ne pas mourir dans la journée.
Des maladies sont apparues parmi les détenues à cause des infections et des blessures laissées sans soins, les poux et la saleté s’ajoutant à l’eau et aux aliments contaminés que consommions ont dégradé notre santé et provoqué de nombreuses entérites.
Lorsqu’on m’a relâchée on m’a mise dans un conteneur d’ordures.
J’ai été arrêtée pour la seconde fois le 3 février 2013 par des brigades armées sectaires non-syriennes, et détenue pendant 10 jours, au cours desquels on m’a volé toutes mes affaires, et l’on m’a battue et fouettée avec des câbles métalliques. »

FSD

Lire aussi les trois premières partie de cet article:

Partie 1/5

Partie 2/5

Partie 3/5

Le terrorisme de Daech tout le monde en parle, le terrorisme d’Assad plus personne n’en parle

Contribution de FSD lors d’un séminaire à Zürich, le 11 octobre 2014

Actuellement et depuis la formation de la coalition internationale, les médias nationaux et internationaux parlent beaucoup de l’Etat Islamique (Daech selon l’acronyme arabe), de sa terreur et des frappes de la «coalition internationale». On a l’impression qu’il ne se passe plus rien, ailleurs, en Syrie.

Résumé de la situation en Syrie d’Assad actuellement :

Le régime-clan de Bachar al-Assad continue de bombarder les différentes régions de Syrie (gouvernorats de Alep, Idleb, Hama, Homs, Damas-Campagne et Damas, Daraa, al-Quneitra,…) en utilisant toutes sortes d’armes :

  • Barils explosifs (TNT avec fragments de métaux) qui causent beaucoup de destruction, font de nombreux blessé·e·s graves et multiplient les morts parmi les civils (partout Alep, Hama, Idleb, Homs, Damas-campagne, Daraa, al-Quneitra, etc.…). Ces engins de mort sont moins chers et de fabrication locale!
  • Missiles sol-sol. Ces missiles ont été utilisés depuis 2012 pour cibler Alep (au nord) depuis Damas (au sud). Actuellement ils sont toujours utilisés. Citons deux cas récents:

Le 8 octobre 2014, sur Al-Waer (quartier de Homs toujours assiégé), deux missiles sol-sol ont été lancés, l’un d’eux a touché un bâtiment d’habitation et a tué une dizaine de civils dont des enfants et plus de 40 personnes ont été blessées.;

Le 10 octobre 2014 al-Harra, à Daraa, a été ciblé par un missile sol-sol qui a tué une dizaine de personnes parmi les civils, dont des enfants.

  • Bombes à fragmentation. Ce genre de bombes cause beaucoup de dégâts et de victimes sans compter les dangers à plus long terme, car dispersés sur le sol les micro-explosifs blessent ou tuent des enfants qui les touchent ou des personnes qui marchent dessus. Le 10 octobre 2014 une bombe à fragmentation a été lancée dans la région d’Idleb.
  • Gaz, donc une arme chimique, continue à être utilisé à petite échelle, entre autres de la chlorine qui, formellement n’est pas incluse dans les «armes chimique». Tout indique qu’il reste des armes chimiques. Le 24 septembre, le lendemain des frappes de la «coalition internationale» (de fait, les Etats-Unis) en Syrie, Aadra (aux environs de Damas) a été touchée par du gaz mortel. Le 10 octobre, Handarate, quartier d’Alep, a été touché par du gaz mortel.
  • Mortiers et roquettes sont toujours utilisés… «sans modération»

Autres armes utilisées 

  • Les snipers, sont toujours en fonction et ce sont des tueurs professionnels.
  • Les Milices sectaires d’Assad et autres groupes étrangers sectaires sèment la terreur, comme le groupe libanais du Hezbollah, le groupe irakien d’Abou Fadl al-Abbas et les combattants des Gardiens de révolution envoyés par le pouvoir iranien.
  • Les enlèvements restent d’actualité.
  • Le siège des villes et des quartiers, la famine et les coupures d’eau. Nous citons ici particulièrement le camp al-Yarmouk, dans Damas, qui est privé d’eau depuis un certain temps. Ce quartier de Damas est initialement un camp de réfugié·e·s palestiniens qui s’est transformé, au cours des ans, en un quartier «urbain».
  • Les arrestations sont plus fréquentes que jamais. Le régime vise les activistes, leurs familles, les humanitaires, les journalistes. Il n’est pas rare de trouver des familles entières dans les centres de détention d’Assad. Prenons, ici, le cas de Racha: Racha, la trentaine, voulait fuir la Syrie pour mettre ses enfants à l’abri. Le 22 mai 2014, elle s’est rendue au bureau des passeports à Damas avec ses trois enfants pour obtenir les documents adéquats. L’aîné de ses enfants est né en 2010 et elle était enceinte de 7 mois. Elle a été arrêtée avec ses trois enfants ce jour-là ; et elle a donné naissance à des jumeaux en détention !
  • Le viol… est une arme de dégradation et d’humiliation terrible et est utilisée contre les femmes ainsi que contre des hommes…
  • La torture qui peut aller jusqu’à la mort. Citons ici le cas de Abdel Rahman FATWA, 26 an, vétérinaire, de Homs, mort sous la torture le 9 octobre après 3 mois de détention à Tartous. Avant lui, son frère Jamal, pharmacien, a subi le même sort en 2011.

Nous voudrions préciser que depuis la prétendue «réélection» de Bachar Assad (début juin, avec 88,7% des suffrages!) et le décret présidentiel d’amnistie générale qui s’en est suivi, 679 détenus ont trouvé la mort sous la torture … Donc, une «moyenne» de 5 par jour.

Il faut souligner un constat depuis le début de la formation de la «coalition», la violence du régime de Bachar al-Assad s’est beaucoup intensifiée.

Que pensent les Syriens de la situation actuelle?

Un journaliste a demandé quelle était la position des Syriens (vivant en Suisse) par rapport à ces frappes, mais aussi par rapport à Daech et ses exactions. La position des Syriens de Suisse n’est pas différente de celle des Syriens de l’intérieur ou d’ailleurs dans le monde. En une formule: «nous partageons la même amertume»

Bien que nous soyons absolument contre Daech et ses exactions, que nous dénonçons avec force, d’ailleurs nous n’avons pas arrêté d’organiser des mobilisations contre Daech et contre Assad depuis l’été 2013, nous ressentons aujourd’hui beaucoup d’amertume par rapport à l’intervention de la coalition emmenée par les Etats-Unis. Les raisons de notre amertume sont les suivantes, parce que la terreur d’Assad dépasse largement celle de Daech et malgré cela «on le laisse tranquille».

Nous constatons que tous les crimes contre l’Humanité, perpétrés largement et systématiquement par le régime syrien contre «sa» population, ne comptent absolument pas dans cette décision de frapper la Syrie. Même pas les 1500 morts par les armes chimiques à al-Ghouta!

D’ailleurs, Assad a assassiné plusieurs étrangers en Syrie sans aucune réaction de la part de la « communauté internationale ». Nous citons en particulier le cas du médecin anglais Dr. Abbas KHAN, chirurgien qui aidait à soigner les blessés à Alep, qui a été arrêté en novembre 2012 et exécuté par le régime en décembre 2013 dans un centre de détention à Damas. Avant lui l’assassinat des journalistes à Homs, le français Gilles Jaquier en janvier 2012, l’américaine Marie Colvin et le français Rémi Ochlik en fév. 2012, n’ont entraîné aucune réaction de ladite communauté internationale non plus. Douze journalistes étrangers ont trouvé la mort par les soins du régime Assad.

Il a suffi par contre que deux Américains, James Foley et Steven Sotloff, soient tués (de manière certes de plus inacceptable) par Daech pour motiver cette intervention, mais contre Daech seulement!

Personne n’a bougé pour protéger les civils en Syrie pendant plus de trois ans de répression sanglante avec aujourd’hui plus de 200000 morts! Nous avons l’impression que la communauté internationale ne «protège» que les individus de certaines nationalités (occidentales surtout) et reste impassible face aux massacres que subit tout un peuple. Mais aussi, il faudrait que le ou les criminels visés soient les bons… or on ne s’attaque qu’à Daech, mais pas au dictateur-assassin Bachar al-Assad et à son clan rapproché !

Quelques données chiffrées pour mesurer la gravité de la terreur d’Assad:

1°. Au cours du seul mois de septembre 2014, il y a eu 2’375 morts en Syrie dont 1707 civils tués à cause suite à la répression du régime Assad, dont 294 enfants. Alors que Daech a tué 350 personnes en Syrie en septembre, dont 120 civils.

Ceci pour dire que le nombre de victimes du terrorisme d’Etat, toléré par la communauté internationale, reste bien plus grand que celui de Daech.

Néanmoins, il est certain qu’il n’y a pas de bon ou de mauvais terrorisme. Cette comparaison a pour seul objectif d’attirer l’attention sur le fait que le régime Assad est tout autant terroriste, et depuis fort longtemps, que Daech.

2°. Dans cette situation, on a l’impression que la stratégie de la coalition est d’affaiblir Daech et de maintenir la «crise» en Syrie avec une sorte d’alternative institutionnelle au sommet. Y –a-t-il un projet visant à affaiblir l’Armée Syrienne Libre (ASL) ou à la mettre dans une situation encore plus difficile tout en la «contrôlant» (avec deux bases dites d’entraînement au Qatar et en Arabie Saoudite…avec des délais mal définis ; et sous quelles conditions ?

L’intervention en Syrie a été présentée comme des frappes accompagnées d’aide aux combattants modérés sur le terrain. A Kobané (à la frontière avec la Turquie) les civils meurent aujourd’hui et les combattants kurdes manquent de balles ! Personne ne bouge pour leur venir en aide ! Les USA viennent de refuser d’appliquer une zone tampon sécurisée… Alors qu’il aurait fallu appliquer une zone d’exclusion aérienne sur la Syrie tout entière pour stopper la mort par les bombardements aériens !

4° «On» s’attaque à Daech et «on» laisse les autres groupes terroristes tranquilles… Combattre Daech seule et laisser tranquille tous les autres groupes terroristes chiites (Hezbollah, milices irakiennes et iraniennes) nous paraît très douteux! Si ce n’est parce que des relations avec le pouvoir iranien sont en marche du côté des Etats-Unis et de certains de leurs alliés.

En effet, l’effet de la présence de ces groupes chiites est de transformer la lutte des Syriens insurgés contre la dictature en une lutte sectaire, confessionnelle! Ceci risquerait fort de pousser certains Syriens et autres secteurs de la régions à se tourner vers l’extrémisme confessionnel… Ceci va certainement augmenter le déchirement au sein de la société syrienne et va aussi contribuer à ancrer l’extrémisme et à augmenter des actes de terrorisme, partout dans le monde, peut-être.

Le combat contre Daech augmente la souffrance de la population syrienne en premier lieu

Jusqu’à récemment, les civils syriens étaient les victimes du régime Assad et de ses alliés, mais aussi les victimes de Daech. Aujourd’hui, ils meurent aussi sous les missiles américains et leurs conséquences collatérales! Le premier jour des frappes, plusieurs cas de morts et de blessés ont été recensés parmi les civils (y compris des enfants), en Syrie.

Le 29 septembre 2014, la «coalition occidentale et arabe» a frappé une usine de Gaz et un stock de céréales à Deir Ezzor laissant les civils sans pain et sans combustible pour cuisiner! Nous n’avons pas entendu dire que des avions américains auraient parachuté de la nourriture pour les civils là-bas en Syrie comme ce fut le cas en Irak le 7 août 2014 – dans le Kurdistan, au nord de l’Irak.

Sans oublier que le fait d’oublier le terrorisme du régime Assad, encourage Assad à intensifier la violence et la répression contre sa population, ce qui est le cas aujourd’hui !

Bilan

Plus de morts, plus de blessés et plus de famine… sans espoir de voir enfin quelqu’un s’occuper de protéger les civils en Syrie contre un régime qui n’a jamais arrêté la terreur contre la population depuis plus de trois ans.

Cela ne peut qu’augmenter le ressentiment des Syriens contre les pouvoirs en place aux Etats-Unis et en Europe occidentale.

Craintes des Syriens

Nous ne savons pas ce qui se passe en coulisses. Après l’annonce par la coalition qu’elle ne collaborerait pas avec Assad, ce dernier a annoncé qu’il considérait ces frappes comme une agression.

Ensuite, Assad a tout soudainement déclaré qu’il soutenait les frappes occidentales. La «coalition» va-t-elle vraiment aider l’ASL («modérée») et les combattants kurdes syriens sur le terrain? On peut douter de cela quand on voit la politique du gouvernement de Turquie, plus soucieux de «contrôler les Kurdes» et de les frapper que de les aider (ne serait-ce qu’en laissant aller des forces kurdes aller se battre à Kobané). Obama a annoncé récemment que cette aide prendrait du temps (6 à 9 mois) dit-il, pour préparer l’ASL…Alors que l’ASL se bat sur deux fronts – contre Assad et contre Daech – depuis plus d’un an. Soit bien avant les frappes de la «coalition».

Que veulent les Syriens insurgés ?

Ce que nous souhaitons aujourd’hui c’est que la «communauté internationale» prenne enfin des mesures sérieuses pour mettre fin à toutes les formes de terrorisme en Syrie : celui du régime Assad, de Daech, d’Hezbollah, des milices iraniennes et irakiennes. Cela pour protéger les civils et mettre fin à ce bain de sang. Et ça commence par clouer l’aviation syrienne au sol et fournir un armement contre les avions, hélicoptère et les chars…

Terrorisme d’Assad et terrorisme de Daech, analogies et différences

Daech et le régime Assad, règnent par la terreur et la barbarie médiatisées. Tout le monde a vu ou entendu parler des vidéos de décapitation des journalistes occidentaux. Avant eux Daech a crucifié et décapité publiquement des Syriens qui s’opposaient à lui. Des vidéos ont circulé sur les réseaux sociaux dont le but était de terroriser la population.

Avant Daech, Assad a organisé des massacres collectifs à l’arme blanche dans plusieurs localités en Syrie. Nous rappelons ici le premier massacre collectif en mai 2012 à al-Houla à Homs où des familles entières ont trouvé la mort. Le but est également de terroriser la population.

Dans les deux systèmes, un seul maître existe et est «adoré» (ou soumis à une adoration contrainte) comme s’il était un Dieu (Bachar pour le régime syrien et Baghdadi pour Daech). La population ne compte pas dans ces systèmes sauf peut-être pour y être soumise.

Ciblage des activistes, journalistes, médecins, humanitaires… pour empêcher toute forme d’activités constructives de la société civile.

Se dessine un objectif analgue : étouffer une révolution et détenir un pouvoir absolu !

Une grosse différence cependant entre ces deux formes de terrorisme

1° Assad terrorise principalement sa propre population. Si nécessaire, il n’hésite pas à tuer ceux qui, parmi les Occidentaux, aident la population syrienne… Cette forme de terrorisme est de moindre importance pour la «communauté internationale», ça se passe ailleurs, à la limite tout le monde s’en fiche. Tant qu’il ne s’agit pas «des nôtres»… Même si la durée de cette terreur dépasse les trois ans et demi…et la précédait sous d’autres formes moins visibles et moins amples.

Daech terrorise des populations sous son emprise (villes occupées, population qui ne se soumette pas à ses ordres), mais il suscite une crainte dans les pays occidentaux, et cela d’une façon très médiatisée.

Cette forme de terrorisme est beaucoup plus grave pour la «communauté internationale», car ça touche aussi, potentiellement, l’Occident !

C’est dans cette différence qu’Assad a trouvé dès le début les moyens de manipuler les opinions.

Stratégie et propagande d’Assad :

Etant conscient de cette différence importante, Assad a orienté sa machine de propagande dès le début des manifestations pacifiques pour s’acheminer vers la situation dans laquelle on se trouve aujourd’hui!

Il a accusé les manifestants d’être des salafistes (courant fondamentaliste, renvoyant au terme arabe salaf ; «ancêtre», «prédécesseur») dès la première manifestation en mars 2011. Afin de défigurer la révolution et de lui donner une couleur d’islamisme extrémiste. Cette propagande a été maintenue sans faille tout au long, même si elle n’avait aucune base sur le terrain au moins jusqu’à fin 2012,

Il a opté pour une répression violente, pas seulement contre les activistes, mais aussi contre leurs familles pour les pousser à prendre les armes, sachant que la résistance armée peut être plus facilement manipulée…

Malgré la violence, les manifestations sont restées pacifiques pendant six mois. Ensuite, les armes ont été utilisées d’abord pour protéger les manifestations et les lieux de protestation. Ensuite et suite à l’échec de la mission spéciale de l’ONU, conduite par l’ex-secrétaire général, Kofi Annan, en été 2012, l’offensive du régime a beaucoup augmenté. Il n’ y avait plus aucun choix possible de résistance pacifique.

Assad a annoncé à plusieurs reprises une amnistie générale… ceci depuis 2011. A chaque fois, il a libéré surtout des détenus islamistes fondamentalistes…

Il a ciblé particulièrement les journalistes, les activistes laïques, les Syriens et Syriennes, éduqués, cultivés et patriotiques qui pourraient aider à rassembler la population (ils ont disparu, ont été tués, détenus, ou été poussés à fuir…).

Mais également la violence et les massacres collectifs ont été orientés afin d’ attiser le sectarisme. Ces tueries ont ciblé particulièrement les sunnites, le plus probablement pour stimuler des réactions des islamistes.

Quelques points d’interrogation à propos de rapports entre Assad et Daech?

Ceux et celles qui connaissaient le rôle joué par Assad dans la manipulation d’al-Qaïda en Irak suite à la guerre américaine de 2003, peuvent cogiter sur son possible rôle dans le lancement de Daech en Syrie au printemps 2013.

Nous rappelons, ici, le cas de James Folley le premier journaliste décapité par Daech, ce qui a motivé (du point de vue de déclarations publiques) les frappes de la coalition.

James Foley a été détenu par le régime Assad dès novembre 2012, bien avant la naissance même de Daech (au printemps 2013). En mai 2013 encore, l’AFP a publié qu’il avait été enlevé par des milices pro-régimes et qu’il était entre les mains du service de renseignement à Damas. Et soudainement il se trouve entre les mains de Daech qui le décapite au moment même où Assad se propose comme partenaire pour la lutte contre le terrorisme. Une coïncidence. Ce dossier est bien évidemment connu des services d’intelligence des Etats-Unis.

Daech décapite d’une façon très médiatisée des journalistes et des humanitaires qui ne pouvaient pas rester immobiles et silencieux face à la catastrophe qui se passe en Syrie. Daech n’a jamais décapité un individu pro-régime d’Assad, jusqu’à tout récemment.

Ce qui est certain est que le régime ne s’en est jamais pris à Daech, et Daech ne s’en est jamais pris aux forces du régime, ceci jusqu’à la formation de la «coalition internationale». Tous deux s’attaquent, par contre, aux activistes et à l’ASL.

Aujourd’hui il est évident que les décapitations des journalistes ont soudé le monde entier dans une guerre anti-terroriste. Ainsi Assad et ses exactions ont été complètement oubliés. Et pire encore, peut-être même que la coalition cherchera-t-elle à l’avenir à collaborer avec lui dans le rôle du pompier pyromane, comme garant contre le terrorisme.

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En conclusion, on ne peut pas s’attaquer aux symptômes du terrorisme seuls… j’entends par-là Daech, et mettre entre parenthèses, ignorer l’origine même du terrorisme dans la région – et particulièrement dans sa base syrienne, j’entends ici le régime mafieux et criminel d’Assad.

(11 octobre 2014, Zurich)

Pourquoi on nous tue??? de Al-Waer à Homs

Chronique de la Syrie

Al-Waer, quartier de Homs assiégé depuis plus de dis mois, subit une nouvelle offensive militaire du régime depuis 10 jours environ. Le 8 octobre 2014 il a été ciblé par deux missiles sol-sol dont l’un a touché un immeuble résidentiel, ce qui a produit une dizaine de morts parmi les civils et une quarantaine de blessés! Ce quartier compte environ 300’000 habitants dont beaucoup de déplacés des quartiers de la vielle Homs!

Sauvez al-Waer

Sauvez al-Waer

Nous publions ici le témoignage de l’un de ses habitants:

Témoignage de al-Waer à Homs, le 13 octobre 2014

 Je ne sais pas comment exprimer avec des mots ce que nous vivons actuellement!

Nous les habitants de al-Waer depuis des décennies, moi j’y suis depuis 11 ans et certains de mes voisins depuis 15, 20 ou 30 ans.

Nous n’avons fait entrer dans notre quartier aucune personne armée. Ceux qui sont venus à al-Waer sont nos familles, nos frères et sœurs et nos amis qui ont dû quitter leurs maisons dans les autres quartiers de Homs. Nous n’avons couvert personne et nous n’avons laissé personne nous couvrir.

Pourquoi est-ce que nous sommes ciblés par ces bombardements ?

Chaque mort de qui que ce soit nous attriste, nous détestons la tuerie et nous refusons les morts collectives… Pourquoi on nous tue jour après jour? Pourquoi est-ce que c’est à nous de payer le prix de ce qui se passe sur le territoire syrien et même ailleurs qu’en Syrie ?

Nous aimons la vie et nous croyons au droit à la liberté pour tous les Syriens.

Nous n’avons plus de provisions, ni écoles, ni maisons abritées, ni vie normale… nous partageons le peu de pain, d’olives et de Za’tar qu’il nous reste.

Pourquoi on nous tue?

Nous n’avons bombardé personne, ni tiré sur personne et nous n’acceptons pas que l’un de nous tire sur quiconque.

Nous avons beaucoup d’amis dans les autres quartiers, en face d’al-Waer. Ils nous envoient leurs veux lors des fêtes et nous le faisons aussi. Parmi nos amis il y a Adnan, Ali, Georges, Mahfoud, Samir, Dib, Khaled. Nos amis et nous mêmes, nous avons des liens d’amitié et d’amour ensemble.

Pourquoi on nous tue ???

On nous tue au nom de l’Humanité, du Patriotisme, et même en ton nom, Dieu, on nous tue !

Pourquoi on nous tue ???

Abed- A. F.

Café littéraire pro-Assad

Chronique de la Syrie

Une annonce nous est parvenue récemment d’un café littéraire organisé par la médiathèque de St-Maurice à l’occasion de ses 40 ans, le 14 juin 2014. L’invité est Houssam Khadour, un « écrivain » et traducteur syrien, ancien détenu qui aurait passé quinze ans dans la prison centrale de Damas et qui a écrit trois livres sur sa détention (solitude, torture, exécution, etc.). L’un d’eux, La charrette de l’infamie, a été traduit en français et édité en Suisse en 2013. Nous nous y sommes rendus.

 La salle se remplit d’environ 30 personnes, l’écrivain est présenté par la modératrice. On apprend alors avec étonnement qu’il vient tout droit de Syrie pour ce café littéraire et un autre à Genève. Il remercie ses hôtes pour l’accueil chaleureux et le Flamenco organisés pour son arrivée. Nouvelle surprise, il est lui- même éditeur en Syrie!

 La modératrice lit des extraits traduits en français. La traduction est excellente, toutefois vide de toute émotion si l’on compare à d’autres livres d’anciens détenus d’opinion syriens. L’écrivain nous annonce qu’il a écrit ses trois livres pendant ses années de détention, puis les a édités en arabe en 2012, en pleine révolution! C’est étonnant! La réponse semble être qu’à Damas on peut publier ce genre de textes sans problème, preuve en est la vente de ses livres dans les librairies de Damas. « Il ne faut pas croire tout ce qu’on raconte » dit-il.

 Viennent ensuite les questions. A la dernière, qui lui demande de lier ses écrits à ce qui se passe en Syrie actuellement, il prend son temps pour prêcher la politique d’Assad :

  • « En Syrie, il faut combattre le terrorisme! » Il invite les citoyens à demander à leurs gouvernements de s’unir pour lutter contre le terrorisme… Il oublie que c’est le régime lui-même qui a semé la terreur en Syrie, en libérant certains extrémistes qui sont devenus des leaders de groupes terroristes, épargnés depuis par Assad, qui préfère lui s’attaquer aux civils.
  • « Il faut aussi lever les sanctions économiques », car c’est barbare d’appliquer de telles sanctions qui sont contraires à la loi internationale… Mais oui! Bien sûr! Mais est-il humain et approuvé par cette même loi d’affamer son peuple, d’arrêter et de torturer des enfants, de violer les femmes et de détruire les habitations des civils ?
  • « Il faut aussi arrêter l’industrialisation des réfugiés » et leur permettre de rentrer en Syrie… Vraiment ? Et qui a détruit leurs maisons, violé leurs femmes et leurs filles, et massacré leurs enfants ?

Et là on annonce la fin de cette rencontre, sans possibilité de contradiction.

Nous avons mené quelques recherches pour découvrir que Houssam Khadour, originaire du village de al-Qirdaha, le même qu’Assad, a le poste de décideur de l’association de traduction de la fédération des écrivains arabes, entité liée au régime de Damas. Il a semble-t-il pu publier un livre traduit en arabe en 1992, pendant sa détention! S’il est possible d’écrire dans certaines prisons syriennes, il est à peu près impossible d’en sortir ses écrits et encore moins de les publier. Aujourd’hui H. Khadour écrit dans la presse officielle du régime Assad !

Quelle déception! La Suisse, pays défenseur des droits humains offre une tribune à un propagandiste du dictateur le plus sanguinaire de l’histoire récente. On lui obtient un visa (et là déjà il y aurait beaucoup à dire), on lui paie sans doute son billet d’avion et on lui réserve un accueil chaleureux en Suisse, mais avant ça on édite la traduction de son livre tout en sachant qu’il est lui-même éditeur au service du régime syrien ! La traductrice, binationale française et suisse, est l’épouse de l’ambassadeur suisse à Damas rappelé en août 2011.

Faut-il rappeler une fois de plus que c’est l’aviation du régime Assad qui a détruit 85% de la ville de Homs, que le pillage de Homs assiégé a été orchestré par le régime, que la population du vieil Homs a été assiégée et affamée pendant plus de deux ans, que 40% de la population syrienne est aujourd’hui déplacée à l’intérieur ou vers l’extérieur du pays. Et les mêmes destructions ont eu lieu à Deir-Ezzor, à Damas-campagne, Alep, Daraa et Idleb.

Faut-il rappeler aussi que la torture dans les centres de détention en Syrie est abominable et prouvée et qu’elle n’épargne ni les enfants, ni les femmes; que dix mille enfants sont détenus en Syrie et y risquent leurs vies et que quinze mille enfants ont déjà trouvé la mort depuis 2011, qu’un demi million de syriens ont été blessés par les obus, barils d’explosifs et autres armes des forces du régime.

A ceux qui ne veulent pas venir en aide au peuple syrien, qui se soulève contre un régime barbare, nous disons: respectez au moins notre souffrance et ayez la décence de ne pas offrir une tribune aux prêcheurs du boucher de Damas ! On a déjà vu défiler les figures chrétiennes pro-Assad, comme la mère Agnès, venue en Europe prêcher le message d’Assad. Aujourd’hui on a assisté à une manipulation sur le thème de l’« ancien détenu repenti», ce serait grotesque si la réalité syrienne n’était pas aussi inhumaine.

FSD

 

La révolution continue!

A l’occasion du rassemblement à Lausanne, le 03.06.2014, pour dire non à la farce électorale en Syrie, la radio suisse romande à interviewé notre invité François Burgat, politologue spécialiste du Moyen-Orient.

Dans la presse Suisse:

Article de l’ATS paru dans l’Hebdo et Swissinfo.

Article dans le 24Heures

Lors du rassemblement, il y a eu plusieurs interventions. Nous publions ici celle de FSD.

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En Syrie Le régime célèbre aujourd’hui le semblant d’une démocratie dans un pays dévasté par une guerre menée par un dictateur sanguinaire contre sa population… une population qui continue à revendiquer liberté, dignité et démocratie.

 Les Syriens de l’intérieur craignent cette journée… ils ont peur de tout ce qui peut se passer… Sortir de la maison ou pas… aller voter ou pas… chaque choix pourrait avoir des conséquences sur leurs vies…

De quelles élections démocratiques parle-t-on lorsque les barils explosifs de l’aviation de l’armée assadienne continuent à détruire Alep mais aussi la vie de ses habitants ?

J’aimerais ici partager avec vous l’histoire d’un enfant d’Alep qui s’appelle Moustafa Arab. A l’âge de 10 ans Mousatafa, comme bcp d’enfants syriens aujourd’hui, travaillait pour permettre à sa famille de se nourrir. Moustafa allait tous les jours vendre des biscuits dans les rues d’Alep. Le 30 mai, alors que Bachar Assad se préparait à célébrer sa future élection comme président, l’un des aviateurs de son armée lançait les barils de la mort sur Alep… ce jour là le baril a touché Moustafa et a mis fin à sa vie.

 De quelle élections démocratiques parle-t-on lorsqu’on décompte plus de 330 morts sous la torture pendant le seul mois de mai, le mois des campagnes présidentielles bidons…

J’aimerais vous raconter l’histoire d’une jeune fille de Daraa, Ni’ma al-Qadiri qui s’était fait arrêtée en novembre dernier à l’âge de 16 ans lorsqu’elle passait un barrage de sécurité à Inkhel. Ni’ma a été alors torturée à mort et son corps a été rendu à sa famille en mai alors que Bachar Assad préparait sa future élection à la tête du pays sensé protéger ces enfants.

Aujourd’hui 9’000 enfants se trouvent tjs en détention et risque le sort de Ni’ma aujourd’hui et celui de Hamza al-Khatib en mai 2011.

Rappelons-le, 4,5 millions d’enfants syriens sont devenus réfugiés ou déplacés et dont la majorité a interrompu sa scolarité voir n’en a jamais eu.

De quelle élections démocratiques parle-t-on lorsqu’à Homs commence le pillage juste après le départ des révolutionnaires… Le pillage par les Shabbiha de toute une ville détruite à 85%, ceci sous le nez des habitants qui sont pressés de voir leurs maisons. Le pillage est organisé par les milices du régime alors que Bachar Assad préparait sa future élection à la tête de ce pays qu’il a détruit.

Je vous raconte l’histoire de d’une jeune femme et son père qui sont allés voir dans quel état se trouvait leur maison. Soudain ils voient arriver une camionette dans la rue et un groupe d’hommes en descend et arrive devant la maison du voisin. Ils commencent par démonter la porte et l’emporter. Elle leur demande d’arrêter ce vol. La réponse est qu’ils sont un groupe de déminage… lorsque le groupe finit le soit disant déminage, la maison est complètement pillée. Même les files électriques sont arrachés !

 J’aimerais juste poser une question à nos amis suisses:

Accepteriez-vous un président de votre pays qui le bombarde et le détruit ?

Accepteriez-vous un président de votre pays qui fait arrêter et torturer les enfants en toute impunité ?

 Accepteriez-vous un président de votre pays qui encourage le pillage organisé en toute impunité ?

 Assad est juste un assassin mafieux qui a donné les clés de la Syrie à l’Iran et à la Russie avec la bénédiction de la communauté internationale par son inaction… Le seul endroit ou il a sa place c’est la prison. Une court spéciale peut-être formée par une convention de seulement deux pays… qu’attend le monde occidental pour agir ?

Les Syriens continuent leur révolution malgré et contre tous… Vive le peuple syrien, vive la révolution…

Depuis Lausanne, la Révolution Continue!

Depuis Lausanne, la Révolution Continue!

FSD