C’est pour cette raison que j’ai dessiné la Martyre Rehab Alellawi

Rehab Alellawi, née en 1989, arrêtée le 15 janvier 2013, est morte sous la torture ou exécutée par le régime syrien dans les mois qui ont suivi son arrestation. 
Rehab était étudiante en Génie Civil à l’université de Damas lors de son arrestation. Elle avait participé aux manifestations pacifiques et elle avait été très active dans l’aide humanitaire des déplacés internes et des anciens détenus et leurs familles. 
La photo de son corps a paru parmi les photos de César (un ancien photographe de trois centres de détention de Damas, qui a fait défection en été 2013, et qui a fui la Syrie en emportant avec lui les photos de 11’000 morts sous la torture) qui ont été publiées sur une page spéciale de Facebook « Stand with Caesar: Stop Bashar al-Assad’s Killing Machine« .   
Le frère de Rehab, Aassem, avait été arrêté en mai 2011 et personne ne sait s’il est vivant ou si, lui aussi, fait partie des milliers de morts sous la torture.
Rehab Alellawi, étudiante universitaire arrêtée le 15.01.2013 et morte sous la torture

Rehab Alellawi, étudiante universitaire arrêtée le 15.01.2013 et morte sous la torture

Article de Lama Shammas, publié sur le site Zamane al-Wassel,  le 6 avril 2015, traduit de l’arabe par FSD:

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« L’Artiste Batoul Mohamad dit : C’est pour cette raison que j’ai dessiné la Martyre Rehab Alellawi »

« J’allais me coucher lorsque j’ai vu sa photo et lu son histoire. J’ai alors ressenti le besoin de mettre toute ma tristesse et ma colère sur le papier. Rehab Alellawi m’a frappée d’insomnie, j’ai donc pris un papier et un fusain. Publier la photo de son corps inerte ne me semblait pas adéquat pour préserver sa dignité et par égard pour sa famille dans le chagrin. J’ai voulu parler d’elle d’une façon symbolique pour aborder sa cause et celle des autres détenus qui ont subi le même sort avant elle, tout en respectant leur deuil». Ainsi parle Batoul MOHAMAD qui a retrouvé son envie de dessiner en voyant la photo de Rehab. et se décrit comme une artiste que la vie a éloigné de l’art, et que cette photo a replongé dedans.

La photo du corps de Rehab et son visage dessiné par Batoul. Source le site Zamane al-Wassel

La photo du corps de Rehab et son visage dessiné par Batoul. Source le site Zamane al-Wassel

Ce qui console Batoul c’est qu’un ami commun lui a transmis la reconnaissance de la mère de Rehab. Cette mère qui ne supporte pas de regarder la photo du corps de sa fille et qui préfère la voir dans le dessin de Batoul.
Batoul se confie à Zamane al-Wassel : « Lorsque j’ai vu la photo du corps de Rehab je me suis demandée et si c’était ma sœur ou une parente ou bien une amie proche ? Et si j’étais moi à sa place ? Quelles émotions ont envahi sa mère et sa famille quand ils ont vu la photo de son corps après deux ans de détention? Combien de Rehab se trouvent actuellement dans les sous-sols (des centres de détention en Syrie) et dont nous ignorons tout ? ». Elle décrit les sentiments qu’elle a éprouvés en regardant la photo du visage de Rehab après sa mort, pour le reproduire en dessin : « regarder le visage d’un martyr provoque un mélange de sentiments de tristesse, de colère, d’impuissance, de fracture et de fierté et c’est ce mélange que j’ai essayé d’exprimer dans ce dessin».
Batoul raconte que Rehab lui aurait confié lorsqu’elle dessinait son visage inerte que sa souffrance et celle des autres détenus mériteraient que cette révolution aboutisse en contre-partie. Et elle continue : « Rehab est le miroir qui reflète notre propre impuissance et notre manquement à notre devoir. Elle est une sonnette d’alarme qui nous invite à nous unir pour ceux qui sacrifient leur liberté, leurs rêves et leurs âmes pour notre liberté et nos rêves ».

Publié le 10/04/2015, dans Femmes de la Révolution, FSD, et tagué , , , , , , . Bookmarquez ce permalien. Poster un commentaire.

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